Allongé sur un canapé qui n'était pas le sien, mais qu'il avait fini par adopter avec le temps, Nestor s'ennuyait.
Enfin, c'était l'impression qu'il donnait, là, échoué sur le dos dans ce fauteuil trop long, ses ailes frôlant doucement et régulièrement le sol. Mais, en réalité, le cerveau du petit ange bouillonnait.
Les sourcils froncés, la mine grave et les cheveux en bataille comme s'il n'avait pas dormi depuis au moins trois jours, Nestor était dans un état déplorable. Pourtant, il n'était même pas au cœur de la problématique qui lui retournait le cerveau ; c'était Amaury le problème, voilà.
Le même Amaury qui lui vivait tranquillement sa vie, un pot de crème glacée parfumée au chocolat dans la main droite, une grande cuillère dans la main gauche, et des jambes qui le menèrent directement aux pieds de Nestor, là où il s'affala sans demander son reste.
"— Eh, commença l'adolescent en plantant son couvert dans sa nourriture, il se passe des trucs chelous en ce moment dans ma vie.
— Tu m'en diras tant...
— Non mais j'te jure ! Des fois, je passe de la cuisine à ma chambre sans faire le trajet qui sépare les deux, comme s'ils étaient reliés, continua l'ébène qui avait maintenant la bouche pleine, c'est trop chelou j'te dis. J'ai regardé sur internet, ça s'appelle de la déréalisation, c'est super grave en vrai.
— Pour l'amour de mon patron Amaury, ferme là.
— Et puis bon déjà que ma daronne pense que je suis fou parce que je te parle, faudrait pas que- attends, ça date j'ai pas vu ma mère en vrai, je l'ai même pas croisé une seule fois cette semaine !
— Peut-être parce qu'on est lundi ?
— Non mais on se comprend ! Je disais donc, faudrait pas qu'elle sache que ça va vraiment pas là dedans, elle serait capable d'accuser mon accident ! Et puis imagine qu'on me soigne et que tu disparaisses après !
— Parce que je te manquerai ?
— Ew, carrément pas. Non, c'est que bordel j'aurais vraiment parlé tout seul depuis plus d'un mois quoi, ça craint... D'ailleurs en parlant de craindre, ajouta Amaury en se resservant pour la vingtième fois au moins, tu crains de ouf, ça fait combien de temps que t'as pas bougé de là ? Tu sentirais pas toujours super bon, bah je suis sûr que tu puerais là.
— Seigneur, donne moi de la patience je t'en supplie...
— Non mais c'est vrai, même tes ailes elles tirent la gueule là..."
Et Nestor n'eût pas la force de répliquer. Il se contenta de soupirer, lassé, et de continuer à réfléchir, fixant la masse avachie à ses pieds qui finissait son pot de diabète solide.
"— Bon, balance, tu penses à quoi depuis trois jours là ?
— Rien qui te concerne. J'essaie juste de me motiver, j'ai une visite à faire, et quelque chose me dit que ça va pas être une partie de plaisir.
— Tu sais Est, des fois j'oublie que t'as la trentaine, et puis tu sors des expressions...
— Amaury, tais toi, vraiment.
— Bref, t'y vas quand, et tu vas où ?
— Bientôt malheureusement, et rien qui te concerne non plus.
— En revenant, finit Amaury en se levant, tu pourras passer au supermarché ? Y'a plus de glace au chocolat.
× [ ♡︎ ] ×
"— Tiens, un revenant. Domination numéro 7, que nous vaut l'honneur de ta visite ?"
Le menton relevé, les cheveux indomptables d'habitude étaient maintenant coiffés, les cernes camouflés et habillé dans un costard parfaitement repassé, Nestor passa en ignorant les remarques qui fusaient à son passage.
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Il l'a maudit 5 fois
Paranormal« Tu es mort comment en fait ? » « Il ne vaut mieux pas que tu le saches... » Amaury est un adolescent avec une vie qu'on peut qualifier de 'banale'. Un groupe de pote, une petite amie qui change toutes les semaines, une mère qui le surprotège...