Chapitre 3

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Kira

J'en restais pantoise. J'avais deviné son statut d'ange déchu, mais de là à imaginer qu'il possédait un rang aussi important dans la hiérarchie de Dankara.

Dans la capitale Hell, où nous nous trouvions, la population le considérait presque comme une star.

Brusquement, je me sentis stupide. Tous le connaissaient et savaient qu'il était doté de manières un peu excentriques, hors du commun, et qu'il se pavanait toujours aux côtés de splendides jeunes femmes et d'un serpent, telle une véritable procession royale.

Je pris conscience que je devais suivre plus attentivement les cours d'histoire politique du royaume. J'avais dû avoir l'air d'une parfaite idiote devant lui. Mon père avait raison. Je ne valais pas mieux que la reine des fées.

Il fallait absolument que je me rattrape. Je ne pouvais pas lui laisser une mauvaise impression. Et puis je l'aimais bien, alors en connaître plus sur lui me permettrait de ne faire aucune bêtise la prochaine fois que je le reverrai. Après tout il m'avait proposée de venir chez lui un jour. J'avais tellement hâte de découvrir son monde.

Je devais savoir.

- Mademoiselle, vous avez rencontré le Grand-duc Astaroth ? me demanda Ankou interloqué. C'était très rare de le voir aussi expressif.

- En fait, on a passé toute l'après-midi ensemble. Il était perdu.

- D'ailleurs à ce sujet, intervint Aaron, je dois m'éclipser. Il m'a ordonné de quérir un valet qui le conduira à Satan. Veuillez m'excuser.

Aaron s'inclina rapidement et prit congés.

- Dis Ankou, tu pourrais m'en dire plus sur lui ?

- Je vous trouve bien curieuse. Ce n'est pas souvent que j'arrive à vous intéresser à la politique, alors autant sauter sur l'occasion.

Il ferma le livre qu'il avait entre les mains dans un soupir, pour ensuite replacer sa chaise afin de se tenir parfaitement face à moi. Il s'installa plus confortablement et plaça ses mains sur la table en écartant légèrement les manuels qui se trouvaient sur son chemin.

- Alors que voulez-vous savoir ?

- Tout !

- Tout ?

Il ricana en montrant ses dents jaunâtres. Son haleine fétide me prit à revers.

- Il a dû vous faire une sacrée impression.

- Peut-être, me renfrognai-je.

C'était même tout à fait vrai. Je refusais d'admettre quoique-ce-soit face à lui. Je considérai cela comme de la faiblesse.

- Bien, alors tout. Voyons voir, par quoi commencer ?

- Par le début peut-être.

Il me jeta derechef un regard noir, ça ne lui avait pas plu du tout.

- Désolé.

Il resta un instant sans bouger. Il pesait sûrement les pours et les contres, afin de savoir s'il valait mieux qu'il se taise en me donnant ainsi une leçon de respect.

Assise en tailleur sur ma chaise je me mis à trépigner sur place.

- Lors de notre apparition dans ce monde, Astaroth était un ange très respecté. Androgyne, sans limite, il irradiait parmi les siens comme un idole. Par ailleurs, pour la petite anecdote de ce que je sais il vivait juste à côté de chez toi dans la Cité suspendue.

- Et alors ?

- Tu vas voir, ça a son importance. Il était parmi les tiens, un grand auteur de poèmes et de chansons. Cependant au bout d'un moment, il perdit l'inspiration, les chants de paix s'épuisaient devenant trop répétitifs. Il a toujours eu besoin d'originalité.

L'Île d'Hécate, Tome 1 : ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant