Chapitre 17

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Kira

Après des heures à avoir cherché des humains, pour nous passer les nerfs, nous revînmes bredouilles au camp. L'aube n'allait pas tarder à se lever, nous ne pouvions chercher plus longtemps.

Nous repassâmes la frontière comme nous l'avions fait à l'aller. L'air était pesant autour de nous.

- FAIT CHIER ! hurla Eligos martelant le sol de ses poings.

A quatre pattes, il frappa la terre de toutes ses forces, à tel point qu'elle trembla sous chaque coup. Les larmes commencèrent alors à tomber. Pas seulement les siennes, mais les miennes aussi.

Freyja s'accroupit près de lui, lui frottant délicatement le dos pour le consoler. Le Eligos de tous les jours en serait aux anges, mais pas là, pas après ce qu'on avait vu.

Aucun de nous ne lui en voulait d'être aussi démonstratif, même Sitri. Et pour ma part, j'aurais bien fait de même si cette nuit de vol ne m'avait pas épuisée.

En entendant un bruit de pas au loin, je relevai la tête. Le Roi Bélial, un ange déchu lui aussi s'avançait vers nous, suivi d'une suite de médecins et de messagers. Il posa son regard orangé sur chacun d'entre nous avant de revenir sur moi.

- Vous êtes la dernière équipe à revenir, et de ce que j'en vois vous devez être la seule à avoir trouvé quelque chose.

J'avais du mal à parler, mais je devais tout de même le faire. Il en allait de mon statut de chef d'équipe. Je pris mon courage à deux mains et commençai à lui faire un rapport détaillé des évènements de cette nuit, tandis que l'aube se levait dans notre dos.

- Et c'est le sang de quoi qui vous est monté à la tête pour que vous ne preniez pas la peine de réfléchir plus avant d'attaquer ? tonna-t-il réprobateur.

J'accusai le choc. Je me mordis alors les lèvres pour ne pas m'énerver ou éclater en sanglot. Je plantai mon regard dans le sien. Il parut surpris et esquissa un mouvement de recul. Je devais voir sa réaction quand je lui annoncerai.

- Ils prennent les licornes pour du bétail.

Au début, il me lorgna comme si j'étais folle, puis il fut pris d'une crise de rire, qui devint vite un rire nerveux.

- Vous plaisantez ?!

Après avoir prononcé cette phrase, son visage se fit plus sérieux, presque comme s'il me suppliait de mentir. Mais je ne mentais pas, il devait accuser la vérité. L'un des animaux les plus sacrés se faisait chasser par ces barbares.

- Je ne plaisante pas. Nous avons retrouvé un cadavre.

Je déglutis difficilement et repris.

- Il en manquait des morceaux. Je ne préfèrerais ne pas donner plus de détails sur son état.

L'horreur passa sur tous les visages. Peut-être que dans certaines cultures, on ne comprendrait pas, mais chez nous les licornes sont sacrées. Nous ne partageons peut-être pas les mêmes idées entre nations, néanmoins sur ce point nous sommes tous clairs, même les plus maléfiques. On ne touche pas à une créature aussi pure, elle fait partie de l'équilibre de la nature.

Nous aussi démons avons nos croyances et du respect, nous vénérons aussi des êtres. Nous sommes juste moins exubérants à ce sujet. Alors qu'on s'en prenne à une licorne, cela nous était intolérable. Il en va de même pour tous les êtres en osmose avec la nature, même Cernnunos.

Je n'osai même pas imaginer en plus ce que devait ressentir ceux qui avaient passé du temps à Aphélie et qui avaient côtoyé ces êtres magnifiques, comme Astaroth.

L'Île d'Hécate, Tome 1 : ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant