Chapitre 7

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Kira

Le sommeil se fit de plus en plus léger, et ... humide.

Sur mon visage, je sentis quelque chose de mouillé et de râpeux passer et repasser, couvrant chaque centimètre de peau.

Je finis par ouvrir les yeux tandis que la petite chose rugueuse me léchait le bout du nez. Il le remarqua et s'assit agitant vigoureusement sa queue, entrainant ainsi son arrière-train dans un déhanché endiablé dès le matin.

Je tendis ma main pour écarter sa gueule. Mais au lieu de ça, Zeno se frotta dessus à la manière d'un chat avant de passer sous mon bras pour se blottir en boule sous mon aisselle. Mon corps encore lourd se redressa. Instantanément, comme un signal, il vint se poser sur mes genoux son regard d'un bleu profond, plongé dans le mien. Laissant dépasser la langue de sa minuscule gueule, il était presque intenable, malaxant mes cuisses de ses pâtes.

- Tu veux sortir je sais. Je vais appeler Carissa.

Il s'assit en penchant la tête sur le côté. Oreilles basses, il leva vers moi un regard suppliant agitant par longue intermittence sa queue.

- Pas la peine de faire cette tête. Tu sais très bien que je n'ai pas le droit de sortir, râlai-je.

Il se redressa et sauta du lit pour renifler toute la pièce. Cela faisait près d'une semaine que nous y étions enfermés, enfin moi du moins. Zeno quant à lui avait eu tout le temps de guérir et commencer à grandir.

Au début, comme il était encore nourrisson, il me faisait plus penser à une grosse souris. Le lendemain, ses yeux s'ouvrirent dévoilant ses merveilleuses iris aussi sombres que la nuit. Au bout du quatrième jour, il finit par avoir l'apparence d'un chiot. Et depuis peu, je constatais deux embryons d'ailes sur son pelage noir corbeau.

Pendant mes jours de confinement, j'avais recherché dans les livres ce que pouvait être un Valraven. J'avais fini par trouver la réponse dans une encyclopédie, dont j'étais persuadée qu'elle faisait le même poids que moi.

L'ouvrant sur le sol, j'avais tourné les pages sans trop y croire jusqu'au moment où enfin j'avais fini par trouver. Il y avait seulement une page écrite sur eux, en elfique en plus, accompagné d'un dessin à l'encre. De ce que je compris, les Valravens étaient des créatures des régions plutôt froides. Mi-loup, mi-oiseau, ils étaient considérés comme des prédateurs hors pair dont il valait mieux se méfier. C'est pourquoi il y avait peu de sources. Pouvant prendre forme humaine, ils appâtaient leurs victimes en prenant un air innocent pour se repaitre de leur cœur. Je dois dire que sur le coup quand on comparait le texte, au petit être qui me fixait avec des yeux pleins d'adoration en s'agitant, cela pouvait prêter à confusion.

Dans la suite du texte, j'appris que les petits sortaient du ventre de leur mère de la taille d'un chat adulte. Et s'ils étaient trop petits, elle les abandonnait.

Zeno mesurait à peine plus qu'un chaton le jour où je l'avais trouvé. Il était marqué que plus tard, dans la période où il serait le plus meurtrier, il serait aussi gros qu'un pégase. Chose des plus hypothétiques, car je ne le voyais pas grossir autant. Je fis une moue des plus douteuse passant du livre à l'animal.

Je passais mon temps à me demander si les auteurs de ce bouquin savaient réellement ce qu'ils disaient. Je regardai la première de couverture pour voir qui avait pu écrire ça. « Bestiaire de l'ancien monde » de Hersée et Ze Grimm, la dédicace disait « livre d'un père et d'une fille ».

« Hummm, ils ne m'ont pas l'air très sérieux ceux-là » pensais-je sur le coup. Que pouvait bien être l'Ancien monde ? Je trouvais cela encore plus douteux.

L'Île d'Hécate, Tome 1 : ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant