17 août. 14h52.
46 cm et 3,340 kg.
Je te tiens enfin dans mes bras. Toi et ton petit corps fragile, pâle et tremblotant. Ethan en larmes ne peut pas détacher son regard de toi. Tu es magnifique. Tes yeux sont encore clos, tes petites mains s'agitent. J'avais peur de ne pas t'aimer, j'avais peur de toi. Je doutais. Mais dès l'instant où tu m'est apparue, chétive et noyée sous une masse de cheveux noirs et touffu, tout à disparu. Ma douleur s'est envolée, mes peurs ont fuient, mes doutes se sont éteints. Quand Ethan t'a prit dans ses bras, quand je vous ai vu tous les deux, ensemble, j'ai su que je ferais tout pour que vous ne me quittiez jamais. Ethan est affolé, plus heureux que jamais. Il ne fait que répéter que tu es parfaite, que tu es la plus belle des petites filles. Nous t'aimons déjà tellement, si tu savais. Tu es notre petite tempête.
Désirée Hope Torchio.
Tu portes le nom de l'espoir, le nom de l'amour et du désir. Tu es la plus belle chose qui nous soit arrivée, la matérialisation du véritable amour, le reflet de la pureté de notre passion. Tu es aimée, si aimée...
C'est étrange, de renter chez soi après avoir donné la vie. Ethan marche devant moi, les clés de l'appartement se balancent au bout de ses doigts avec un tintement métallique. Le silence règne. Désirée dort, bien lover dans son couffin. Je ne saurais décrire l'amour que je lui voue, à ce si petit être fraîchement naît. Je pourrais donner ma vie pour elle, sans trop savoir pourquoi. Je ne veux que son bonheur, alors qu'elle ne connaît pas encore cette notion. La rendre heureuse est devenu mon nouveau but, reléguant au second plan tout le reste. Toute l'appréhension quant à son arrivée a disparu, les soupçons qui la liaient à James sont morts. Elle est la fille d'Ethan, aucun doute là-dessus. J'en suis rassurée, même si dans le fond, j'en étais persuadée.
Les clés roulent dans la serrure, faisant se retourner le bébé. Ethan pousse la porte et nous sommes engloutis sous les cris. Le salon est plein. Victoria, Thomas et Damiano se ruent vers nous, des paquets dans les bras. Des cotillons jonchent le sol et des guirlandes en papier sont maladroitement accrochées un peu partout dans la pièce. J'en souris aux larmes, encore sous l'influence des hormones et de mon changement radical de vie.
- Alors ! Où est-elle ? On veut la voir !
- Je suis certain qu'elle est blonde, avance Thomas.
- Et moi, je pense que c'est une petite crevette brune, contre Damiano.
Petite crevette. Le terme est adapté. Désirée n'est pas très grande, pas très grosse non plus. Je suis certaine que ce surnom, le chanteur le lui donnera pendant longtemps.
- Elle dort, murmure Ethan avec une assurance nouvelle. Et elle n'est pas blonde Tom.
Le guitariste fait la moue. Je repousse l'habillage de la poussette pour dévoiler notre fille, encore endormie.
Les trois musiciens ouvrent de grands yeux, fascinés.
- Elle est magnifique ! Déclare Victoria en se précipitant vers la poussette.
Je dois la retenir par l'épaule pour l'empêcher de se jeter sur le bébé.
- Pas de doute Eth, c'est bien ta fille, lance Damiano en scrutant attentivement le bébé. Non mais tu as vu cette tignasse ? Elle a presque autant de cheveux que toi alors qu'elle a à peine une semaine !
Ethan secoue la tête en riant, visiblement touché par ce que constate Damiano.
- J'ai hâte qu'elle grandisse, elle va faire des ravages !
- Ce n'est qu'un bébé Tom, je soupire.
Mon bébé, et il est certain qu'elle brisera des cœurs. Dans 17 ans pas avant, je conclus en me rendant compte que le temps passera sûrement très vite.
- Elle sera comme sa mère, se moque Victoria en relevant la tête vers moi.
- Une véritable tempête, dit Ethan en posant sur sa fille un regard plein de tendresse.
Je ne me suis jamais senti attiré par la maternité, je ne voulais pas particulièrement d'enfant. Peut-être est-ce dû au fait que je n'ai pas eu une enfance heureuse ? Ou bien, je doutais de ne pas tomber sur la personne idéale ? Je m'étais imaginé l'arrivée de Dasy de mille et une façon différente. Je craignais le baby blues, les terreurs nocturnes et la vie post-partum. Je doutais de mes capacités de mère et j'avais peur de ne pas être à la hauteur. Mais Ethan à toujours était là, de la première seconde à la dernière minute. Il m'a tenu la main, à épongé mon front et m'a conforté avec des paroles pleines d'optimisme. Il a aimé Dasy avant qu'elle ne vienne au monde et il a pris son rôle de jeune parent très au sérieux. C'est un peu étrange, j'ai l'impression que nous sommes des enfants qui viennent d'en avoir un. Quand je nous vois ainsi, frivole dans le salon, avec Damiano qui débouchonne du champagne, Victoria qui saute partout et Thomas qui fait des grimace à notre fille ; j'ai l'impression que c'est dans ma tête. Que ça ne peut pas être vrai. Je veux dire, j'ai vingt et un an, je suis fiancée à un homme plus que talentueux, j'ai des amis en or et une carrière toute tracée. J'ai un bébé. Réaliser tout ça, prendre conscience de la vitesse à laquelle ma vie a changé, c'est époustouflant. Et terrifiant. Mes rêves d'hier et ceux d'aujourd'hui ne se ressemblent pas. J'ai délaissé ma fierté, perdue un peu de mon ambition ravageuse. Ma détermination n'a pas flanché, elle a juste changé de but. Je me sens plus adulte, sans l'être vraiment. J'avais peur de guérir de mes nombreuses blessures. Dans le fond, j'aimais entretenir mes plaies, à la manière d'un jardin de roses qu'on arrose. On a beau se piquer sur une épine, cela ne nous fait qu'aimer ces fleurs un peu plus. Le danger nous attire, la souffrance, même infime et rapide, à quelque chose d'excitant, de piquant. Ça nous rend vivants. La douleur nous rend vivants, humain. En guérissant de mes blessures, j'ai peur de ne plus être moi. Peur de devenir cette femme trop parfaite, toujours bien coiffée et qui éduque sa fille avec une sévérité laxiste. J'ai peur d'oublier d'où je viens, et ce que j'ai affronté pour obtenir ce que j'ai. J'ai envie de souffrir, envie de faire des erreurs et d'apprendre d'elles. J'ai envie d'imperfections, de désordre, d'aventure. Je veux être libre d'aller où je veux, j'ai envie de gâter ma fille, envie de changer perpétuellement. Je ne veux pas guérir, je veux m'épanouir, à la manière d'une rose au mois de mai. J'ai envie de sentir le souffle brûlant de la vie sur ma peau, envie de sentir chaque écorchure sur mes genoux. Je veux me brûler les ailes, quitte à perdre des plumes.
Désirée pousse un petit cri dans sa couchette, les yeux ouverts, dévoilant deux billes bleues. Ses glapissements amusent tout le monde, rependant une gaîté nouvelle. Victoria la prend dans ses bras, leurs regards se mélangent. Bleu azur contre bleu opalin. L'amour déborde dans la pièce, noyant tout le monde dans la félicité. Je suis certaine d'une chose : Davy sera heureuse. Elle sera aimée, plus qu'il ne le faut. Elle aura une grande famille, avec des parents aimants et des oncles et tantes de substitutions bien trop affectueux. Elle ne manquera de rien, et elle rayonnera. Je jette un regard par la fenêtre, le soleil brille. Les rues sont animées, parcourues par des touristes qui sont nombreux au mois d'août. Je porte mon regard au loin, envahis par la joie. Tout a débuté ici, dans cette rue alors que je cherchais mes clés. Tout à vu le jour dans cette ville, dans un quartier fréquenté. Tout s'est mis en place avec la plus grande des clarté, ici, sous le soleil de Rome.
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Sotto il sole di Roma
FanfictionPrête à tout pour poursuivre ses rêves, Evangéline a du mal à se laisser sombrer dans la tentation. Tandis qu'elle tente le tout pour le tout dans l'espoir de décrocher le job de ses rêves, elle perd le contrôle de sa vie. Les rêves pour lesquels el...