Chapitre 26

98 12 6
                                    

Trois semaines, c'est le temps qui s'est écoulé depuis qu'Ethan s'est envolé dans la nature. Ni le groupe ni moi n'avons de nouvelle, et ça me désole. Damiano prétend qu'il va bien et qu'il est parti voir de la famille tandis que Thomas est certain que le batteur n'a pas quitté la ville. Moi, la seule chose qui m'importe, c'est qu'il se porte bien et qu'il me revienne bientôt. Une fois de plus, Victoria fait tout son possible pour me soulager de ma conscience. Elle passe son temps ici, dans l'appartement avec moi pour tenter de me distraire. Je ne dors presque plus, mes nuits sont hantées par des cauchemars. Je maigris à vue d'œil ce qui inquiète la bassiste qui se soucie du bébé beaucoup plus que moi. Les deux garçons tentent eux aussi d'égailler mes journées, en me proposant des sorties que je décline à chaque fois. Les jours se ressemblent tous, je passe mon temps à ruminer, à pleurer et à somnoler pour combler mon manque de sommeil. Je n'aurais jamais imaginé que le manque d'un être aimé serai si douloureux, si mordant. J'ai l'impression qu'en partant, Ethan à emporter une partie de mon cœur, la plus grosse et la plus belle des parties. J'ai mille fois eu envie de tout laissé derrière moi, de perdre ce bébé et de tout recommencer mais Victoria m'en a dissuader. A croire qu'elle aime déjà cet enfant comme si c'était le sien. J'ai fini par abandonner l'idée de me faire enlever cet enfant, enivrer par l'optimisme et l'avenir reluisant que Victoria me dépeint tous les jours avec de nouveaux détails. Elle ne fait que me répéter que cet enfant va égailler ma vie et celle du groupe, que c'est un miracle et que je dois savourer la chance que j'ai de donner la vie. Étrangement, la perspective de donner naissance à un être et de vivre dans un miracle me paraît bien fade sans Ethan. Cet enfant, je ne l'aimerais que si LUI, il l'aime. Je ne peux pas l'élever seule, l'aimer seule, c'est impossible. Victoria m'a bien fait comprendre qu'elle serait là du début à la fin, qu'elle m'aiderait et qu'elle ferait tout pour que cet enfant s'épanouisse dans le bonheur. Elle m'a proposé d'être la marraine du bébé et j'ai accepté, n'aillant pas d'autre personne en tête. Thomas et Damiano ont tout de suite senti leurs egos faire surface et se sont eux aussi proposés pour être les parrains. N'aillant aucune envie de les départager, je leur laisse le soin de se partager ce rôle que tout le monde semble convoiter. Thomas m'apporte un bol de soupe et prend place à côté de moi sur le canapé que je ne quitte presque jamais depuis ces trois semaines. Il me tend le récipient fumant avec une infinie douceur et pose une main dans mon dos, comme pour m'inciter à manger sans crainte.

- Tu dois manger Evy, murmure le guitariste en voyant ma réticence. Autant pour toi que pour le bébé.

La mixture odorante à la teinte orange à l'air appétissante, je ne peux pas le nier. J'y plonge ma cuillère que je porte à mes lèvres. La chaleur de la soupe à quelque chose de réconfortant, d'apaisant. Thomas sourit et m'encourage à prendre une nouvelle cuillère, je m'exécute. Lui qui a toujours eu le rôle du petit frère dans mon cœur, voilà que les rôles s'inversent et que c'est moi qui me retrouve sous sa protection.

- C'est bien, m'encourage Thomas, j'étais certain que tu aimerais ma soupe.

Je lui souris.

- Es-tu en train de me dire que c'est toi qui la préparée ?

Thomas bombe le torse.

- Et avec amour en plus !

- C'est moi qui ai coupé les légumes ! Cris Damiano à l'autre bout de la pièce.

- Mais c'est moi qui l'ai fait cuire, se défend Thomas en criant à son tour.

Je ris, touchée.

- Cette soupe est très bonne les garçons, encore plus maintenant que je sais que vous l'avez préparé ensemble.

Victoria qui est assise en face de moi roule des yeux. Contrairement aux garçons, elle n'a pas besoin de me vanter ses talents de cuisinière. Elle déteste être aux fourneaux, ce n'est un secret pour personne.

Sotto il sole di RomaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant