PARTIE 1 : CHAPITRE I

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Un Poids de Silence

Au réveil, comme chaque matin, je ressentais cette lourdeur. Une amertume profonde qui me collait à la peau. Mais ce sentiment, il ne date pas d'aujourd'hui. Ce que je m'apprête à partager est l'histoire de ma vie, le chemin qui m'a mené là où je suis aujourd'hui, et peut-être là où je serai à la fin de cette histoire.

Ah, la naissance... Pour beaucoup, c'est un moment de bonheur, un instant inoubliable pour les parents, une promesse de joie. Mais peu d'entre nous réalisent que certains enfants naissent dans des circonstances où ils ne sont pas désirés. Il y a une différence entre naître aimé et naître rejeté.

Je suis né dans une famille aisée, mais un mois à peine après ma naissance, on m'a confié à un orphelinat. Pourquoi ? Même moi, je n'en sais rien. Ce qui est certain, c'est que cet orphelinat m'a entouré d'une noblesse d'âme et d'un amour que je ne connaissais pas encore. Là-bas, comme tous les autres enfants "déposés", voire "récupérés", j'ai trouvé un refuge. Pendant cinq années, j'ai été éduqué et chéri. J'étais joyeux.

Mais vous le savez sûrement, un orphelinat ne garde pas ses enfants pour toujours. À mes six ans, lors de mon anniversaire, la directrice, Madame Desi, m'annonça qu'elle m'avait trouvé une famille. Une famille qui, selon elle, m'aimerait encore plus qu'elle ne le faisait.

Un pauvre enfant sans voix, que pouvais-je dire ? J'ai été confié, ou plutôt donné, à cette nouvelle famille. Ils étaient si gentils, si attentionnés, que je ne pourrais jamais ternir leur nom. Comme tous les enfants de mon âge, je me laissais porter par cette chaleur parentale. Ce qui réchauffait encore plus mon cœur, c'était les visites hebdomadaires de Madame Desi. Elle venait chaque semaine me voir, et cela suffisait à me combler de bonheur.

Les années passaient vite, presque sans que je m'en aperçoive. À dix ans, je me sentais déjà grand, mature... du moins, c'est ce que je pensais. Mais au fond, rien n'avait vraiment changé. J'étais encore cet enfant qui profitait de ce qu'on lui offrait.

Dieu, dans sa grâce, m'avait doté d'une intelligence rare. À cette époque, j'étais en sixième, et j'avais déjà été le meilleur élève de ma ville plusieurs années d'affilée. Les études, pour moi, c'était un prolongement de moi-même. Et l'écriture, une échappatoire, une page de ma vie.

Puis vint un jour qui allait bouleverser ma réalité.

Mon père adoptif m'appela et me fit une proposition inattendue :

— « Ta mère et moi allons nous séparer. Ta sœur restera avec elle. Que dirais-tu de venir vivre avec moi en France ? »

Pour beaucoup, la réponse aurait été immédiate. Mais pour moi, c'était un véritable dilemme. Après tout, ni lui ni elle n'étaient mes véritables parents. Peu importe la décision, prendrait-on vraiment soin de moi ? Je lui demandai du temps pour réfléchir, et le lendemain, je lui donnai ma réponse : je resterai avec lui.

Un mois plus tard, nous étions à Paris. Vivre avec lui était plaisant, presque idyllique. Nous sortions, nous riions, et bien que lui et ma mère se soient séparés, ils continuaient de se parler cordialement. J'ai cru, naïvement, que cela durerait pour toujours.

Mais un an après leur divorce, mon père se remaria avec une Allemande du nom d'Elyona. Au début, elle était douce, gentille. Mais au fil du temps, son comportement changea.

Deux ans après leur mariage, mon père tomba gravement malade. Le diagnostic tomba : un cancer du foie. Et peu après, il s'éteignit. La tristesse m'envahit, mais plus encore, c'était la peur qui me rongeait.

Le jour de l'enterrement, tout le monde était là : sa première femme, ma sœur. Après les adieux, chacun partit de son côté, et ce fut la dernière fois que je les vis. Elyona, elle, ne tarda pas à montrer son vrai visage.

Elle commença à me parler d'héritage, d'enfants légitimes, de morts, et de tout ce que je n'aurais pas droit. Un jour, elle me regarda dans les yeux et me dit froidement :

— « Tu n'es pas l'enfant légitime de ton père. Tu n'auras rien. Ta vie sera misérable, et si tu te mets en travers de mon chemin, je serai impitoyable. »

Le mardi 12 février, elle entra dans ma chambre. Sans aucune émotion, elle me dit de quitter la maison avant midi. J'avais deux heures pour rassembler mes affaires et partir. À 12h pile, je quittai cette maison, sans jamais y revenir.

Le chemin de ma vie .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant