L'Adieu aux Ombres de l'Incertitude

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La discussion avec elle fut longue, mais sans soucis. Après cette conversation, nous vivions bien, même très bien. Je continuais à l'aider dans ses travaux et à son magasin. Bien que cette vie me plaisait, il était évident sur mon visage que je commençais à m'en lasser. Je ne voulais pas laisser paraître cette image devant elle, mais au fil du temps, je n'arrivais plus à le cacher. Je pensais même que madame commençait à s'en apercevoir.

Sans rien me dire, je sentais qu'elle essayait de me changer les idées, mais cela devenait vraiment compliqué. Je riais à l'extérieur, mais à l'intérieur, je m'étouffais.

En temps normal, j'aurais dû apprécier cette vie, compte tenu de tout ce que j'avais vécu auparavant. Mais je commençais à comprendre que ma vie, en elle-même, était vraiment différente des autres. Tout ce que je voulais, c'était vivre à ma façon. Ne pouvant plus supporter, j'en parlai au médecin de madame.

Son conseil était plein de sens, mais un dilemme se posait : comment annoncer à madame que je voulais partir ?

Nos liens étaient devenus si forts que j'étais certain que, si je lui disais, elle serait profondément blessée et pourrait ne jamais me pardonner, surtout qu'elle avait déjà vécu des traumatismes importants dans sa vie. Son mari, avec qui elle avait vécu près de 25 ans, l'avait quittée alors qu'elle attendait un enfant. Malheureusement, l'enfant ne survécut pas. Ce fut le début de ses épreuves. Maintenant qu'elle se sentait enfin bien, je ne voulais pas en rajouter.

Les mois passèrent, et mon mal-être empirait. Bien que j'avais ce dont j'avais besoin, j'avais l'impression d'être comme un prisonnier. Voyant que ma situation allait de mal en pire, je pris alors la décision de lui en parler.

Un dimanche matin, elle était dans sa chambre. Je frappai à la porte, et elle me répondit d'un ton chaleureux :

"Entre."

Je pénétrai dans la chambre, où elle était assise, lisant un livre. Le cœur lourd de tristesse et d'amertume, je commençai la conversation.

"Bonjour madame, comment allez-vous ?"

Elle leva les yeux de son livre et sourit légèrement.

"Ça va, merci. Que me vaut l'honneur de cette visite matinale dans ma chambre ?"

"Je voulais vous parler d'une chose qui me tracasse depuis un moment..."

Elle posa son livre et me regarda attentivement.

"Ohhh, vraiment, si tu veux me dire que tu veux t'en aller, je le sais déjà. Tu sais, quand on ne se sent pas bien, il faut en parler. Si tu veux partir, je t'accorde le chemin. Je ne suis personne pour te garder près de moi si tu ne te sens pas apaisé. Vas-y, vis ta vie."

Je la regardai, surpris par sa clairvoyance.

"Ohhh, merci, c'est vraiment gentil de votre part. Mais comment avez-vous su ?"

Elle soupira doucement, se levant pour se diriger vers la fenêtre.

"Écoute, malgré le court temps que nous avons partagé, j'ai appris à te connaître. Je sais quand tu ne te sens plus bien. En plus, j'ai vécu la même situation, donc je comprends."

Je la regardai, touché par ses paroles.

"Merci vraiment, madame. C'est vraiment gentil. Désolé de vous laisser tomber !"

Elle me sourit, un sourire mélancolique.

"Toutefois, avant de partir, j'aimerais que tu prennes cette petite pochette et que tu l'ouvres seulement quand tu auras trouvé le bonheur que tu cherches."

Je la pris délicatement dans mes mains, la remerciant une dernière fois avant de quitter la chambre.

En écoutant ses derniers mots, je me rappelai du message de monsieur Charles avant que je ne parte de chez lui, ainsi que de son cadeau...

Le chemin de ma vie .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant