Chapitre 22 : Sabots

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Alhena admettait que son idée n'était peut-être pas l'idée du siècle.

Dès que ses pieds avaient quitté le sol, elle avait eu le temps d'y penser pendant qu'elle chutait de 6 m dans l'eau.

L'impact ne se ressentit pratiquement pas, en revanche, l'eau sur ses blessures, si. Mais elle préféra serrer la gueule et lutter pour ne pas remonter à la surface. Il fallait qu'elle attende encore un peu, assez pour que l'odeur du sang disparaisse des environs.

Elle entrouvrit ses deux yeux et essaya de nager, aussi bien qu'un gros chien blessé pouvait le faire. Et lorsqu'elle ne tint plus, elle remonta à la surface pour respirer un gros bol d'air avant de plonger de nouveau. Il fallait qu'elle se déplace le plus loin de son point d'impact, même si elle était persuadée que le gobelin ne la suivrait pas. Enfin, cela restait une supposition.

Elle n'entendait rien, ne voyait presque rien et sentait à la fois le froid de l'eau et la brûlure de ses blessures. L'idée d'être dans le lac noir ne la rassurait pas pas tellement, ne sachant pas ce qu'il y avait en dessous. Mais c'était la meilleure idée qu'elle avait eue sur le moment.

Alhena continua de nager un long moment, reprenant des bouffées d'air de temps en temps avant de finalement rester à la surface pour observer. Elle était fatiguée, il fallait qu'elle sorte de là avant de couler pour de bons.

Donnant des coups de pattes dans l'eau, elle se propulsa le plus fort qu'elle pouvait vers la rive après la falaise.

Lorsqu'elle sentit les pierres sous ses pattes, elle se sentit soulagée et eut presque envie de se poser un instant, mais il ne fallait pas. Il fallait qu'elle sorte de l'eau, ou du moins qu'elle ait le moins possible immergé pour sécher un peu.

Pratiquement dehors, elle s'ébroua et se permit de se coucher un instant. Sa fourrure la gardait un peu au chaud, mais elle avait dû rester au moins une bonne dizaine de minute dans l'eau, son corps tremblait un peu. Elle ne sentait pas le froid avec ses blessures qu'elle espérait peu profondes, elle avait assez de cicatrices comme ça.

La pleine lune brillait encore dans le ciel, se reflétant dans l'eau désormais calme du lac noir. Et au loin, Alhena apercevait les lueurs du château, elle s'en était bien éloignée.

Profitant de ce spectacle et du calme, la louve ferma les yeux un court instant, juste assez pour se reposer même si cela pouvait paraître stupide. Son corps se démentit, mais ses oreilles se redressèrent aux bruits des galets s'entre choquant. Son corps fut en alerte et elle se redressa d'un seul coup et se retourna, prête à se défendre de nouveau.

Elle avait réussi à camoufler son odeur dans l'eau, mais dès qu'elle en était sortie, ses efforts avaient été vains.

Toutefois, cette fois-ci, le spectacle n'était pas le même...

Au lieu de se retrouver face à une créature hideuse, fine, sombre et obsédée par le sang. Elle avait devant elle trois êtres faisant le double, voir plus, de la taille d'Alhena. Ils se tenaient là, devant elle, sans faire le moindre mouvement, pourtant, c'était bien elle qu'ils observaient, arc à la main.

Plus tôt, elle avait pensé au fait qu'elle n'en eût jamais vu en vrai... Puis elle avait aperçu l'enfant. Désormais, c'étaient des centaures adultes qu'elle avait face à elle. Trois centaures. Trois mâles. Trois guerriers.

Les trois avaient des pelages différents. L'un était brun, un autre était noisette et le dernier était noir.

Bien que leurs armes soient pointées vers le sol, Alhena ne savait pas si elle devait prendre la fuite ou non. Un monstre, ça allait. Trois centaures, elle était fichue.

Le plus proche d'elle, celui au pelage brun, fit un pas vers elle. Mais la louve préféra ne pas bouger, ne voulant pas être perçu comme une menace.

"- Tu es loin de chez toi loup-garou, fit il d'une voix grave."

Les oreilles d'Alhena se dressèrent sur sa tête, elle releva un peu la tête et plongea ses yeux dans celui de l'hybride face à elle.

"- Plus aucune menace ne planera sur toi cette nuit, sois sans crainte."

Son visage est fier, avec des pommettes hautes et encadrées de cheveux noirs. Et son regard ne portait aucune trace de haine. Aucun n'allait l'attaquer et elle poussa un souffle de soulagement, s'ébrouant pour évacuer la tension dans son corps.

"- Suis nous loup, commença celui à la barbe noir plus impatient, nous allons te guider auprès des tiens. Cette créature ne reviendra pas."

Escorter, Alhena avança d'un pas hésitant le long de la plage de galets, plus dans la forêt. Observer tour à tour les trois centaures autour d'elle par curiosité et fascination.

Plusieurs minutes à marcher dans le silence, la louve sentait ses membres devenir plus lourds et la fatigue envahissait son esprit. Elle leva les yeux vers le ciel et eut soudainement un doute sur le chemin que prenait les centaures.

"- Nous te guiderons vers les tiens, la rassura le brun, nous n'avons aucune raison de nous en prendre à toi."

Les centaures semblaient comprendre ce à quoi pouvait penser la louve sans qu'elle ne puisse parler. Comme si un lien magique unissait leurs espèces.

La louve avait soudainement peur qu'ils l'emmènent plus profondément dans la forêt en la prenant pour un loup lambda.

"- Nous savons ce que tu es, continua-t-il. Nous savons que ta place est avec les humains.

- Un choix des plus incompréhensible, pesta celui à la barbe noir.

- Ce ne sont pas nos choix."

Cela faisait longtemps qu'on ne pouvait plus mettre Alhena dans la catégorie "humain". Pour le monde, elle était un hybride, un être mi Homme mi-animal. Des êtres qui recevaient de plus en plus de discrimination. On les considérait comme inférieures.

Un bruissement dans les feuillages fit sursauter la louve qui pensait à autre chose. Un râle et une silhouette noire fit s'armer de leurs flèches les centaures qui visèrent et tirèrent sur la créature attirée par le sang du loup-garou.

"- Baune, appela le centaure brun."

Le centaure noir acquiesça et fila au galop à la poursuite du Gobin, tirant ses flèches sans aucune hésitation.

La louve observa le spectacle impressionné par la puissance de ces animaux. Mais elle se demandait également pourquoi il l'aidait à échapper à cette chose. En général, les centaures ne prenaient jamais parti.

"- Nous savons ce que tu as fait, commença le centaure au pelage noisette avec une voix triste. Cette créature s'en prend aux faibles comme aux jeunes, et il y a de lourdes pertes. Mais il n'y en a pas eu cette nuit.

- Ronan a raison, acquiesça le premier. Tu as risqué beaucoup en sauvant l'un des nôtres, nous te serons éternellement reconnaissants pour cet acte de bonté dont tu as fait preuve. Merci loup garou.

- Ils ne s'en prennent jamais aux jeunes, continua Ronan, chaque créature de ce monde doit respecter cette règle."

Sous le son des sabots d'un cheval au galop, Bane fit son apparition. La créature était maintenant loin, ils ramenèrent la louve aux bords de la forêt avant de pouvoir la quitter. Chacun leur tour, ils s'enfoncèrent dans l'obscurité avant le centaure brun, ne s'arrête pour saluer Alhena.

"- Au revoir loup-garou, fit Ronan en regardant les étoiles, Sirius veille sur toi."

Imperium (en Pause À Cause D'une Phase Marauders Dsl)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant