Pluie de conseils

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Oui ! Je ne rêvais pas. Oui ! C'était bien réel, ce que je voyais de mes propres yeux. Oui ! C'était bel et bien Kadi qui revenait, sans doute, de notre rendez-vous que j'avais intentionnellement manqué pour une soirée folâtre.

Elle était là, figée comme une statuette. Elle était si abasourdie qu'elle ne pût rien dire. Le reflet de la claire et pleine lune faisait tristement scintiller ses yeux larmoyants.
En la voyant pleurer, je faillis céder. Je décidai alors de fuir son regard pour éviter tout remords. Ce qui ne m'empêchât point de chagriner encore plus.

Oh ! Comme j'aurais aimé pouvoir m'approcher d'elle ! Oh ! Comme j'aurais aimé la fixer amoureusement dans les yeux ! Oh ! Comme j'aurai bien aimé essuyer ses larmes mélancoliques !

« Avance, vas-y ! Suis ton cœur » me dicta mon côté droit.

J'eus à peine pris le pas que mon côté gauche me susurra :

« Où vas-tu ? Tu as déjà oublié tes résolutions ? Je te croyais homme,  Adama ! »

Et ce fut encore parti pour un duel entre mes deux côtés.

« Ne l'écoute pas. Être homme, ce n'est pas foncer la tête baissée pour une quelconque résolution mais plutôt prendre du recul, analyser la situation avec circonspection pour écouter les ondes sonores de son cœur », répliqua le côté droit.

« Écouter quoi ? Quel cœur ? Tu l'as suivi depuis tout ce temps et tu vois que cela t'a causé que des ennuis », se défendit mon côté gauche.

« N'oublie pas, Adama, tu avais promis d'être le baume qui apaiserait toujours son cœur. Tu avais fait aussi le serment d'être le mouchoir qui essuierait à jamais ses larmes. Si être homme c'est vraiment tenir ses promesses, en voilà quelques-unes que tu te dois à tout prix de tenir », attaqua mon côté droit.

« Quelles promesses ? C'est de l'histoire ancienne ça ! L'eau d'hier n'est plus dans la jarre, Adama, n'oublie pas, tu t'es juré de tourner cette page sombre de ta vie intitulée "Kadi" », riposta vaillamment mon côté gauche.

Face à ces deux avis incompatibles qui brouillaient tout dans mon entendement, je restai là, tête baissée, ne sachant que faire ni que dire.

« Qu'est-ce qui peut pousser un homme à faire des promesses intenables si ce n'est la douceur d'une femme ? Et qu'est-ce qui peut pousser ce même homme à oublier toutes ces promesses faites du jour au lendemain si ce n'est la tendresse d'une autre ? », pensai-je.

Alors, furtivement, je relevai ma tête en direction de Kadi. Qu'est-ce que je vis ? Les larmes de Kadi coulaient à flot et j'en fus terriblement affligé. Sur le champ, je me retournai de l'autre côté où le visage tout heureux et souriant de Nathalie m'éblouissait agréablement.

« Oh la vie ! Quel dilemme ! Que faire ! Eh Allah, que faire ! », maugréai-je.

Je fus comme piqué dans le cœur par une aiguille. Mon corps devint soudain scindé en deux : une partie qui ressentait la chaleur de l'enfer et une autre dont la fraîcheur était similaire à celle du pôle nord.

« Quelle douleur ! Quel sentiment ! Quel chagrin ! Pauvre de moi... », grommelai-je.

L'espace autour de moi, que j'avais vu il y a quelques minutes en grand, s'était rétréci en un tout petit point dans mon cœur. Mon esprit, par empathie, s'efforçait de concevoir les faits mais la douleur était si forte que le cœur ne pouvait collaborer.

« C'est fini, Kadi, c'est trop tard », me dis-je en explosant mon propre cœur de chagrin.

« C'est fini pour de bon, comme de l'eau versée, malheureusement », murmurai-je en la fixant.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 27, 2022 ⏰

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Le retour au bercailOù les histoires vivent. Découvrez maintenant