Chapitre XII - "Il est du sang de Benjen Stark"

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- Je savais que je vous trouverai ici.

Jeyne tourna le regard vers sa Septa, qui avait franchi péniblement les dernières marches du grand escalier en colimaçon de la bibliothèque. Depuis leur dernière rencontre, le jeune Loup l'avait enfin autorisé à quitter ses appartements. La punition levée, elle s'était de suite précipitée jusqu'à la tour de la Librairie, persuadée qu'elle y trouverait un certain réconfort, tout en restant éloignée des Stark. Désormais, elle ne retournait dans sa chambre que pour y dormir et manger. La plupart de son temps, elle le consacrait à la lecture, lui permettant ainsi de noyer sa peine à travers les chapitres de ses romans préférés.

- Comment allez-vous, Septa ? demanda-t-elle, un triste sourire sur les lèvres.

- Je suis peinée par les tristes évènements et je partage votre inquiétude, Madame.

Et comment. Septa Églantine avait gagné son pain à la sueur de son front pour l'éducation des enfants Lannister. Des caprices de Cersei aux nombreuses escapades de Jaime, Jeyne n'oubliait pas que sa nourrice avait donné tout son amour pour Tyrion avant sa propre naissance. Sûrement qu'elle devait être inquiète...

- Pourtant, j'ai bon espoir. Votre frère n'a pas la force de son aîné mais il ne tombera pas facilement, soyez-en sûre.

Les paroles de sa Septa lui allèrent droit au cœur. Elle lui sourit tendrement, et reprit ses fouilles à la recherche d'une perle rare.

- Il paraît que vous vous êtes proposée pour être son champion ?

Jeyne sentit toute la malice de Septa Églantine derrière sa déclaration. Elle les connaissait mieux que personne.

- Cela vous surprend-il ?

- Pas le moins du monde, déclara la vieille femme, qui alla s'asseoir sur une chaise en bois. Comment ont-ils réagi ?

- Bêtement.

Jeyne entendait encore les moqueries qui avaient inondé la Grande Salle après ses aveux. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Les femmes de ce monde ne portaient pas la couronne, et n'allaient pas combattre sur le champ de bataille. Les seules à y être parvenue avaient vécu des centaines d'années en arrière et chevauchaient des dragons. Rhaenyra Targaryen, Reyne d'une Demi-Année, Visenya Targaryen, première reine des Sept Couronnes, Jeyne Lannister, elle, n'était née que pour se marier et enfanter.

- J'ai peur Septa. Peur des conséquences qui pourraient arriver si mon frère venait à mourir...

Troublée, elle se retourna vers sa nourrice, les mains tremblantes. Cette dernière se leva et vint réconforter sa petite princesse dans une étreinte maternelle. Elle lui caressa le dos en y faisant de légers ronds répétitifs. Un geste tendre, qui avait toujours su soigner les maux de la jeune fille.

- Si le pire venait à arriver, vous ne serez pas au cœur du conflit, Jeyne. Il y a dans ce monde, des personnes qui donneraient cher de leur vie pour vous protéger. Votre père, vos frères. Même ici vous avez réussi à vous faire aimer du jeune Seigneur et des membres de sa famille, lui dit-elle de sa voix douce et profondément aimante.

- Vous vous trompez, Robb me déteste. Si nous sommes encore ici, c'est seulement par pur enjeu politique, répliqua-t-elle, froidement.

- Et quand bien même, ce n'est pas un imbécile. On ne déclenche pas une guerre seulement pour le plaisir de la faire. Il cherchera à l'éviter autant que possible.

Jeyne lui donna raison, et hocha la tête pour se convaincre des paroles de sa nourrice.

- Madame, vous êtes restée trop longtemps dans cette pièce. Venez avec moi.

"Jenny of Oldstones"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant