Chapitre XIX - "Je ne peux pas les laisser s'entretuer"

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Jeyne avança péniblement jusqu'à la monture de Robb, déterminée à lui faire ses adieux malgré les événements de la nuit passée. Dans le campement, les soldats s'affairaient à se vêtir de leurs armures, à préparer leurs chevaux, et à aiguiser leurs épées, dans un silence troublant. Même les plus drôles s'étaient retenus de divertir leurs camarades. Ils partaient en guerre. Et partir en guerre, signifiait pour certains qu'ils ne retrouveraient jamais la chaleur de leur foyer, ni ne se verraient étreindre de nouveau par leur famille. La jeune lady brava la pluie battante et trouva son époux l'épée au fourreau, fin prêt à en découdre avec le « Régicide ». Il portait sa traditionnelle armure en cuir teint et huilé. Non loin, Vent-Gris patientait calmement que son maître engage les troupes.

Tuer Jaime ne ramènera pas tes sœurs vivantes à Winterfell, Robb.

Le jeune loup leva un regard surpris dans sa direction.

Promets-moi de le ramener en vie.

Il se rapprocha doucement de Jeyne, et frictionna tendrement les mains nues et glacées de sa femme.

Je t'ai pourtant offert des gants en cuir, pourquoi ne les portes-tu pas ? lui demanda-t-il sérieusement.

Ne change pas de conversation, râla-t-elle, agacée par son comportement.

Je ne peux pas te faire une promesse que je ne suis pas sûr de tenir, Jeyne.

Bien sûr que non, et elle le savait. Elle ne connaissait pas d'homme plus honorable que Robb Stark. Elle ferma les yeux tristement, et enlaça l'homme qu'elle aimait éperdument. Il répondit à son étreinte, et lui embrassa le haut du front.

Tu lui ressembles beaucoup tu sais ? se confia-t-elle.

À qui ?

- Mon frère.

Il mit un terme à leur embrassade pour pouvoir plonger son regard dans ses prunelles émeraudes.

Vous êtes tous les deux les aînés de votre maison, se justifia-t-elle. Vous êtes justes et courageux, et vous avez hérité d'un esprit combatif et stratégique. Je n'ai pas encore eu la chance de croiser ma lame contre la tienne, mais je suis persuadée que tu es aussi prodigieux que lui.

Elle lui offrit un tendre sourire espérant au plus profond de son être que lui dévoiler leurs points communs lui ferait ainsi renoncer à la mise à mort du fils aîné de Tywin Lannister.

Peut-être que si les choses s'étaient déroulées autrement, j'aurais pu m'entendre avec lui.

Il l'embrassa tendrement, et monta prestement sur sa jument. Vent-Gris se rapprocha du couple, et Jeyne en profita pour couver l'animal de baisers.

Fais-attention à toi, mon grand.

- Quand cesseras-tu de donner plus d'importance à mon loup qu'à moi ?

Jeyne leva les yeux au ciel devant l'immaturité de son époux. Ce même homme qui s'apprêtait à engager le combat face à la férocité du lion. Il ne cesserait jamais de l'impressionner.

Je ne t'ai pas pardonné pour hier soir, lui rappela-t-elle froidement.

Je sais...

Il détourna son regard d'elle, une fois de plus anéanti de n'avoir pas réussi à la préserver du mal.

Nous en reparlerons à mon retour. Je te le promets.

- Je croyais que tu ne faisais pas de promesse que tu n'étais pas sûr de tenir.

Un sourire taquin s'échappa de ses lèvres, auquel elle répondit amoureusement. Il lui tourna finalement le dos et Robb, suivit de son armée, partit mener sa première bataille.

"Jenny of Oldstones"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant