"Jenny of Oldstones"

Chapitre XV - "Ils arrivent"

- Jeyne ?

Perdue dans ses pensées, Jeyne ralentit son pas précipité et se tourna vers Bran. Elle n'avait pas prêté attention à la conversation qui s'était installée entre le jeune garçon et Hodor.

- Penses-tu qu'elle va parler ?

L'enfant avait insisté pour l'accompagner visiter la sauvageonne depuis son arrestation dans le Bois-aux-Loups. Si son frère avait hurlé qu'il n'en ferait rien, Jeyne n'y avait vu aucun inconvénient. De plus, la présence du géant ainsi que d'Été à ses côtés était plus que rassurante.

- Il vaut mieux pour elle. Je doute qu'elle ait envie de passer le restant de ses jours enfermée dans un donjon et entravée par des fers.

- Hodor ! s'exclama l'arrière-petit-fils de Vieille Nan, qui semblait approuver ses paroles.

Jeyne laissa échapper un léger sourire et monta l'escalier en colimaçon qui menait jusqu'à la cellule de la sauvageonne. Robb ainsi que Viggo avaient déjà tenté de la faire parler, en vain. Qui d'autre qu'une femme pourrait réussir à cette tâche ? Intriguée par leur précédente altercation, Jeyne avait de nombreuses questions à lui poser. Venir aujourd'hui pour la soudoyer était donc son idée.

Arrivée en haut des marches, elle attendit qu'Hodor, Bran ainsi que les deux gardes venus les escorter, ne la rejoignent avant d'ouvrir la porte de la cellule. Ils trouvèrent la femme, assise dans un coin de la pièce, emmitouflée dans une cape en fourrure. Jeyne ressentit le froid glacial traverser ses vêtements. Elle tenta de distinguer les traits blafards de la sauvageonne, mais le manque de luminosité ne lui offrit pas cette possibilité. Et après ils s'étonnent de ne pas réussir à lui décrocher deux mots ?

- Gardes ?

Les deux soldats lui firent front, attendant ses directives.

- Vous pouvez nous attendre dehors.

- Madame, c'est impossible. Le Seigneur a dit que...

- Nous ne risquons rien ici, poursuivit-elle d'une voix assurée.

Elle tourna son regard vers Été qui trônait aux côtés de son jeune maître, confortablement installé dans les bras d'Hodor. Les gardes suivirent son regard, et ils hochèrent la tête acceptant les consignes de la nouvelle Dame de Winterfell. Ils quittèrent la pièce et laissèrent Jeyne, Bran et Hodor, seuls avec la prisonnière. Sur ses gardes, Jeyne s'avança prudemment vers l'Étrangère pour la voir de plus près. Son apparence androgyne et le peu de poitrine dont elle était pourvue auraient pu remettre en question sa nature de femme. Mais c'était sans compter sur la présence de sa longue chevelure hirsute, qui masquait ses yeux sombres et assassins.

- Nous venons en amis, lui déclara-t-elle. Nous aimerions comprendre d'où tu viens.

La prisonnière releva ses yeux dans sa direction et s'attarda longuement sur les deux visiteurs, derrière elle.

- C'est un géant ? les questionna-t-elle, étonnée.

- Semi-géant, précisa Bran.

- Hodor, répondit fièrement l'intéressé.

Jeyne pouvait sentir dans son regard que ce n'était pas la première fois qu'elle en voyait un. Sa réaction était loin de ressembler à la sienne lorsqu'elle avait vu Hodor pour la toute première fois.

- Tu en as déjà vu, n'est-ce pas ?

- Des géants ? Bien sûr que j'en ai déjà vu, cracha-t-elle, agacée. Ils sont nombreux à vivre au-delà du Mur.