Prologue
- Gunther ! Gunther ! J'ai trouvé ! J'ai trouvé la formule ! Nous pouvons maintenant créer l'Élixir-P ! s'écria la brillante et ravissante Méléisse.
- Non ! Non ce n'est pas vrai, ce n'est pas possible !
Gunther peinait à croire ce que Méléisse lui racontait, et pour cause cela faisait plus de 10 ans désormais qu'il recherchait la combinaison de produits qu'il leur permettait de créer ce fameux « Élixir-P » comme ils l'appelaient. L'Élixir de la Puissance. Et son père depuis plus longtemps encore, depuis une trentaine d'années. C'était lui initialement qui avait fondé leur groupe, les Jouvenkus, un nom qui rappelait la jeunesse ardente et puissante. Mais son père était mort maintenant. Il l'avait tué. Il commençait à devenir trop autoritaire et trop sûr de lui. Alors que Gunther, lui, voulait régner seul - ou avec Méléisse peut-être - mais certainement pas en tant que subordonné de son père. Il voulait être le plus grand, le plus puissant. Qui n'en avait jamais rêvé ? Aujourd'hui, Méléisse avait trouvé la formule, il n'en revenait pas. Ce produit avait des facultés extraordinaires : il permettait de décupler la force à la fois physique et mentale puisqu'il autorisait une plus grande résistance à la douleur.
À seulement 26 ans, Gunther détiendrait avec Méléisse un Élixir leur permettant de se constituer une petite armée de partisans. Quand on promettait la gloire et l'or aux Hommes, ils refusaient rarement. Mais ils ne pouvaient pas encore prendre le risque de se constituer une trop grande armée, avec les capacités que l'Élixir-P permettait. Le risque de rébellion serait bien trop dangereux. Non. Ils attendraient. Une fois l'Élixir-S constitué, ce risque n'existera plus. Car l'Élixir-S était celui de la Soumission, de l'obéissance pleine et aveugle. Combinée à l'Élixir-P, ils seraient les maîtres du Monde, plus personne ne pourrait échapper à leur volonté.
Mais en attendant, ils se contenteraient d'un petit nombre de partisans fidèles. Ils devront sûrement, pour certains subir un petit endoctrinement mais c'était pour leur bien et surtout, pour celui de l'Humanité.
Une fois les deux Élixirs réunis, le monde se mettra à leur service et ils le gouverneront pour une société Idéale et égalitaire. En mettant fin à tout ce qui contribue à rendre faible la nature humaine.
Aux anomalies mentales et physiques qui sont un poids pour la société.
Aux croyances et aux religions qui donnent à l'Homme un modèle de Justice et de Vérité au-dessus de l'échelle terrestre.
Au hasard, ils privilégieront le choix : chaque enfant naîtra en laboratoire, sera envoyé à la famille dès qu'elle le souhaitera et avec les caractéristiques demandées. Si l'enfant présente des anomalies ou ne répond pas à la volonté des demandeurs, il sera éliminé.
Mais surtout ils effaceront la Différence.
Quelle qu'elle soit.
Ils l'élimineront définitivement.
Par une première épuration, où tous les éléments défaillants seront tués pour le bien de tous puis par la mise en place d'une société pleinement égalitaire et parfaite.
Les Hommes se vêtiront tous de manière identique. Se lèveront et se coucheront à la même heure sous peine d'être éliminé eux-aussi.
Aucune différence ni entre les nationalités, ni entre la culture, ni entre les Hommes et les Femmes ne saurait être tolérée.
Les idéologies individualistes seront supprimées au profit de la société seule.
La Société ne devait contenir AUCUN défaillant de ce système.
Il n'y aura qu'une seule culture à laquelle ce soumettre : celle des Jouvenkus.
Gunther parvint finalement à reprendre ses esprits, plongé qu'il avait été dans ses pensées idéalistes.
- Méléisse, s'exclama-t-il, tu es tout simplement géniale ! Nous nous constituerons une armée puissante toi et moi ! Et nous-même le serons davantage ! C'est merveilleux.
- Plus que cela, cher Gunther, dans peu de temps le Monde nous appartiendra, tu es sur le point de trouver la formule de l'Élixir-S...
- Je n'en serai pas si sûr à votre place.
Gunther et Méléisse se retournèrent comme un seul Homme. Un individu dont ils n'apercevaient que le costume noir s'était matérialisé devant eux. Quoi qu'ils fassent, il leur était impossible d'identifier son visage, non pas qu'il fut flou mais dès qu'ils essayaient de l'examiner, ils se trouvaient directement déboussolés et oubliaient même un instant qui ils étaient. Par soucis de lucidité, ils détournèrent le regard.
- Que...que faites-vous ici et qui êtes-vous ? parvint à articuler Gunther.
- Il ne vous revient pas de poser les questions et n'essayez pas de me tuer vous n'y parviendrez pas, ajouta l'homme en noir sans même se tourner vers Méléisse qui venait de saisir son pistolet.
Celle-ci fut stupéfaite, comment avait-il put remarquer son geste ? Elle avait été plus discrète que jamais. Et chez Méléisse, la discrétion était plus qu'une simple capacité, c'en était devenu avec la pratique une vraie prouesse qui la rendait excellente en espionnage et pour tout crimes. L'homme continua.
- Je vous prie de brûler sur le champ tous vos manuscrits et votre formule.
Cette fois-ci Gunther ne put s'empêcher d'éclater de rire. Il n'en revenait presque pas d'avoir pu craindre cet homme qui ne semblait dissimuler aucune arme et qui était bien plus chétif que lui. Les muscles de Gunther et sa taille imposante n'était en effet plus à prouver et c'était sans compter son charme qui lui avait souvent permis d'arriver à ses fins. Mais aujourd'hui ce ne serait pas de celui-ci qu'il ferait usage, mais plutôt de sa rapidité. Il fonça sur l'arme et tira vers l'homme.
Celle-ci ne lui transperça jamais le torse. Elle disparut tout simplement en vol et Gunther fut immobilisé au point que parler lui demanda un effort considérable :
- Comment... ?
Il avait l'impression qu'une force invisible l'empêchait de réaliser le moindre mouvement. Cette fois, il ne rigolait plus du tout. Méléisse quant-à-elle, effarée ne parvenait pas non plus à articuler quoi que ce soit devant cet homme presque...inhumain.
- Je ne suis pas de ce monde, je ne suis qu'un messager et je réitère une dernière fois ma demande (il se tourna pour la première fois vers Méléisse). Je vous conjure de brûler vos manuscrits immédiatement.
- Je...ne le ferais pas.
- Si.
Sans pouvoir l'expliquer Méléisse se sentait en effet contrainte de lui obéir. D'autant plus que l'homme ajouta :
- J'ai la vie de votre compagnon entre les mains.
Méléisse se tourna vers Gunther, il la suppliait du regard avant de détourner finalement la tête pour qu'elle puisse prendre elle-même la décision. Puisque Gunther n'avait pas fait preuve de faiblesse, elle choisit de l'épargner et obéit à l'homme. De toutes manières, elle n'avait pas véritablement le choix.
Elle brûla alors chaque manuscrit un à un mais retint les formules qu'elle avait elle-même trouvée grâce à sa mémoire photographique prodigieuse. Malheureusement, la majorité des manuscrits concernant l'Élixir-S était le fruit du travail de Gunther et il devait lui en faire la présentation complète ce soir. Qu'il lui était infernale de ne pouvoir obéir à son propre corps en cet instant ! Elle maudissait cet homme en noir du plus profond de son être, lorsque celui-ci annonça :
- Je suis au courant de ce que vous dissimulez mais vous ne parviendrez pas à vos fin. Le Très-Haut confèrera cette nuit à quatre enfants le pouvoir de vous anéantir. Le Bien sera vainqueur.
Et l'homme disparut.
*
Ce même homme réapparut une ultime fois, cette même nuit, à quelques kilomètres de là pour porter un message au cœur pur d'un honnête homme du Sud de La France. Un manuscrit sous sa porte, avait été déposé. En lettres d'or étaient inscrits les mots suivants :
Quatres enfants nés cette nuit, de colombes divines, ont reçu leur don
Le feu, la terre, l'eau et le vent, ils incarneront
Ils sont là pour combattre,
À 18 ans, pour contrer la menace.
Le faux progrès approche tuant cœurs et corps.
L'idole dévastatrice n'échappera pas au sort.
De qui des élémenti ou des Jouvenkus vaincra ?
L'Histoire en décidera.
Sois le gardien de ce secret,
Protège-les,
Prépare-les.
VOUS LISEZ
Adversus Tenebris
ParanormalDomination. Contrôle. Anéantissement de toutes les différences. Comment ? Par la science. Bien évidemment. Que pourrait-on contre cette science ? Elle est surpuissante. À qui confier ce combat ? Pourquoi pas à des jeunes purs et courageux ? Ils sero...