Adversus Tenebris

Chapitre XXV

La rédaction du message prit finalement plus de temps que prévu mais un quart d'heure avant la fin de la journée, il était prêt à être glissé dans le casier d'Anna. Il disait :

Anna,

S'il te plait, lis ce message jusqu'au bout.

Gabrielle et moi (Mathieu) savons que tu ne nous fais pas confiance mais nous ne t'avons pas menti. Gabrielle a elle-même récemment appris qu'elle n'était pas la seule à pouvoir contrôler un élément tout comme toi tu ne l'es pas. Si tu possèdes ce don, ce n'est pas pour rien, sinon tout le monde serait capable de manier le vent, l'eau ou la terre... Nous te supplions de nous faire confiance, l'enjeu est trop important. L'équilibre du monde dépend de cette quête dont nous ne comprendrons le but qu'une fois réunis tous les quatre. Nous avons BESOIN de ton aide, pour retrouver Adrien (le garçon qui contrôle la terre) et pour sauver le monde ! S'il te plait, aide-nous.

Si tu changes d'avis et que tu acceptes finalement de nous suivre, rejoins-nous à la sortie des cours, vendredi. Nous t'attendrons devant le café à gauche. Prends un sac à dos avec le minimum nécessaire. Nous fournirons ensuite les papiers qu'il te faut pour simuler un stage de langue à tes parents afin qu'ils ne s'inquiètent pas.

Mathieu & Gabrielle

Anna lut notre message, regarda autour d'elle et se dépêcha de le mettre dans la poche arrière de son pantalon, sans remarquer Mathieu et moi caché derrière la porte de l'infirmerie à l'épier. J'exultais intérieurement : pour l'instant nous n'aurons pas besoin d'utiliser l'idée de Mathieu. Restait à espérer qu'elle vienne à notre rendez-vous vendredi...

*

Le dernier jour de cours finit par arriver sans que bien sûr, je ne parvinsse à être attentive en cours. C'est donc d'une humeur particulièrement anxieuse que j'attendais devant la prépa. Anna viendrait-elle au rendez-vous ou continuerait-elle à nous ignorer ? Je craignais que mon plan se solde par un bel échec obligeant Mathieu et moi à trouver une solution extrême. Il n'était que 18h après tout, le temps qu'elle prépare son sac, elle en aurait au moins pour vingt minutes. En attendant, je décidais d'arrêter d'y penser et de me concentrer sur ce que m'avait dit Mathieu récemment : « nos adversaires devenaient de plus en plus nombreux et étaient désormais au courant de notre existence ». Nos adversaires ? Mais quels adversaires exactement ? Nous ne savions même pas encore de quoi retournait notre quête ! Et à quoi ressemblaient ces ennemis ! Exaspéré je pris une décision qui m'étonna moi-même.

- Mathieu, appelle Éric et dis-lui que nous refusons de faire la quête s'il ne nous en dit pas un peu plus au moins nous éclairer sur qui sont nos ennemis et pourquoi ils nous en veulent, sinon j'abandonne son projet.

Il n'eut pas la réaction estompée.

- Non, c'est hors de question.

- Et pourquoi cela ? Cela ne t'énerve pas toi d'avancer vers l'inconnu sans même pouvoir repérer nos ennemis à distance ? Personnellement, je n'ai aucune envie de me faire zigouiller par des adversaires inconnus sans même savoir pourquoi.

- Moi je trouve cela égoïste. Si cette quête est en effet si importante que cela on ne peut pas se permettre de refuser de l'accomplir.

- Bien sûr que si. De toutes manières je n'ai pas besoin de ta permission, merci.

Évidemment que je ne comptais pas véritablement abandonner la quête mais j'avais besoin de savoir et ce moyen de pression pourrait peut-être enfin faire parler Éric. On était les principaux concernés tout de même ! Mais ma fierté m'empêchait d'expliquer tout ça à Mathieu, son air hautain m'horripilait. Énervée, je tapais le numéro d'Éric sur mon vieux neuf-touches lorsque j'entendis une voix :

- Bon vous avez gagné, je suis là. On part quand ?

Anna était arrivée.