Chapitre XVI

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En arrivant en classe, je me rendis compte que mon voisin de gauche n'était autre que... Sam. Dès qu'il vit ma façon d'écrire très peu lisible, il ne put s'empêcher de pouffer.

- Oulà alors Mademoiselle a peur des ascenseurs, tombent de partout et écrit comme...comme quoi d'ailleurs ? Je ne sais même pas si on peut parler d'écriture à ce niveau ! Vous êtes sûrs que vous ne les avez pas forcés à vous accepter dans cette prépa ? Parce qu'ils ne t'auraient jamais prise sinon...

- Elle est dyspraxique, elle ne fait pas exprès d'écrire comme ça, répondit sèchement Mathieu.

C'était idiot mais ces mots me blessèrent un peu « écrire comme ça », j'avais l'impression d'être bizarre.

- Dys...quoi ? Désolé, j'connais pas, à mon avis elle a juste la flemme d'écrire plus vite...et mieux. Ou bien, elle espère dissimuler le fait que ce qu'elle n'écrit n'a aucun sens, mais crois-moi avec aussi peu de talent, tu ne valideras même pas ton année !

Un de ses amis juste devant nous, qui, visiblement nous écoutait, ricana. C'est vrai que c'était vraiment très très drôle, on n'avait jamais autant ri.

- Ce n'est absolument pas une question de volonté, rétorquais entre mes dents, énervée mais surtout exaspérée. Crois-moi je rêverai d'aller plus vite, ne serait que pour éviter de devoir entendre des réflexions aussi idiotes que les tiennes.

- Qui est-ce que tu traites d'idiot ? s'empourpra-t-il.

- Si tu ne sais pas trouver la réponse par toi-même tu ne fais que confirmer ce que je viens de dire.

Il paraissait être sur le point de hurler mais préféra s'apaiser pour me répondre :

- De la part d'une personne qui n'a évidemment aucune chance de réussir, c'est assez amusant comme remarque. Il regarda mon cahier d'un air méprisant puis continua en souriant comme s'il avait pitié de moi : Enfin, tu t'en rends bien compte quand même : tu n'as rien à faire ici.

La réplique cinglante que je m'apprêtais à lui lancer fut devancée par Mathieu qui même s'il s'adressait à moi, fusillait du regard le petit sourire suffisant de Sam.

- Laisse, il n'en vaut pas la peine.

Il avait raison bien sûr mais au fond, même si je me rendais bien compte que cette méchanceté gratuite était juste de la bêtise, je ne pouvais m'empêcher d'être touchée. Quel était l'intérêt franchement de faire ce genre de remarques ? Heureusement pour nous comme pour lui, Sam eut la bonne idée de se taire jusqu'à la fin des cours.

Dans tous les cas, nous ne savions toujours pas qui était Anna. Les professeurs n'avaient pas besoin de faire l'appel comme au lycée et nous n'avions donc aucune piste pour retrouver qui elle était dans cette foule de. Nous avions donc décider de nous concentrer sur une élève en particulier, en prépa littéraire comme nous, qui paraissait assez timide. Mais nous avions du reporter nos recherches au lendemain suite à nos tentatives vaines d'aller lui parler.

Rentrer ne nous pris pas 20 minutes comme à l'aller mais 30 à cause de ma cheville et je voyais que Mathieu avait du mal à cacher son impatience. À peine venait-il de sonner à la porte que Mlle Joline l'ouvrit en grand :

- Bonjour mes chéris ! Entrez vite, je vous ai préparé des cookies !

Je lui souris.

- Merci beaucoup Madame, c'est vraiment gentil.

- Oh mais ce n'est rien voyons, allez asseyez-vous.

Mathieu la remercia à son tour et je fermai les yeux pour prendre cette première bouchée : les cookies étaient absolument...dégoutants Je dus lutter pour ne pas tout recracher. En me tournant vers Mathieu, j'aperçus qu'il était dans le même cas que moi et je ne pus m'empêcher de sourire intérieurement. Si Mlle Joline était douée pour les petits plats salés, ce n'était apparemment pas le cas pour toutes les sortes de cuisine. Cela dit, ça devait faire maintenant longtemps qu'elle n'avait pas préparé de biscuits pour des invités, elle semblait très solitaire. Et puis elle avait fait ses cookies avec amour. Je ne pus m'empêcher de lui dire devant son regard interrogateur :

Adversus TenebrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant