Chapitre VIII

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Le premier jour des fêtes de la St Éloi se déroula à merveille, rires et chants étaient au rendez-vous. Ces fêtes étaient notamment connues pour leur fameuse course de la Charrette où de lourds chevaux au galop tiraient une charrette débordante de fleurs et feuillages parcourant le village et semant rire et holàs. Mais, elles proposaient aussi des courses de taureaux et un abrivado, jeu consistant pour les gardiens à amener les taureaux aux arènes et pour la population à les en empêcher à tout prix. Pour finir, des incontournables concours de pétanque ne cessaient d'être proposés, des paris sur le gagnant se lançaient à tout va !

Le soir, le bal fur sublime, les villageois s'étaient déguisés pour l'occasion et dansaient les Cordelles, la Gavote et la Moisson. 

Moi, danser je n'y arrivai pas bien, je trébuchai et écrasai les pieds de mon partenaire. Mais ces danses me rappelaient les fois où maman m'apprenait à danser le rock dans le salon, elle, elle se fichait bien que je tombe ou que je sois disgracieuse. Nous avions eu tant d'éclat de rires durant ces moments. 

J'admirai encore longtemps les festivités sous une nuit remplie d'étoiles puis, vers 3h, tombant de fatigue, je filai me coucher.

Je décidai de remettre pour dormir mes vieux habits comme pyjama et je me recouvris de la cape. La mousse chaude réchauffée par le soleil brulant de la journée constituait un matelas très confortable... 

De loin, j'entendais encore les bruits de la fête assez forts. Je commençai à m'endormir lorsque j'entendis des bruits de voix semblant tout proches. Je tendis l'oreille et me levai. C'était peut-être Éric. A part lui, presque personne ne s'aventurait par ici. Je soulevai les branches tombantes du saule-pleureur et me retrouvait nez-à-nez devant deux parfaits inconnus.

- Tu nous écoutais ? grogna férocement l'un, semblant parfaitement bourré, l'autre n'était dans un guère meilleur état.

Je m'empressais de le contredire en reculant les mains en geste d'apaisement.

- Non, non je vous assure, je croyais seulement...

Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase, je reçus un violent coup de poing dans la mâchoire. 

Sonnée, je parvins de justesse à parer le coup suivant, je tentai de m'enfuir mais l'autre me retint et me poussa violemment au sol. Je me relevai le plus vite possible malgré la douleur : les bagarres j'y étais habituée à la maison de correction. J'envoyai au premier un coup de pied au genou et à l'autre un coup de poing et tentai une nouvelle fois de m'enfuir quand un troisième arriva. Ils me jetèrent au sol. Je criai mais tout le monde était trop loin. Je reçu un bon coup dans les côtes qui me fit cette fois-ci voir trouble et serrer les dents de douleur. Les coups continuaient de voler et je n'avais même plus la force de me débattre.

N'en pouvant plus, je fermai les yeux un instant et tentai de repousser le feu qui émanait peu à peu de moi à cause de ma perte de contrôle, attendant impuissante un nouveau coup...qui n'arriva pas. Lorsque je les rouvrais, mes trois assaillants avaient disparu, je m'aperçus alors que j'étais entourée d'un faible halo de flammes que je m'empressai d'éteindre.

Je regardai rapidement autour de moi, soulagée j'aperçu Éric poursuivant mes assaillants en criant. Ouf ! Ce n'étais pas mon feu qui les avait fait fuir, ils n'avaient surement rien remarqués.

Je voulu rejoindre Éric mais mon regard devenait trouble. Je remarquai alors un jeune garçon aux yeux bleus glacées étincelants dans le noir, caché dans l'ombre, que je n'avais pas vu jusque-là. Au regard pénétrant qu'il me jetait je compris qu'il avait tout vu. 

Je tentai de partir au plus vite mais mes muscles ne me portaient plus et je décidai de prendre quelques minutes pour me remettre du choc passé priant pour qu'il s'en aille. Quelques instants plus tard, je me relevai prête à raccompagner Éric qui m'attendait à côté. Il semblait brûlant d'inquiétude et de colère mais ne disait rien...pour l'instant. Jetant un coup d'œil à ma doit je constatai que le garçon avait disparu. Je soupirais de soulagement. J'avais peut-être rêvé. Je retins un frisson, me détournai et m'empressai de prendre le bras que me tendait Éric.

Mon pas tentait d'être rapide mais la douleur que je ressentais aux cotes m'empêchait d'accélérer. Éric finit par me porter et je m'endormis avant même d'avoir atteint le seuil de la porte d'entrée.

Adversus TenebrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant