Chapitre XX

8 3 14
                                    

Mathieu et moi respectivement allongés sur nos couchettes, réfléchissions aux moyens de tout expliquer à Anna.

- Nous pourrions tout simplement lui expliquer toute l'histoire, comme Éric l'a fait pour nous, proposai-je.

- Je ne pense pas que ça marcherait pour elle, je ne sais pas...

- Et dire qu'on ne sait même pas exactement quelle quête nous sommes censés accomplir, on va être crédibles demain.

- Crédible ! Mais oui ! Nous n'avons qu'à lui faire une démonstration de nos talents, elle sera obligée de nous croire !

Utiliser mon feu près d'un lycée ? Et reprovoquer un incendie tant qu'il y était ! Non mais franchement, il avait de ces idées parfois !

- Hors de question. Je ne la connais même pas et le feu peut s'avérer très vite dangereux.

- Mais non, tu feras attention et c'est la meilleure solution, j'en suis sûr.

- Tu ne comprends pas...Des accidents comme ça, ça m'a m'est déjà arrivés et je refuse que cela se reproduise.

- Tu veux dire que...tu ne sais pas contrôler ton propre talent ?

- Ça n'a rien à voir, m'énervais-je, c'est sûr qu'un peu d'eau qui tombe, ça ne risque pas de provoquer grand-chose.

Il ne releva pas ma pique et poursuivit :

- Tous les éléments, s'ils sont sans contrôle peuvent être dangereux. Si tu as peur que ça se reproduise demain tu n'as qu'à t'entraîner maintenant, j'éteindrais avec mon eau en cas d'accident.

Je voulais lui rétorquer que non, je n'avais pas peur, je ne voulais simplement pas déclencher un nouvel incendie. Mais son idée était bonne, je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de m'entraîner comme il disait, alors pourquoi ne pas essayer ?

- D'accord, soufflai-je.

Je pris une grande inspiration et fis apparaître une petite flammèche dans ma main que je fis prendre la forme d'une petite danseuse tournoyante. Je me sentais bien. Le feu faisait partie de moi. Cela faisait si longtemps... Je me laissais envahir par elle. La flamme se mit à grandir. La danseuse disparut laissant place à une forêt puis les flammes commencèrent à grimper le long de mes bras enflammant une partie de mon pyjama sans qu'il ne brule. Et oui, c'était ma petite spécialité : les vêtements que je portais ne s'enflammaient jamais. Malheureusement, les flammes touchèrent l'oreiller. Mathieu les éteignit sur le coup et j'éteins ma flamme en soupirant.

- Voilà, je brûle tout. Je finis toujours par détruire ce qu'il y a dans mon entourage de toutes façons.

Je ne comptais pas le nombre d'objets brulés ou cassés qu'il y avait à la ferme lorsque j'étais petite, on avait dû faire croire avec maman qu'un incendie était responsable de tout cela.

- Mais non, tu verras, pas cette fois et tu sais ton feu... c'est extraordinaire. Il parut vouloir ajouter quelque chose mais se ravisa. Allez, on continue de s'entrainer.

L'entrainement se prolongea sur une partie de la nuit. Heureusement Mathieu était patient car j'étais une véritable catastrophe. Après de nombreux essais, un bout de tapis et de couette brûlés, je finis par arriver à ne pas trop me laisser dominer.

Le lendemain, je me sentais prête.

Adversus TenebrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant