La Guerrière du feu (1)

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Nouvelle fantastique

Il était une fois, une petite princesse douce et aimable nommée Edana, à cause de sa magnifique chevelure rousse. La petite princesse vivait avec sa famille au royaume de Naymeria, dans un magnifique château perché dans les collines de Miroanna, non loin de la montagne du feu.

La montagne du feu était une imposante montagne en face de la vallée de Miroanna. Celle-ci était rouge comme le feu, et de nombreuses légendes existaient à propos du mal que cette montagne avait causé, il y a des siècles.

Certaines légendes disaient que la montagne du feu engloutissait tous ceux qui s'approchaient trop près de ses pentes. D'autres, disaient que Hestia, la déesse du feu, sommeillait au sommet de la montagne et que si on la réveillait, elle rentrerait dans une colère noire et se mettrait à tout détruire sur son passage.

Mais Edana fut tenue à distance loin de tout le mal que l'on racontait sur la montagne du feu, et en grandissant, elle devint une magnifique princesse. Malheureusement, quelques années plus tard, alors qu'elle n'était âgée que de seize ans, le bonheur d'Edana fut anéanti quand sa petite sœur, Diana, disparut mystérieusement une nuit. On passa des jours et des jours à la chercher, jusqu'à ce qu'un paysan découvrit un de ses somptueux bracelets près du lac des Ames-perdues.

A ce moment là, Edana comprit que toute chance de retrouver sa sœur était mince, car personne n'avait le droit de traverser ce lac, car c'était le seul passage pour accéder à la montagne du feu. Elle savait également que si sa sœur avait réussi à franchir le lac des Ames-perdues, il y avait peu de chances qu'elle ait réussi à gravir la montagne et à arriver au sommet.

Au bout de plusieurs jours, Edana avait perdu tout espoir de retrouver Diana, jusqu'à ce qu'elle tombe sur une autre légende dans un livre ancien de la bibliothèque royale.

La légende disait que pour sauver une personne de l'emprise de la montagne du feu, il fallait offrir à Hestia une autre personne en échange. Depuis ce jour, Edana décida qu'elle allait libérer sa sœur prisonnière, en offrant à Hestia tout ce qu'il lui restait à perdre : elle-même.

Quelques jours après sa fameuse découverte, Edana décida de se mettre en route par une nuit de pleine lune pour sauver sa sœur. Elle devait traverser le lac des Ames-perdues, appelé ainsi car de nombreux marins avaient péri noyés dans ce lac, lorsque leur navire s'était écrasé contre des écueils non loin de là, il y a des décennies. On racontait que si l'on traversait le lac, on pouvait croiser les fantômes des marins pleurer et gémir car ils étaient perdus.

Edana avait peur. Elle avait même plus que peur, elle était terrorisée. La détermination ne lui manquait pas, c'était le courage qui lui manquait. Elle avait peur de croiser des squelettes ou les fantômes des marins. Mais la pensée de sa sœur prisonnière lui redonna de l'assurance. Elle s'échappa par sa fenêtre en descendant à la manière d'une princesse rebelle : accrochée à des draps qu'elle avait noués entre eux, et qui formaient une longue corde qui descendait jusqu'au sol. Elle se laissa glisser et à peine avait-elle posé le pied à terre, qu'elle s'élança en direction du lac.

Elle franchit un mur à l'aide d'une échelle, et une fois de l'autre côté, elle aperçut une barque qu'elle traîna jusqu'à la berge du lac. Puis, elle poussa la barque dans l'eau, monta dedans et se mit à pagayer en direction de la montagne du feu, dont on apercevait la silhouette élancée qui dominait la vallée au loin.

Un quart d'heure plus tard, Edana s'arrêta pour reprendre son souffle. Ses bras lui faisaient atrocement mal, elle ne sentait plus ses doigts, elle avait mal au dos et sa pagaie lui semblait de plus en plus lourde à chaque fois qu'elle la mettait dans l'eau. Elle estima qu'elle était presque arrivée, car la cime de la montagne était maintenant plus imposante et plus près que jamais. Edana ouvrit son sac et en sortit une gourde. Elle but à longs traits, savourant l'eau comme si c'était elle qui lui redonnait la force de continuer. Edana rangea sa gourde et se remit à pagayer, plus motivée que jamais.

Alors que sa barque glissait en silence sur l'eau, Edana crut sentir quelque chose passer près d'elle. Elle tourna la tête mais ne put rien distinguer dans l'obscurité. Elle n'aimait pas cela : elle avait la désagréable sensation d'être épiée. Elle accéléra, mettant toute la force qu'elle put dans ses bras. Mais subitement, elle poussa un cri : un marin avec un foulard de pirate, flottant dans l'air, la fixait. Le plus troublant était que le marin semblait mort : il était couvert de sang, il avait la peau pâle comme un linge, il comptait de nombreuses morsures et un de ses yeux manquait à l'appel. Le résultat était plutôt effrayant et Edana ne pouvait pas détacher ses yeux de lui, tant elle était effrayée. Soudain, le marin se mit à parler, ce qui fit tressaillir Edana.

— Aurais-tu vu, belle demoiselle, mon navire et mes compagnons ? Je les cherche depuis une éternité et l'autre demoiselle n'a pas voulu m'aider...

— J... je ne s...sais p...pas où ils sont, répondit Edana en bégayant.

— Aurais-tu alors l'amabilité de les chercher en ma compagnie ?

— J... je ne peu..peux p..pas.

— Pourquoi donc ?

— Je dois partir je suis désolée ! s'écria Edana en se remettant à pagayer.

Elle n'eut pas le temps d'apercevoir la réaction du marin, tout ce qui importait c'était de pagayer le plus vite possible et de traverser le lac. Elle repensa à ses propos : il avait bien dit « et l'autre demoiselle n'a pas voulu m'aider », ce qui signifiait qu'elle était bien sur les traces de sa sœur ! Pour la première fois depuis des jours, Edana retrouvait espoir.

Alors qu'elle commençait à apercevoir l'autre rive du lac, elle entendit un bruit derrière elle. Elle fit volte-face et aperçut le marin. Mais cette fois, il n'avait pas l'air de bonne humeur car il fronçait les sourcils et il ne souriait plus. Il avait un regard sévère et à présent il la dévisageait comme s'il allait l'attaquer.

Edana était pétrifiée et elle ne savait plus quoi faire, quoi dire, pour que le marin s'en aille chercher les squelettes de ses compagnons ailleurs et la laisse tranquille. Alors que celle-ci allait prendre la parole, le marin la coupa :

— Comment as-tu osé tuer mes compagnons ?!

— Qu... quoi ? Je n'ai rien fait, c'était pas moi ! s'écria Edana en reprenant ses pagaies, dans une tentative désespérée de fuite.

— Balivernes ! hurla-t-il en fonçant droit sur elle.

Edana n'arrivait pas à avancer assez rapidement et le fantôme se rapprochait de plus en plus d'elle. Brusquement, la barque heurta un rocher, se retourna et Edana tomba brusquement à la renverse. Le fantôme se précipita à sa suite et disparut avec elle dans l'eau glacée du lac.

𝐑𝐞𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant