Une heure plus tard seulement, je passais à nouveau la porte d'entrée du Nid du Crépuscule, délaissant l'air saisissant, le vent dans mes cheveux, qui gonflait mes vêtements et asséchait mes yeux, pour retrouver la pénombre et la lourde humidité sécurisante.
La liberté du dehors me manquait déjà, mais c'était sans compter l'odeur monstrueuse de putréfaction qui emplissait la plaine, ni que je devrais de toute façon y retourner dans quelques heures.
Heureusement, cette première sortie c'était parfaitement bien passer, tout le monde était rentré sain et sauf, hormis trois lions ailés qui arriveraient d'un instant à l'autre.
Je fus gaîment accueilli par un groupe d'enfants sautillants, très heureux de me voir revenir.
Assise au milieu de l'agitation constante des Neflyiens, le regard perdu dans le vague, je ne vis pas Iaoth approcher. Il m'interpella d'une voix compatissante :
- Hé... Ça va ?
- Oui, tout va bien, répondis-je, probablement plus pour me convaincre moi que lui.
- Non, Phiyra, ne me ment pas s'il te plaît. Non seulement, je sais quand tu ne vas pas bien, mais en plus, tu as toujours été mauvaise menteuse.
Je détournais le regard, mal à l'aise. De l'autre côté de la salle, un petit groupe de jeunes elfes riait à plein poumon. Quelques mètres plus loin, Faelyn les regardait à la dérobée, l'air envieux. Ce gamin n'avait vraiment jamais eu la vie facile, et ça déteignait souvent sur ses relations sociales. Amnestria craignait souvent qu'il ne soit moqué.
- Hey, m'interpella Iaoth, ramenant mon attention sur lui. Je sais que c'est difficile et éprouvant, mais ça va. Ça va aller, je te le promets.
Je ne saurais dire de qui l'initiative était venue, mais soudain nous nous retrouvions dans les bras l'un de l'autre. Sa main se baladait lentement entre mes omoplates, tandis que nos plumes s'effleuraient délicatement.
- C'est la suit du plan qui t'inquiète ?
- Non. Enfin si, évidemment, repris-je, mais c'est surtout que...
- Que ?
- Tous ces gens. Leur façon d'agir !
- Leur façon... D'agir ? Interrogea-t-il en levant suspicieusement son sourcil droit, un sourire en coin.
- Ne te moque pas de moi !
- Je ne me moque pas. Bon d'accord, peut-être un peu. En quoi la façon d'agir de ces gens te perturbe ?
- Ils se lèvent quand j'entre dans une pièce, ils m'écoutent sans que je ne demande rien, et quand je suis revenu, un groupe d'enfant m'attendait. Ils ont dit qu'ils étaient heureux que je sois revenu saine et sauve. Iaoth, ils avaient peur pour moi ? Où peuvent ils avoir trouvé une idée pareille ? Tu crois qu'ils pourraient avoir entendu leurs parents s'inquiéter pour moi ? Et pourquoi plus pour moi que pour toutes les autres personnes de cette expédition ? Tu n'étais pas attendu toi, donc pourquoi moi ?
- Bah, parce que la reine nous a demandé de te considérer comme la dirigeante déjà. Et puis ensuite parce que ces gens te respectent, t'estiment... T'aimes. Tu les impressionnes. Tu nous impressionnes tous en fait.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Enfin Phiyra, tu t'es regardé ? Tu as pris ce rôle tellement naturellement, c'est à croire que tu t'es entraînée toute ta vie pour ça ! Tu donnes l'impression de ne jamais douter de toi, de toujours trouver toutes les solutions comme si c'était la chose la plus évidente du monde. Et tes discours aussi, c'est vrai que tes discours sont incroyables.
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Neflya
FantasiCette histoire se déroule dans un monde imaginaire sans pareil. Y vivent des hybrides, des sirènes, des elfes, des trolls, des lions ailés et des griffons. Phiyra, quinze ans habite dans ce magnifique royaume depuis toujours et y mène une vie parfa...