Chapitre 12_La fin

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Les humains étaient vraiment des êtres impressionnants. Des bombes venaient de leur tomber dessus, ils étaient entourés de leurs compagnons morts et n'étaient plus que vingt-sept, pourtant, ils ne marquèrent pas la moindre hésitation avant de se jeter sur nous, qui étions plus d'une centaine, armés, et certes plus jeune et moins entraîner.

Au loin, les trolls et les elfes essayaient tant bien que mal de toucher les humains de leurs flèches, sans estropier l'un des nôtres au passage.

Les lions ailés et les griffons étaient de ceux qui s'en sortaient le mieux. Ils fauchaient tout ce qui leur passait sous le museau, à coup de dent ou de griffes.

Les hybrides eux, tentaient individuellement de trouver la technique appropriée. Si certains se contentaient de viser les organes vitaux avec leurs couteaux, d'autres utilisaient leurs atouts. Du coin de l'œil, je vis un hybride bélier qui fonçait tête baissée, et embrochais tout un tas de personnes sur ses cornes. Quelques pas plus loin, Aliyah tournait le plus vite possible sur elle-même pour frapper de ses puissantes ailes tous les Hommes qui osaient s'approcher un peu trop près.

Quant à moi, je me démenais tant bien que mal pour éviter les coups mortels de mon adversaire. Bien plus grand que moi, presque aussi large que haut, tout en muscle, il devait bien peser quatre-vingt-dix kilos, et était bien plus entraîné que moi, qui ne connaissais que quelques mouvements de self défense, qu'il bloquerait sans aucune difficulté. Il fallait que j'improvise. Encore.

Ne pas trop réfléchir, mais ne rien faire d'irréfléchi.

Soudain, je déployais mes ailes pour le déstabiliser, et lui tournais rapidement autour (Un des avantages d'être plus petite : Mon adversaire eut du mal à me suivre.). Lorsqu'il se retrouva de nouveau face à moi, il tendit brusquement la main vers mon cou, et je m'envolais juste assez haut pour lui passer au-dessus et atterrir derrière lui. Fou de rage, il se retourna à nouveau, et avant que son poing ne s'abatte sur ma joue, je plaquais violemment la paume de ma main sur sa gorge, lui coupant le souffle. Je n'y fis pas vraiment attention sur le coup, mais il me semble qu'il m'avait cassé la pommette. Pour finir, je lui balançais un coup de genou dans les parties intimes, ce qui le fit immédiatement se recroqueviller sur lui-même, par terre, dans un gémissement douloureux.

Je pensais pouvoir enfin m'éloigner de cet adversaire bien trop fort pour moi, mais il me vit venir, et attrapait fermement ma cheville. Il me fit mal. Vraiment mal. Je crus un instant qu'il allait me briser l'os rien qu'avec sa poigne, lorsque qu'Astro arriva nonchalamment et lui marcha dessus, appuyant sur sa cage thoracique de tout son poids. L'homme hurla, les yeux révulsés. Ses grands yeux noirs posés sur lui, il enfonça ses griffes au niveau de son petit cœur fragile. Je reculais de quelques pas, impressionnée. Un filet de sang coula sur le menton de l'humain, et quelques gazouillis émergèrent de sa gorge. Je détournais les yeux, refusant de voir la vie quitter les yeux d'un être vivant.

Il n'avait peut-être pas mérité une mort aussi violente, mais nous n'avions pas le choix. Cette phrase sonnait faux tandis que je me la répétais en me détournant du soldat.

Je ne pus m'apitoyer plus sur son sort, car face à moi surgit le commandant, un couteau a la main, levée au-dessus de sa tête, dirigée sur moi. J'eus tout juste le temps de mettre mon bras devant mon visage avant que la lame ne frappe. Ce réflexe me sauva de la décapitation, et ne me prit que ma main. Ce n'en fut pas moins douloureux.

Je hurlais de douleur, m'arrachant les cordes vocales. Le sang dégoulinait de mon membre tranché à une vitesse ahurissante. La sueur glissait le long de mon visage trempé de larmes. J'avais l'impression d'étouffer, assaillie par une extrême souffrance. Je relevais la tête avec difficulté pour voir le commandant me regarder de haut.

- Alors jeune fille, j'ai cru comprendre que c'était toi qui dirigeais les troupes à présent. Je dois avouer que je m'attendais à mieux qu'une enfant empotée, et une fille par-dessus le marché... Ho, mais dit moi, comment va ta reine ? Elle se remet des blessures que je lui ai infligées ? Demanda-t-il dans un sourire mesquin.

Je tentais de lui répondre, mais j'en étais incapable, tous les muscles de mon corps étaient bloqués, plus contractés que jamais, essayant tant bien que mal de supporter la douleur. Le père d'Axel m'attrapa le menton et se pencha sur moi, à quelques centimètres de mon visage, et c'est les yeux grand ouvert, l'air fou qu'il reprit sa tirade :

- Vous ne gagnerez jamais. Vous n'êtes que de simples gamins inexpérimentés, contre des soldats sur-entraînés. Cet endroit m'appartient. Nous sommes en train de vous anéantir, nous allons vous avoir, ceux d'entre vous qui ne seront pas encore morts seront fait prisonniers, je récupérerais mon fils, nous brûlerons votre arbre, vos habitations, et tout ce que vous avez de précieux, puis j'offrirais les monstres que vous êtes et cet endroit au roi, qui me sera indéfiniment reconnaissant !

- Je ne vous laisserais pas gagner ! Marmonnais-je au prix d'un énorme effort.

L'homme me lâcha et éclata de rire, un rire gras, rempli de mépris.

- L'espoir fait vivre mon enfant, mais il faut te rendre à l'évidence, tu as perdu.

- Non. L'adrénaline me poussa à ignorer la douleur, et je me redressais de toute ma hauteur, bien que ridicule par rapport à celle du père d'Axel, et c'est le menton haut que je déclarais : VOUS avez perdu monsieur !

C'est alors que le commandant réalisa qu'il était encerclé. Les lions ailés et les griffons à sa gauche, les trolls et les elfes dans son dos, près à tirer, les hybrides à sa droite, et les hybrides aigles venaient d'apparaître à côté de moi, face à lui. Aliyah entrepris de bander le bout de mon bras tant bien que mal et de me faire un garrot tandis que je reprenais.

- Vous avez perdu, monsieur, répétais-je. Vos vingt-quatre soldats restants sont hors service. La plupart sont morts, et les derniers ont déserté à l'instant où mes amis se sont tournés vers nous. Il ne reste plus que vous.

- NON ! AXEL EST TOUJOURS LÀ ! C'EST MON FILS, IL VA TOUS VOUS ANÉANTIR !

D'une respiration difficile, je sifflais une dernière fois, pour la dernière étape.

La plus jeune des hybrides aigles apparue alors, le vol pas très assuré, Axel campé sur son dos. La jeune fille se posa juste derrière moi, et Axel se précipita sur mon bras.

- Phiyra ! Ton bras ! Tu vas bien ? Qui... ?

- Axel, s'il te plaît, ne t'occupe pas de moi.

Il se tourna alors vers son paternel.

- Tu as tout faux papa. Si je t'ai parlé de cet endroit c'était pour partager avec toi la beauté de la chose, non pas pour la détruire. Ils ne m'ont pas kidnappé, je t'ai simplement laissé tomber en réalisant ce que tu voulais leur faire. Je les ai aidés. Tu ne penses qu'à toi. Je n'aurais pas dû t'en parler, tu as tout détruit. C'est la seule chose que tu fais. Tu as détruit la vie de tous ces soldats qui sont morts pour ton bon vouloir, tu as détruit la vie de tous les habitants de Neflya, tu as détruit ma vie. Tu détruis ta propre vie. Est-ce que tu t'en rends compte ? Ouvre les yeux papa ! Cet endroit et ses habitants, que tu qualifies sans cesse de monstre, c'est la plus belle chose qui ne me soit jamais arrivé ! Ils sont tous mes amis, mes amis les plus précieux, et toi, tu les détruis. Tu me déçois beaucoup papa... Ne compte pas sur moi pour finir ton horrible travail.

Sur ce, il tourna les talons et partit.

Son père, le grand commandant des armées de son pays, semblait détruit. Aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Sa posture était moins assuré, son visage semblait d'un seul coup beaucoup plus vieux. Il tomba à genoux et hurla. Une larme coula le long de sa joue. Une seule. La plus grande des souffrances se lisait dans ses yeux. Avant que je ne comprenne quoi que ce soit, il tira un objet métallique de sa botte : un pistolet.

C'est à ce moment précis que l'adrénaline disparut de mon corps, laissant à nouveau place à la douleur émanant de mon bras tranché. J'avais perdu beaucoup de sang, beaucoup trop. Je n'en avais plus suffisamment pour continuer ainsi. Je n'eus pas le temps de demander de l'aide à l'un de mes amis que je m'effondrais, inerte. Je ne pus voir ce que le commandant allait faire avec son arme, car devant mes yeux, la triste scène du commandant démuni, entouré de cadavres, se transforma en un profond trou noir, éternel.

NeflyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant