𝚜𝚎𝚙𝚝

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Bonne lecture ! 

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Peter aime bien se promener dans New York.

Son endurance est immense depuis la morsure, et il ne se souvient même plus de ce que ça fait d'avoir mal aux jambes après avoir marché toute une journée. La plupart du temps, la fatigue lui vient seulement après avoir passé sa soirée à voltiger dans la ville d'immeubles en immeubles, rien qu'à la force de ses bras.

Ces derniers temps, avant ou après le boulot, il aime découvrir de nouvelles choses. Des petits parcs, des petits restaurants pas trop chers, des quartiers vivants.

Et depuis le combat avec les Avengers à Berlin, il aime encore plus avoir quelque chose à faire pour éviter d'y réfléchir trop fort. Wanda Maximoff et le Soldat de l'hiver ; eux aussi étaient sous l'emprise d'HYDRA il y a encore peu de temps, exactement comme lui. Pourtant, à l'aéroport, il s'est battu contre eux.

Peut-être aurait-il dû réfléchir un peu plus ? Hésiter avant d'accepter de se battre pour Stark ? Au fond, il parvient à se reprendre en se disant simplement qu'il ne s'est pas battu pour les idéaux de l'un ou de l'autre, c'était simplement un accord, une aide contre une aide. La technologie de Stark est vraiment remarquable et chaque jour il voit les améliorations que cela permet.

Alors Peter se promène. Et arrête d'y penser. Car au final, tout ça n'a rien à voir avec lui : il n'a pas besoin des Avengers, pas de la même manière que le Soldat de l'hiver a besoin de Steve Rogers ou que Wanda a besoin de Vision.

Lui, il n'a personne comme ça. Et pour l'instant, il parvient encore à se convaincre que c'est suffisant.

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C'est pendant une patrouille assez calme qu'Iron man le retrouve.

Peter l'entend arriver de loin, comme à chaque fois, car ses moteurs font un bruit d'enfer : l'homme se pose sur le toit où il se trouve et comme la première fois se libère de son armure pour s'approcher de lui.

— Tu as réellement réussi à rendre ma propre technologie intraçable, hein ? Bien joué.

Il paraît détendu. Ce qui est étrange, car d'après ce que Peter a vu il y a eu une suite à la bataille de l'aéroport, et Captain America et Stark se sont battus. Pas trop méchamment, au vu des blessures avec lesquelles Tony est revenu, mais tout de même : la réconciliation n'est pas encore pour tout de suite.

Une veste de costume sur un t-shirt, un œil au beurre noir ; il s'installe à côté de lui, les jambes dans le vide.

— Vous avez encore besoin de moi ?

— Je n'avais pas vraiment besoin de toi.

Peter rit doucement, fatigué. La journée a été longue, même si la soirée s'annonçait plutôt calme. Il n'a pas dormi depuis un moment. Il a vu une femme mourir trois jours plus tôt.

Tony Stark est assis à côté de lui.

— Alors, ça donne quoi le costume ?

— Il est vraiment bien, répond Peter, honnêtement. Il est plus facile à enfiler. Et Karen... ça fait de la compagnie.

Ça attire l'attention de Tony et il le voit froncer les sourcils. Il parait sur le point d'en demander plus, quelque chose comme « pourquoi t'as besoin de compagnie ? » mais il renonce. À la place il dit :

— Je voulais juste te remercier. Pour le coup de main, déjà.

— C'est rien. On avait un marché.

Tony sourit, distraitement.

— Je voulais surtout te parler de Rhodey.

— Le Colonel ?

— Lui-même.

Il fait une tête étrange. Peter trouve qu'il a l'expression de quelqu'un qui s'apprête à se confier, et il a raison car quelques secondes plus tard Tony dit :

— Je le connais depuis des années. Depuis que je suis ado. C'est quelqu'un... il m'a tiré de ma merde plusieurs fois, alors même que j'étais très honnêtement imbuvable. Il est comme ça.

Il sourit encore, comme pour se remémorer quelque chose.

— J'ai fait des simulations, avec FRIDAY. Encore et encore. Je voulais savoir... je voulais savoir ce qui serait arrivé si tu l'avais pas rattrapé, ce jour-là. S'il était juste... tombé.

Il grimace. Et Peter voit, directement, que ça aurait été grave. Il ne sait pas s'il veut l'entendre mais Tony ne lui laisse pas le choix :

— Il aurait au moins perdu l'usage de ses jambes. Dans une position légèrement différente, c'était la mort. Les jambes, c'est ce qui lui serait arrivé de mieux. Et ça aurait été ma faute.

— Pourquoi ? Vous l'avez forcé à venir ?

— Non. Personne ne force Rhodey à faire quoi que ce soit. Mais il était là pour moi.

— Mmh.

Peter comprend un peu. Il a du mal à comprendre, parfois, mais il se rappelle cette femme qu'il n'a pas pu sauver et se dit que celle-là aussi est morte à cause de lui. Qu'il est autant responsable que pour ces personnes qu'il a tué d'une balle dans la tête, chez HYDRA.

— Je comprends. De rien, j'imagine.

Tony ricane.

— Modeste, hein ? Comme tu veux.

En bas, New York est bruyante. Elle est toujours bruyante, toujours active, toujours éveillée. Parfois, Peter accompagne des jeunes qui rentrent de soirée, et se demande s'il en aurait fait partie. Si jamais il avait grandi là, qu'est-ce qu'il serait devenu ? Est-ce qu'il serait normal, heureux, festif ?

Peut-être. Peut-être pas.

— Rhodey voudrait te voir. Si un jour tu veux venir à la tour, la porte est ouverte. Il comprend toujours pas comment t'as su ce qui allait arriver, mais on a tous les deux arrêté d'essayer de comprendre les trucs de Super-Soldats.

Super-Soldats. C'est un terme comme un autre, surement utilisé à la place de mutant, pour pas le vexer, mais Peter se renfrogne un peu. Parce que Tony Stark ne sait pas à quel point lui et le Soldat sont pareils.

— En fait, la porte te sera toujours ouverte. Pour n'importe quoi. Si jamais un jour t'en as marre... de faire bande à part. Ou que tu veux discuter avec autre chose qu'une intelligence artificielle. J'essaye moi-même, de temps en temps, et c'est moins chiant qu'on pourrait le croire.

Quelques mois plus tôt, Peter aurait levé les yeux au ciel. Il se serait dit « pf, n'importe quoi », il n'y aurait même pas repensé. Mais quand il est rentré, seul, dans son petit appartement après la bataille de l'aéroport, il s'est senti mal.

Il s'est senti triste, pour la première fois depuis... longtemps.

Alors, même s'il n'a aucune envie de sauter sur l'invitation, son esprit ne rejette pas immédiatement tout en bloc.

Au loin, un cri que lui seul peut entendre le fait se redresser.

— Vous passerez mes amitiés au Colonel.

Et il se laisse tomber, en ignorant le petit hoquet surpris de Tony Stark. 

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Head shot | Peter ParkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant