𝚌𝚒𝚗𝚚

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Bonne lecture !

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 — T'es plutôt difficile à trouver, Spider-man.

Peter a entendu le bruit des propulseurs au moins deux minutes avant qu'Iron Man ne se pose sur le toit. En temps normal, il se serait déjà échappé dans les rues de New York, mais cela fait la troisième fois cette semaine que Tony Stark tente de lui mettre la main dessus. Et si Peter se trouve prudent, il n'en est pas moins affreusement curieux.

— Il paraît que c'est fait exprès.

— Aucune trace précise, et les vidéos postées en ligne sont triées sur le volet. Tu fais parler de toi, mais aucune caméra n'a réussi à te prendre en train de te changer. Chapeau, c'est pas simple d'échapper à la moindre surveillance qu'une ville comme New York peut proposer.

Honnêtement, ça lui a pris pas mal de temps : repérer les caméras de sécurité qui aurait pu l'attraper, et les éviter chaque fois qu'il sort. Un modificateur de voix (pas une voix aigüe comme il a pu le voir dans certains films, simplement quelque chose de plus vieux), un costume qui cache son visage, et des lance-toiles qui lui permettent de s'enfuir avant que les choses ne chauffent trop.

À un moment, il a décidé que Spider-Man n'utilisait pas d'armes. Peter le fait, sans hésiter, mais c'est plus simple de se dire que Spider-Man est quelqu'un de bien. (Et c'est étrange, désormais, d'arriver à distinguer ce qui est bien et ce qui est mal).

— Aucune envie de me retrouver avec Tony Stark dans mon salon, sourit Peter sous son masque. Quand on tient à son anonymat, mieux vaut prendre ses précautions. Même si, franchement, je pense pas que quelqu'un qui divulgue son identité et son adresse à la moindre conférence de presse puisse comprendre ça.

Devant lui, dans l'obscurité de la nuit qui vient tout juste de tomber, l'armure d'Iron Man s'ouvre pour laisser apparaître l'homme derrière la machine. Tony Stark hausse un sourcil avec un air amusé.

L'étrange confiance qu'il a à sortir ainsi sans protection devant lui met Peter mal à l'aise.

— D'après ce que j'ai pu réunir : homme de moins de trente-cinq ans, super force et super agilité, qui a une fâcheuse tendance à trop parler et qui essaye de se contenter des petits méfaits.

Peter hausse les sourcils.

— Les petites mamies de ce quartier sont super gentilles. Franchement, je préfère les aider à porter leurs courses plutôt que de détruire leurs maisons.

Tony penche légèrement la tête sur le côté.

— Mmh, je vois. Un avis déjà plutôt tranché sur la question. Je vais quand même tenter ma chance : j'ai besoin de toi.

— De moi ?

— En Allemagne. Avec Captain, on a eu quelques... différents. Et pour essayer de régler ça le plus rapidement possible, j'ai besoin d'une première ligne de dissuasion. T'aurais pas forcément besoin de te battre, mais...

Tout en s'asseyant sur le rebord du toit, Peter fait une grimace que Tony ne peut pas voir. Ses bras lui font mal après avoir passé sa journée de repos à vagabonder dans les airs, et il passe ses nuits à étudier le système scolaire afin d'essayer d'entrer le plus discrètement possible dans un lycée. À son âge, c'est ce que font les autres. Il réfléchit encore, car en vérité la faculté serait bien plus aisée pour conserver son travail et sa liberté. Falsifier un acte de naissance, c'est à présent dans ses cordes : trouver un job qui paye mieux et un appartement qui ne fuit pas est bien plus simple ces derniers temps.

La fac, c'est une plutôt bonne idée.

— Et pourquoi je ferais ça ?

— Pourquoi pas ?

— Je fais de mon mieux pour pas me mêler des affaires des Avengers. Si j'avais envie de rejoindre votre Boy's band, je serais venu frapper à la porte de votre Tour. Difficile de la manquer.

En y regardant de plus près, Tony Stark a un cocard sur l'œil, l'arcade recousue, et la joue enflée. Et même si Peter aurait aimé ne rien ressentir du tout, c'est difficile à présent. Chez HYDRA, il n'avait jamais eu à réfléchir à ce genre de choses. À se demander si ce qu'il faisait était bon ou mauvais. Il partait en mission, mettait une balle dans la tête de quelqu'un, et parfois quand il revenait il avait le droit d'avoir quelque chose de sucré au dîner.

À présent que son esprit est plus clair et que ses anciens souvenirs sont de retour, il tente simplement de dormir la nuit sans se faire réveiller par ses cauchemars, et trouver un sens à son existence.

Donc, son admiration pour l'inventeur de génie qu'est Tony Stark ne devrait pas le faire hésiter.

— En vérité, j'ai une proposition à te faire.

— Ah oui, vraiment ?

Là, tout de suite, Peter donnerait n'importe quoi pour simplement s'écrouler entre ses draps.

— Ton costume est franchement nul. Pas nul comme on pourrait le penser, mais on voit tout de suite que tu roules pas sur l'or. Tes améliorations sont louables, et je ne sais pas avec qui tu bosses ni qui a créé tes lance-toiles, mais c'est du bon boulot. En revanche, ça reste du boulot fait avec des produits de merde.

— Merci pour le dénigrement de mon costume, ça me donne tout de suite envie de vous aider.

Il voit que le mot « aider » fait grimacer Tony, mais il ne va pas le reprendre. Si Iron Man a besoin de son aide, il va falloir laisser son ego de côté au moins pour un court instant.

— J'ai de l'argent. Et de la tech'. Un costume neuf à la pointe de la technologie en échange de quelques heures de ton temps en Allemagne. C'est un deal plutôt honnête, non ?

En vérité, Peter n'est pas assez stupide pour penser que c'est effectivement un deal honnête. S'il avait été débutant, il aurait sans doute dû refuser ; mais à présent, en sachant qu'une fois le costume entre ses mains il pourra sans aucun doute l'analyser et le faire tourner pour le débarrasser de tous les protocoles de surveillance que Tony Stark aura sûrement installés, alors l'idée est alléchante.

Et, malheureusement, un changement dans son quotidien ainsi qu'une occasion de mettre la main sur la technologie Stark ne le laissent pas indifférent.

— Deux conditions, finit-il par dire en s'étirant avant de se relever.

Tony croise les bras sur son torse. Dans la nuit, son cœur ressemble à une veilleuse pour enfant, comme celles que Peter a vu en allant acheter ses meubles.

— Lesquelles ?

— Le masque ne bouge pas. Essayez de me l'enlever, et on aura un problème.

Un semblant de sourire apparaît sur les lèvres de Tony, comme si le fait que Peter puisse être un danger pour lui était amusant.

— D'accord. La deuxième ?

— Si jamais on doit se battre, ne vous plaignez pas des blessés.

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Head shot | Peter ParkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant