Chapitre 3

59 10 17
                                    

BIP. BIP. BIP.

Mes yeux sont clos. Je suis dans un lit qui sent l'adoucissant de basse qualité.

Autour de moi, je sens du monde qui s'active, des machines qui passent de mains en mains et des gens qui pleurent.

Je sens la misère, la peur, la rage. Je sens des papiers, des stylos, des tremblements.
J'entends des femmes et des hommes qui sanglotent, des adieux, des paroles réconfortantes... Mais ce que je sens le plus, c'est la douleur. Elle me perfore tout, les côtes, les bras, les jambes, mais surtout le dos. C'est une douleur acide, qui te prend pour ne plus te lâcher, et, bordel, qu'est-ce que ça fait mal !

- Évite de trop bouger... me dit une femme. Et n'ouvre pas les yeux. Conseil d'ami... dit-elle en - j'imagine - esquissant un sourire.

Elle me prend le bras et me plante une aiguille dedans et je serre les dents. Je sens du liquide s'acheminer dans mon corps puis, d'un coup, je m'endors.


Il fait noir. Il fait vraiment extrêmement noir. Il y a une odeur vieille, de vieille maison ou de vieille pierre. Seule une lueur violette filtre d'une petite fenêtre, entourée de barreaux. Je suis dans un grand lit, pas t'es confortable, où je ne touche pas le bout. Je me déplace le plus possible, quand j'heurte quelque chose. Ou plutôt quelqu'un... Je m'approche doucement de ce corps qui semble inanimé et le secoue. Je ne suis plus à l'hôpital... Suis-je chez quelqu'un d'autre ? De la famille éloignée ?
Pourquoi je me demande ça ?! La personne qui dort à côté de moi se réveille doucement, et marmonne des choses.

- Euh... excusez moi... qui êtes-vous ? Ou sommes nous ?

- AAhhh !! Sortez de mon lit tout de suite ou j'appelle une infirmière ! Crie l'inconnu qui semble être un homme.

Il regarde autour de lui.

- Euh... On est ou là ?...

- C'est exactement la question que je me pose actuellement... Vous ne savez pas non plus ?

- Alors déjà va falloir arrêter de me vouvoyer, ça fait vieux...

- Quel âge tu as ?

- 16 ans. Et toi ?

- Pareil. J'm'appelle Eva !

- Clement ! Enchanté !

- T'as parlé d'hôpital, t'y étais aussi ?

- Ouais... ça m'étonne que j'arrive a bouger, normalement j'étais hospitalisé et je galérai vachement à bouger...

- Pareil... c'est quoi ton dernier souvenir ? Comment on sort d'ici ?

- J'en sais encore moins que toi, Eva, mais mon dernier souvenir, c'est la piqure d'une infirmière...

- Ok... Moi aussi... Faut qu'on trouve comment sortir d'ici... et je dois savoir où on est...

Une porte s'ouvre à la volée en face du lit et 2 femmes viennent nous sortir du lit. La lumière me pique mes yeux.

- Euh mais vous faites quoi là ?... demande Clement.

- Enfin maître, nous vous amenons à votre petit déjeuner. Vous et votre femme !

- Mais... on ne se connaît pas cette demoiselle et moi... dit-il.

- En effet. Ou sommes nous s'il vous plaît ? Je dois rentrer à l'hôpital !

- Vous êtes une imposteure mademoiselle ? demande une servante.

- Euh... Non non ! Pas du tout !

- Alors vous êtes sa femme !

N'ayant pas vraiment le choix, je les laisse me chausser, pendant que Clement me jette des coups d'œils inquiets. On arrive dans une grande pièce, qui ressemble au moyen âge, toute en pierre. Des tableaux qui semblent très vieux trônent sur les murs et une odeur de poussière plane dans la grande pièce carrée. Au fond, un grand siège, ou une femme nous observe. Elle nous appelle :

- Mon fils, quelle belle femme tu t'es trouvé !

Clement joue bien le jeu :

- Merci mère, oui en effet, elle est assez agréable a la vue. Il hésite à continuer. Ou se trouve le petit-déjeuner ? Ou nous pourrions être tranquilles, ma bien-aimée et moi ?

- Dans l'aile ouest, mes servantes vont vous y conduire. Veuillez disposer !

On part, entourés de servantes, et on arrive dans une salle, ou trône un petit déjeuner magnifique. Des bancs entourent la table de bois vernis, et une nappe blanche en velours cache la table qui a l'air très belle. Les servantes disposent, et on s'installe, côtes à côtes, pour discuter.

- C'est quoi ce bordel ?

- Je sais pas...

- En tout cas tu te débrouilles vachement bien !

- Merci, j'adore les jeux de rôles !

- Je vois ça... Tu saurai pas non plus ou on est ?

- Non pas du tout... Mais niveau époque, on doit être vers le moyen âge vu l'architecture, le dialogue et la manière de fonctionner...

- T'as l'air d'en connaître un rayon... dis-je.

- J'adore l'histoire !

- Fait qu'on trouve comment on a atterri ici...

- J'ai une hypothèse...

- Vas-y, je t'en prie.

- Ok... Alors en gros, dans cette piqûre, c'était un genre de morphine mais plutôt tournée vers la drogue, et ça nous fait délirer dans notre sommeil...

- Mais ça explique pas comment on se retrouve tous les deux dans ce "rêve" et comment on est conscients de ça....

- C'est ça qui me fait douter... C'est impressionnant de réalité, même pour un rêve...

A cet instant, la porte s'ouvre à la volée, et la femme qui doit être la reine entre entourée de gardes. Ella a un air assuré, légèrement dictateur et sa couronne trône sur une chevelure noire de jais. Elle porte une longue et belle robe verte bouteille, en velours, accompagnée de dentelle et de rubans de toutes sortes.

- Mon fils, comme tu le sais, ton père est mort il y a 3 jours, et c'est a toi de reprendre le trône. Cette après midi, aura lieu le couronnement, tu as la matinée pour te préparer ( mentalement comme physiquement ). Je m'occuperai de ta femme.

- Bien. Merci, nous allons disposer et commencer a nous préparer. Dit-il en me lançant un regard inquiet qui dit : " joue le jeu ".

La Reine vient me chercher et Clement part avec des gardes et des servantes. Nous nous dirigeons vers une grande salle, qui est en fait un atelier de couture. La Reine tape la discute, mais je suis pas concentrée. Trop de questions trottent dans ma tête. Elle sort une grande robe blanche, magnifique, mais c'est une robe de mariage.

- Ce n'est pas très approprié... dis-je.

- Je sais bien, mais je vous l'offre, au cas ou vous voudriez vous marier avec mon merveilleux fils.

- Elle est tellement belle... Je ne peux accepter ce présent... dis-je en hésitant sur chaque mot pour paraître crédible.

- Je vous en prie, c'est tout à fait normal, en tant que future belle-mère !

On essaye plusieurs tenues, qui sont toutes magnifiques, mais elle décide ( toute seule, merci bien hein ), de me faire porter une robe bleue canard avec des froufrous partout ( j'adore la couleur mais les froufrous et la dentelle, très peu pour moi...), et elle me l'enfile.

1ère étape, le corset. Quelle horreur ça ! Ça te coupe totalement la respiration, c'est atroce !! Je découvre enfin l'envers des séries, là ou les femmes portent des corsets et tu les vois tu te dis : rooh, elles exagèrent là à faire comme si elles pouvaient plus respirer, mais c'est vraiment ho-rrible. T'as l'impression de mourir...

2ème étape, ben la robe... Moi les froufrous c'est pas trop mon truc, je préfère les t-shirts et les jeans, mais j'avoue que c'est agréable de se faire chouchouter comme ça, et de se sentir belle.

Une fois l'habillage terminé, nous nous installons avec la reine sur deux fauteuils ornés d'arabesques dans un grand jardin.
Les plantes sont belles et colorées, on voit des troupeaux de chevaux sauvages au loin et là arbres sont majestueux et d'un vert presque agressif.
Une odeur ferme plane dans l'air frais et matinal.

Rêve [ EN PAUSE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant