En arrivant chez l'homme, qui se nomme en fait Michael, nous découvrons une grande maison style manoir, aux couleurs vieillies et aux briques rouges. Il a un beau jardin bien entretenu, et des haies bien taillées. A peine passe-t-il le pas de la porte, que ses enfants lui sautent au cou.
Sa femme arrive et l'embrasse tendrement. Elle est très belle, et elle est vêtue d'une robe de soie rose cotillons, et un chapeau de paille surmonté de fleurs.- Qui sont ces personnes ? demande-t-elle en nous désignant d'un regard inquiet.
- Ce sont des amis, je leur permet de loger à la maison le temps de notre voyage, c'est-à-dire, jusqu'à demain soir...
- Bien. Je vous fait visiter avant de partir ? nous demande-t-elle gentiment, le regard adouci.
- Avec plaisir. dit Clement.
Nous visitons donc les nombreuses pièces, les salles d'eau, chambres, salons et salles de thé. Tout est merveilleusement soigné et bien rangé, comme pour toujours pouvoir accueillir quelqu'un. Après une discussion avec la famille, ils partent en calèche et nous laissent là, dans cette immense bâtisse, sans vie et en même temps tellement belle...
Dès qu'ils partent, le silence est de mort. Nous montons timidement dans nos chambres, de peur, comme si on pouvait croiser le fantôme des gens qui ont habité ici avant eux, et avant nous.Ma chambre se constitue modestement d'un lit aux draps de dentelle et aux nombreux édredons blancs. Il y a aussi une belle armoire de bois foncé, surmonté d'arabesques et d'un miroir, où je vois mon reflet fatigué.
Je cherche des habits neufs et propres dans les étagères, et je déniche une robe bleue ciel, aussi légère qu'une plume. Je la met, et me regarde dans la glace. Je me sens si importante, à ce moment là, si belle, si grande.
Je m'assois sur le lit, tout d'un coup épuisée, malgré que je vient de dormir il y a à peine une heure trente... Je me dit que je repars peut-être dans mon monde...Soudain, trois coups résonnent à ma porte.
- Oui ! dis-je.
Clement entre timidement, et son visage s'illumine quand il me voit. Il me sourit gentiment et me dit :
- Ça te va très bien...
- Merci. Je l'ai trouvée dans l'armoire.
- Cette maison est incroyable, elle est immense... J'ai trouvé une grande bibliothèque !
- C'est fou... dis-je doucement.
Il s'assoie à côté de moi, sur mon lit, et enroule son bras autour de mes épaules. Je me sens bien, et mes muscles se détendent instantanément.
Après quelques minutes dans cette position, je me décide de visiter de fond en combles la vieille maison.
J'aime tout.
Ses papiers peints, ses murs de pierre, ses escaliers de bois, ses murmures, ses fantômes, son passé... Tout est beau, vieux, et beau. Quand j'entre dans la bibliothèque que Clement m'a parlé, je sombre dans un rêve.
Enfin, façon de parler...
Des centaines et des centaines de livres trônent sur des dizaines d'étagères qui recouvrent tous les murs, comme dans les films... Après bien une heure à regarder tous les livres, à caresser les reliures de fils dorés et les couvertures de velours, je sors de cette pièce merveilleuse.Clement prépare un ragoût, ou une soupe, je ne sais pas trop...
- Alors ? Des découvertes ? me lance-t-il.
- La bibliothèque est magique ! dis-je, comme une enfant.
- T'as vu ? C'est un rêve... Jamais j'ai vu une maison aussi... grande et vieille, et belle, accessoirement... C'est fou... Mais j'aimerai bien savoir qu'est-ce qu'on fait là quand même...
- Moi aussi... mais on pourrait aussi juste profiter, tu ne crois pas ? De cette aventure, et tout...
- Oui, mais j'aimerai savoir comment ça se fait...
- Je comprends...
- Y a un champ à côté, va le visiter, ça t'occupera.
- Je suis si insupportable que ça ? dis-je en lui donnant un coup de coude.
- Oh oui, et beaucoup plus encore !
- Gna gna gna ! je lui dit avant de sortir de la maison en riant.
Je marche sur les pierres disposées en un petit chemin. De loin, je vois des nuances de couleurs éclatantes, et je me demande bien ce que c'est.
Quand j'arrive, je découvre que c'est un champ de fleurs de toutes les couleurs. Des jeunes enfants courent et jouent dans le champ, ambiance la petite maison dans la prairie, et sur le moment ça m'a fait sourire.
Je m'assied dans les fleurs, et regarde la mer, qui s'agite, et où les vagues sont toujours plus grandes. C'est beau la mer. Rien est interdit, tout est beau.
On a l'impression d'être dans l'espace, en apesanteur. C'est elle qui nous nourrit, c'est elle qui nous a tous fait naître, c'est notre mère. Sans la mer on serait pas là, et j'aurai jamais vécu ça. Waouh, qu'est-ce que je suis ennuyante ! Me dis-je en riant. Le soleil se couche et je me lève pour rentrer.Arrivée dans la maison, je vois Clement avec une autre jeune homme, une serviette sur le corps, les habits trempés. J'interroge mon compagnon d'aventure du regard, et il dit à l'homme d'attendre ici.
- C'est qui ? dis-je, méfiante.
- Petit problème...
- Quoi ? Tu vas me dire qui c'est ?
- Il est comme nous. Il vient de l'hôpital aussi, et il a pris de la morphine, ce qui l'a plongé dans le même monde que nous...
Je me sens vaciller, et mes jambes se mettent à trembler. Je m'assois sur une marche de l'escalier pour reprendre mes esprits.
- Il est venu de la plage, il s'était échoué, et aucun souvenir d'avant... Il vient d'arriver, il est terrorisé...
- Tu veux qu'on l'héberge, c'est ça ?
- Tu me poses sincèrement la question ? Bien sûr, il pourrait nous aider...
- Et on dira quoi à la famille ??
- On partira avant qu'ils reviennent... On part demain en début d'après midi...
- Quelle galère... Sinon il s'appelle comment ?
- Alexi. Il a aussi 16 ans.
- Il a eu quoi comme accident ?
- C'est les seules infos que j'ai pu tirer...
- Faut qu'il parle de ce monde à personne. Faut lui dire.
Je me lève et vais voir "Alexi".
- Salut, tu t'appelles Alexi, c'est ça ?
Il hoche de la tête comme un enfant apeuré.
- Ok, moi c'est Eva.
- J'étais juste à l'hôpital, et là, je tombe ici... C'est quoi cette histoire ?? Dit-il, terrorisé.
- On sait pas non plus... On cherche, crois moi... Nous aussi on était à l'hôpital... On pense que ça a un rapport avec la morphine, mais on est sûrs de rien...
Après ça, il n'a plus prononcé un mot de toute la soirée... C'était assez glauque, étant donné qu'on ne le connaissait pas...
VOUS LISEZ
Rêve [ EN PAUSE ]
PertualanganEva, 16 ans, se fait violemment percuter par un inconnu. Clément, commence des séances de kiné et essaie d'oublier son passé. Charline, enquête sur l'agresseur de sa meilleure amie. Benoît, fait le deuil de son ancien ami décédé et rencontre quelqu'...