24)VERITÉ

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AU ROYAUME DES SORCIERS

ANNA

DES SEMAINES PLUS TARD...

J'apportais un plateau de fruits à la Reine lorsque je l'entendis en pleine conversation avec son ancien assistant. Je me suis alors arrêtée près de la porte de ses appartements pour les écouter.

_Ma reine, pourquoi m'avez-vous congédié ?

_Parce que tu parles trop et tu es pire qu'un entonnoir déguisé en sénile. Tu es pareil à une pipelette. Tu croyais que je ne saurais pas que c'était toi qui étais allé dire au roi que Samir est son fils, m'obligeant ainsi à le tuer. Estime-toi heureux que je ne t' égorge pas ou te fasse crucifier. Maintenant, fais-moi le plaisir de prendre tes affaires et de sortir de mon palais.

_OUI ! JE L'AI FAIT, ET SI C'ÉTAIT À REFAIRE, JE LE REFERAIS. VOUS AVEZ UNE DENT CONTRE SA MÈRE MAIS SAMIR NE VOUS A RIEN FAIT. LE TRÔNE EST À LUI, NON PAS À TOI. VOUS ÊTES UNE ARRIVISTE ET UNE DESPOTE QUI PREND LE PEUPLE COMME TES MARIONNETTES QUE TU MATES À TES FINS..., élevait-il (Amar) la voix.

_JE RÊVE OU QUOI, TU AS L'AUDACE DE ME TENIR TÊTE MOI, TA REINE ET CELLE DE TOUTES LES SORCIÈRES, houspille Sarah avec des yeux injectés de sang. GARDES, AMENEZ-LE AU CACHOT ET METTEZ-LUI LES CARCANS LES PLUS ASSAILLANTS QUE VOUS AVEZ, ordonne -t-elle toujours aussi enragée.

J'allais m'en aller au plus vite mais j'ai un peu traîné, ayant un pan de ma robe coincé je ne sais comment en bas de la porte. Les gardes qui arrivèrent en cavale m' harpérent par les cheveux momentanément, puis me jetèrent à l'intérieur, sous les pieds de Sarah.

_Linguère, nous l'avons surprise en train de vous espionner, dit le général des gardes.

_TRAITRESSE ! dit la reine en saisissant mon menton. Dis-moi pour qui travailles-tu, pour le cercle des sorcières, n'est-ce pas ? C'est ces maudites vieillottes qui t'envoient... PARLE !

_Non... dis-je.

_Mensonge ! Tu mens, dis-moi la vérité.
-...

_C'est ça, tu veux jouer à ça avec moi. Soldats, liez-la avec la même chaîne à Amar et enfermez-les dans la geôle des supplices.

Nous fûmes menés impitoyablement jusqu'à un endroit sombre et infesté de créatures méandres aux yeux rouges vifs. Les gardes furent ravis de nous y laisser. Par chance, j'avais toujours mon téléphone, alors j'appuyais sur la torche qui donna un peu de lumière à l'espace.

_C'est quoi cette chose ? me dit Amar, curieux.

_Ah ça, c'est un téléphone.

_Un télé... quoi ?

_Un téléphone... ce n'est pas important, ce qui compte, c'est qu'il nous fournit de la lumière.

Amar sourit, enjoué.

Pendant que mon compagnon de cellule essayait d'écarter les monstres-serpents à l'aide d'un bâton qu'il avait ramassé à ses côtés, j'essayai de joindre Samir, mais sans résultat.

_Ce que tu avais dit tout à l'heure, est-ce la vérité ? Samir est-il vraiment l'héritier légitime du trône... ? questionnai -je Amar.

En me tournant vers lui, je fus stupéfait de le voir endormi. Il devait être crevé, je pense. Il fallait que je communique la nouvelle à Samir par tous les moyens.

Je fermai les yeux alors pour penser à ce que je devais faire. Au final, je convoque grâce à une flûte magique Nour, mon ami pigeon voyageur. Son apparition illumina le cachot de fond en comble.

_Anna... Pourquoi es-tu dans ce lieu immonde ? s'exclama le pigeon magique.

_J'ai besoin que tu m'amènes ce petit message à la cabane et que tu le donnes à Samir. Tu le connais, n'est-ce pas ?

_Oui...

Machinalement, je griffes un bout de parchemin déchiré qui traînait par terre, j'arrache une des plumes de l'oiseau qui cria de douleur "Aïe Aïe" et je me servis de mon sang comme encrier pour écrire enfin quelques mots "Samir, tu es le fils du roi et donc le trône te revient de droit".
C'était tout. J'enroulai la feuille et la cédai au pigeon messager. Celui-ci disparut dès que je sifflai de nouveau sur la flûte. Au final, je posai délicatement la tête par terre. Une larme cependant s'échappa de mes yeux. J'ignorais si je sortirais un jour de cette prison ténébreuse.

SORAYA

Après avoir revisité mon cube magique qui me révéla une image de Samir, j'appelles mes consœurs pour une nouvelle concertation autour de la table décisoire.

_Mes chères sœurs, Samir est vivant parmi nous. Je ne sais pas comment il a fait pour survivre dans la forêt des démons où il fut envoyé, dis-je debout devant les autres membres du cercle.

_Que prévoyez-vous de faire ? m' interrogea Sophia, comme d'habitude.

_Voyons, c'est simple, mes sœurs. Le fait que Samir soit vivant est un atout que l'on doit exploiter pour atteindre Anna. Je commence à cerner les choses, en effet, Anna est amoureuse de Samir et cet amour atténue en elle peu à peu sa flamme de démons et ses artifices démoniaques. Cela dit, si l'une de nous prend l'apparence de Samir, elle pourra se saisir d'elle sans subterfuge.

_Je sais ce qui me reste à faire : uniquement me baigner dans le petit puits tumultueux de la métamorphose, se désigne Sophia, prête à prendre le risque que les autres voulaient éviter, c'est-à-dire s'enfoncer dans le puits où l'eau en agitation continuelle achève de vous engloutir dans son sein si vous n'êtes pas assez résistant. Y ressortir avec sa vie est un miracle...

Sophia, sous le regard craintif des autres, attacha ses cheveux en nœud, enleva ses bijoux et prit la direction du puits qui se trouvait dans un jardin en dehors de la salle de réunion, là où les fleurs fanées se racornissaient en se peignant d'une couleur grisâtre. Pour m'assurer que tout se passe bien, j'accompagnai Sophia qui, arrivée face au puits, s'élança dedans à la manière d'un poisson. Les eaux soudain  boullonnèrent laissant émerger des bulles dans l'air humide.

De là où j'étais, j'entendis des hurlements aigus qui me poussèrent à appliquer mes mains sur mes oreilles, n'en pouvant plus d'écouter de tels sons déplaisants et offensifs aux tympans. De temps en temps, les cris se tarissaient pour laisser place à un silence endeuillé. Des corbeaux passèrent dans le ciel en forme d'anneaux. On dit souvent que leur apparition est de mauvais augure. Je tressaillis en y pensant et je plongeai les yeux dans l'intérieur du puits pour vérifier si tout allait bien. Malheureusement, c'est avec navrance que je constatai que l'eau du puits s'était colorée d'un rouge-sang. J'ouvris les yeux à l'extrême, tout en martelant une pensée : "Qu'est-ce que cela signifie ?"
_HÀ ! HÀ ! Elle est morte, Sophia est
morte, vous l'avez sacrifiée ! Vous l'avez sacrifiée ! HA ! HA ! HAAAAA ! répétait une voix sourde aux grands éclats qui faisaient chavirer les arbres rasés.

Je me penchai à nouveau sur le puits et vis un énorme titan roux en sortir bout à bout, avant de s'afficher complètement avec sa tête que j'apercevais au loin dans le ciel..

À SUIVRE

HÉRITAGES De Deux SosiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant