CHAPITRE 13 : Autodestruction.

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Ses mots étaient censés me rassurer. Mais finalement ils ont fait tout l'inverse.

Car quelque chose en moi s'est brisé. J'étais encore dans le déni. Mais je ne redeviendrai jamais celle que j'étais auparavant. Jamais.

Déjà quatre jours qu'il est retourné à l'hôpital. C'est très dur, mais chaque matin je me lève très tôt pour tenter de décuver.

J'ai quelques astuces dans ma manche, grâce aux réunions de Brianna auxquelles je devais assister alors que la veille au soir j'étais à deux doigts du coma éthylique.

Première étape se lever aux aurores. Deuxième étapes régurgiter tout l'alcool et la bile possible que contient l'estomac, jusqu'à en être quasiment desséchée. Troisième et avant-dernière étape, boire un ou deux litres d'eau. Puis pour finir, allez se recoucher pendant deux ou trois heures en espérant avoir meilleure mine ensuite. Et ça marche.

Puis, j'essaie de rester sobre jusqu'à l'arrivé de Núria. Je reste enfermée dans les toilettes, seul endroit où il n'y a ni alcool, ni médicaments ici.

Nous avons convenu qu'elle viendrait tous les jours de onze heure à six heure du soir. Pour passer du temps avec moi. La vérité est que c'est Dyab qui l'a exigé. Quel casse-couille lui. Même à moitié mort il a le don de faire chier le monde.

C'est triste à dire mais je reste pas sobre pour moi, ni pour elle. Je reste sobre car je n'ai nullement envie d'être surveillée. Je reste sobre pour pouvoir être encore plus défoncée par la suite. Quelle ironie !

Quand je ne bois pas, je dors. Je dors de longues heures. Presque quinze heure par jour. Mais pourtant, je reste toujours autant fatiguée.

Bref, je suis en train de péter les plombs.

J'attends impatiemment l'arrivée de Núria, assise sur la cuvette des toilettes. Ma jambre tremblote nerveusement, et je ronge mes ongles. Je reste concentrée sur le vide. Je ne prends pas le risque de traîner sur mon téléphone, on ne sait jamais. Si je tombe sur un TikTok, un post Instagram où il boivent entre amis, ou je ne sais quoi, je ne vais pas tenir.

La sonnette de la porte d'entrée me fait relever les yeux.

Rapidement, je me lève et je quitte la pièce pour lui ouvrir. Je redécouvre son éternel sourire. Son petit cabas en main, elle me salue et rentre.

Estimada ! (ma chérie) J'ai un programme pour toi !

— Bonjour Núria.

— Vire-moi ce pyjama en vitesse. On t'attend.

— On ?

Elle ne me répond pas, puis elle retourne dehors. Un peu troublée, je marche toujours avec difficulté jusqu'à ma chambre. Je prends les premiers vêtements que je trouve. Aujourd'hui il fait assez chaud. J'opte pour un débardeur blanc et un short basique.

Je me lave en vitesse. J'enfile des sous-vêtements, puis mes habits.

Sauf que mes yeux restent bloqués sur mon reflet dans le miroir. Je n'arrive à m'en détacher. J'ai l'impression de regarde un putain de monstre.

Le sang qui jonche mes mains continueras de me salir éternellement. Six. Six personnes que j'ai tué de manières cruelles.

Mon corps n'est autre qu'une œuvre d'art abimée et lessivée par le temps et les émotions. Des brûlures, des cicatrices, des hématomes éternelles, habillent ma peau sur tous ses recoins.

Je suis à gerber. À vomir.

Mais c'est à croire que mon cerveau aime souffrir, car même avec tous les efforts du monde, je n'arriverai à ne plus me regarder. Je suis comme hypnotisée par cette horreur qu'est mon corps. C'est comme si il avait un penchant pour l'autodestruction.

Addicted to you (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant