// ... Chapitre dix-huit ... //

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"Made of" - Viola Martinsson


La ville grouille d'orc, c'est un véritable enfer. J'avance difficilement, essayant d'en éliminer le plus possible sur mon passage, mais les ombres noires déferlent des rues de tous les côtés. Quand en viendrons-nous à bout ? Je reprends mon souffle après plusieurs minutes de combat acharné et contemple la désolation. Les hommes, les orcs et les elfes jonchent le sol, il y a du sang partout sur les pavés. Je porte une main à ma bouche face au spectacle sous mes yeux. Le pic d'adrénaline qui jusqu'à maintenant m'avait épargné de cet effroyable spectacle redescendait.

J'arpente les rues les unes après les autres, tuant chaque créature noire sur mon passage, quand je tombe sur une place. Mes yeux scrutent les elfes en rang, immobiles sans comprendre.

Pourquoi ne se battent-ils pas ? J'aperçois le roi Thranduil plus loin, discutant avec son conseiller. Ils ne veulent plus se battre. Cette évidence me broie l'estomac. Nous sommes déjà si peu nombreux... Après, c'est moi « l'incapable » hein ? La colère me prend, forçant mes pieds à avancer vers lui.

- Alors, vous abandonnez ?

Il se retourne, oubliant son chef de guerre un instant pour plonger son regard dans le mien.

- Pensez-vous pouvoir me faire la morale ?

- Je crois que oui. Après vos grands discours de reproche à mon égard, vous retirez votre armée ?

- Trop de sang a coulé. C'est assez.

- Et quand les orcs atteindront votre royaume, que vous serez seul contre tous, pensez-vous qu'il coulera suffisamment ?

Il a fait un pas en avant et j'ai dû reculer face au regard de haine qu'il me donnait.

- Je vous interdis de tenir de telles paroles devant moi. Vous n'êtes rien d'autre qu'une petite garce, venue ici grâce à deux magiciens de pacotilles. Vous ne savez rien de ce monde, pourtant vous vous permettez de me faire de puériles leçons de morale. Aller mourir dans l'ombre, vous terrer dans les ténèbres de votre misérable vie.

Ses yeux étaient injectés de sang, alors qu'il avançait d'un pas vers moi à chaque mot. J'ai bu ses paroles vénéneuses sans comprendre la raison de ce déchainement de violence.

- Vous n'êtes qu'une erreur... Une erreur de jugement, vous n'avez aucune autre utilité que celle de tuer. Un jour vous vous en rendrez compte et votre force vous dévorera de l'intérieur... ça vous transformera et vous deviendrez celle qu'il faut abattre.

Je ne sais pas quand il est parti. Je suis restée à réfléchir sur ces dernières phrases. Qu'avaient fait les autres ? Qu'ont-ils bien pu faire pour avoir droit à tant de haine ?

Un relent de dégoût me passe sur le cœur avant de partir à la recherche de Gandalf. Il sera quoi faire, n'est-ce pas ? Le convaincre de ne pas les abandonner. Si je ne peux pas y parvenir, alors peut-être que lui oui...

Je tranche encore un orc de colère, puis enfonce la garde de Nordeline dans la gorge d'un autre. Que la peste soit sur cet elfe, comme dirait Balin. Il est rare que je déteste quelqu'un, mais là, c'était le cas et au plus haut point. Je ne comprenais pas ces paroles, mais cela ne fait pas de moi la même personne que mes prédécesseurs... N'est-ce pas ?

Après plusieurs longues minutes de recherche et de réflexions, j'ai fini par apercevoir Gandalf avec Bilbon sur une terrasse.

- Gandalf !

Ils se retournent tous deux vers moi en entendant mon cri.

- Par les Valars Maliha ! gémis Bilbon.

Je le regarde incrédule avant de comprendre que mes vêtements sont recouverts de sang, autant du mien que celui noir des orcs.

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