// ... Chapitre cinquante ... //

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"Rapture" - Jacknife


Ils étaient là, les dix-mille Uruk hai. Lance à la main, trépignant presque de hâte. Dans un élan élégant, elle grimpa sur la corniche du rempart. D'ici elle les surplombais du regard. Elle les vit râler et la colère monta en elle, sa peau frissonnait de rage et de dégoût. La jeune femme sautilla doucement pour se donner du courage en enfonçant le cuire entre ses doigts d'un geste mécanique.

Aragorn cria un ordre dans la nuit et les hommes bougèrent à l'unisson pour prendre leur position de combat. Les bras furent tendus, les mains prêtes à prendre une flèche.

Une des deux lames sortit du fourreau et s'insèra parfaitement dans le deuxième pour n'en former qu'une brillante dans la main de la titan. Un éclair jaillit des nuages, éventrant le ciel noir. La pluie tomba alors sans prévenir dans un bruit d'acier tonitruant et Laureline luisa. Aragorn hurla un nouvel ordre, les flèches furent placées à la corde, puis tendues des bras tremblants.

"Il est temps, Maliha"

Résonna la phrase dans l'esprit dans son esprit. Elle serra encore un peu la lame dans sa main pour se donner du courage.

Un simple regard... Un simple regard entre elle et l'elfe qui tenait fermement son arc et la panique se peignit sur le visage parfait de celui-ci. Mais déjà l'âme s'engouffrait dans la chaleur douce de la noirceur et le vert triste devient un brun mourant. Elle a presque souri en le voyant bouger dans un dernier recours. Il finit par comprendre le dernier mot qu'elle lui avait adressé : "soit" qu'elle avait murmuré dans un souffle de souffrance. L'arc tomba a terre pour un dernier geste de regret, mais elle se laissait déjà tomber du rempart sous un éclair blanc.

Ses pieds rencontrèrent le sol et son genoux plongea dans la boue molle et glaçée pour amortir la chute brutale. L'humidité agrippait déjà ses vêtements, mais elle n'en avait que faire. Ses yeux se levèrent pour s'accrocher à une seule chose: son objectif, les créatures devant elle. La pluie dégoulinait des mèches blanches, son cœur battait fort dans sa poitrine, mais elle ne saurait dire si c'était de peur ou de rage. Le rythme lent et carnassier s'infiltrait dans ses oreilles, envahissant d'adrénaline chaque veine et chaque muscle.

« Le danger est bien réel, mais la peur est un choix, Maliha ». Lui avait dit son ami un jour. Elle se releva doucement, plaçant Laureline sur son épaule et commença à marcher vers l'armée d'une démarche presque calme.

Elle s'arrêta finalement à vingt mètres environ. La lame quitta son épaule pour être placée à côté d'elle, reposant lâchement dans la boue ; de toute manière elle sera bientôt noire de leur sang... L'Uruk hai sur la roche hurla de fureur, elle vit son visage se déformer sous la colère. Le moment était donc arrivé... Ses yeux se fermèrent, attrapant la concentration pour ralentir le rythme cardiaque délirant.

Devenir l'arme sans vie. Se transformer en ombre de mort, sans sentiments, sans souffrance....

Son cœur se mura pour le protéger de l'horreur. Protégeant le peu d'innocence qui lui restait, le peu d'humanité qui faisait d'elle ce qu'elle avait un jour été, une ignorante... Faire prendre vie à l'arme. Devenir une partie de Laureline, un prolongement d'elle et non le prolongement de son bras, ne faire qu'un avec l'acier. Toute aussi froide, toute aussi tranchante, toute aussi inanimée, sans empathie et sans regret. Devenir le personnage qu'elle avait créé sous l'encre bleu roi de sa signature, l'arme incarnée de la mort.

Elle ouvrit les paupières, dévoilant l'œil rouge sang et s'élança dans une course mortelle. Le sang chauffait à chacun de ses pas, ses muscles se tendirent et ses yeux s'agrandirent à mesure que la distance fut avalée.

TITANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant