Solstice d'hiver, le Royaume d'Uverin entier est en panique.
La nouvelle qui court les rues fait des ravages: le promis du Prince a disparu.
Alors quand sa retrouvaille promet une jolie récompense, certains citoyens s'hâtent un peu trop et le pauv...
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Le voyage s'était plus ou moins fait sans encombre. Certaines crêtes et virages serrés avaient bien faillit envoyer valser Jimin par dessus sa monture mais heureusement pour lui, Mino avait toujours été à l'affut. En parlant de ce dernier, il ne s'était pas gêné et lui avait tenu la jambe toute la journée, racontant des anecdotes toutes plus farfelues les unes que les autres sans le laisser en placer une. Si Jimin était certain d'une chose, c'était bien qu'il était exténué.
Ses paupières étaient lourdes alors que les premiers bâtiments se dessinaient devant eux. Ils traversèrent les champs et les villages entourant la capitale jusqu'à atteindre la forteresse qui encerclait la ville. Un mur d'une hauteur vertigineuse s'élevait devant les yeux émerveillés de Jimin et bientôt, la lourde herse qui gardait l'entrée se souleva et la petite armée pénétra dans l'enceinte. Changbin fut le premier à traverser la porte et immédiatement, des acclamations s'élevèrent. Jimin resserra ses doigts sur la bride de son cheval.
Un nouveau monde s'ouvrit sous ses yeux alors qu'il franchissait l'entrée à son tour, talonné de près par Mino qui le rattrapa bien vite. Notant le trouble du garçon à ses côtés, il reprit discrètement les reines des mains du blond et rapprocha son cheval du sien. La foule était compacte et s'étendait sur des kilomètres, suivant le cortège dans sa traversée vers les portes du palais situé au centre de la capitale. L'architecture était bien différente de tout ce dont il avait l'habitude. Tout semblait plus dense, plus riche, plus... mieux. Des maisons à colombages hautes et étroites collées les unes aux autres se succédaient alors que les chevaux avançaient sous les applaudissements et les cris des citoyens. Du haut de sa monture, Jimin avait du mal à garder son sang froid alors que tous les regards étaient rivés sur lui.
— Nous arriverons au palais d'une minute à l'autre, murmura Mino alors que le groupe avançait toujours. Là-bas, tu devras te mettre une bonne fois pour toute dans ton rôle et tu n'auras plus droit à l'erreur.
Un frisson parcouru l'échine du blond alors que ses yeux captaient ceux du brun à ses côtés. Pour une fois, il avait cet air sérieux collé au visage.
— Les domestiques ainsi que le Roi Consort seront présents à notre arrivée, personne d'autre.
Alors il ne rencontrerait pas son prince cruel tout de suite ? Jimin ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Cependant, une épreuve de taille se présentait à lui. Il devait rencontrer le roi consort et il n'avait absolument pas le droit au moindre faux-pas. Perdu dans ses pensées, c'est quand la paume chaude de Mino se posa sur son épaule qu'il releva enfin la tête. Ils étaient arrivés.
— Tout va bien se passer. À toi de jouer maintenant.
Jimin garda ses yeux ancrés quelques secondes dans ceux du brun, à la recherche du moindre réconfort qu'il pouvait trouver. Il essuya nerveusement la paume de ses mains sur ses cuisses alors qu'il sentait poindre les tremblements incontrôlables de ses doigts. Devant lui se dressait une bâtisse des plus impressionnantes, une prouesse architecturale de pierres taillées et d'alcôves qu'on ne trouvait nulle part ailleurs. C'était le palais royal et c'était à mille lieux de ce à quoi Jimin était habitué. Ici, tout semblait démesuré. La ville en elle-même, le palais, les jardins qu'il découvrait alors que le cortège pénétrait l'enceinte du palais. Des centaines d'arbustes, de fleurs et de plantes, des bancs et des fontaines. Un écosystème particulier semblait s'y être développé et si on regardait de plus près, on voyait les allées et venues des domestiques qui s'afféraient comme des fourmis.
Les sabots claquèrent une dernière fois contre les graviers de la cour et la troupe s'arrêta au pied d'un escalier de marbre qui menait aux portes du château. Sur ses marches se tenaient une dizaine de domestiques alignés avec une rigueur militaire. Chacun était courbé pour saluer les nouveaux venus mais ce qui retint l'attention de Jimin fut l'homme qui se trouvait au milieu. Démarqué par sa posture et son apparence, il était absolument resplendissant. C'était le genre d'homme à qui on ne pouvait donner d'âge. Son visage paraissait jeune mais la lueur au fond de ses iris reflétait une maturité qui ne pouvait s'acquérir qu'au fil des années. Il était vêtu d'une tenue des plus sophistiquées mais rien ne permettait de dire si la beauté venait du vêtement ou tout simplement du corps qui le portait. Par dessus ses épaules une cascade de cheveux d'un noir profond et au grès des reflets de la lumière, ils prenaient des teintes bleutées qui contrastaient avec la pâleur de sa peau. Cet homme était une véritable beauté, il n'y avait aucun doute possible sur son identité.
— Votre majesté Roi Consort, salua Changbin après avoir mis pieds à terre.
Il courba l'échine dans une révérence gracieuse et rapidement, le reste de la troupe suivit. Jimin descendit maladroitement de son cheval, manquant de tomber une nouvelle fois à la renverse. Il s'inclina à son tour.
— Général Changbin, c'est un plaisir de vous revoir.
Le Roi consort le salua en retour et Jimin eu du mal à détacher ses yeux de sa carrure délicate. Cet homme semblait détenir un pouvoir immense. Ses yeux reflétaient une autorité singulière, forte mais tendre à la fois. Digne d'un consort.
Soudainement, l'attention du consort se tourna vers lui. Jimin sentit un frisson courir le long de son épiderme alors que ses yeux accrochaient ceux du consort.
Il n'avait plus le droit à l'erreur.
— Votre majesté.
Sa voix dont il réussit à cacher les tremblements remplit l'espace et il s'inclina une nouvelle fois, mettant en œuvre tout ce qu'il avait eu le temps d'apprendre avant son départ.
— Park Jimin ?
Il avala difficilement sa salive et se redressa après de longues secondes. Il acquiesça alors que le consort entreprit la descente des quelques marches qui le séparaient des nouveaux arrivant. Lorsqu'il atteint les graviers du sentier, ses pas n'émirent aucun bruit. Ce fut comme s'il ne faisait qu'effleurer le sol.
Les quelques mètres qui les séparaient furent rapidement franchis et bientôt, le consort se tint juste devant le blond qui se sentit trembler d'appréhension. Le visage d'abord inflexible, l'expression du consort se réchauffa et un doux sourire étira ses lèvres.
— Si tu savais comme j'étais impatient de ta venue. Je suis ravi que tu sois enfin là !
Un petit rire lui échappa et Jimin sentit son corps se détendre quelque peu. Cet homme n'était pas terrifiant comme il se l'était imaginé, du moins pour le moment. Une chose était sûre, le consort était enchanté de sa présence et ça ne pouvait qu'être une bénédiction. Il devait saisir cette chance et mettre l'époux du roi dans sa poche.
— Votre majesté, je suis certainement le plus heureux d'entre nous tous, dit-il alors qu'il tentait enfin de rentrer dans son personnage.
Ces mots sonnèrent faux dans sa bouche mais l'homme n'y vit que du feu. Appréciant la remarque, son sourire s'intensifia. Il s'emblait avoir du mal à se tenir en place tellement il était excité.
— Allons, ne perdons pas plus de temps. Je dois m'occuper de toi, tout doit être parfait pour le mariage de mon fils !
Il n'eut même pas besoin de faire signe aux domestiques que ces derniers avaient déjà rejoint les membres du cortège pour les aider à débarrasser les bagages.
— Bien, suis-moi.
Ravi, le consort lui attrapa le poignet et Jimin eu à peine le temps de jeter un dernier regard vers Mino qu'il se fit entraîner à l'intérieur du palais.
