02. Une nouvelle au lycée

69 4 3
                                    


TW : Belle gosse.


Ça aurait été si simple, si cette année avait été à l'image de cette semaine. Mais hélas, il fallut que la situation m'échappe.

Le lundi, j'arrivais au lycée, heureuse, ayant hâte de retrouver l'homme de ma vie. Je le plaquai sauvagement au mur en l'embrassant langoureusement, caressant ses longs cheveux. 

Je me sentais bien avec lui, avec cette sensation que tout le monde nous admirait. Soudain, il s'arrêta et j'approchai mes lèvres des siennes pour prolonger le baiser. 

Mais il était trop occupé à regarder ailleurs. Je tournai alors la tête pour observer la source de son désarroi, et je vis quelque chose de très horripilant. 

Une bombe atomique venait de traverser la cour du lycée.

Elle était brune, les yeux noirs comme l'ébène et un corps de latina à en faire pâlire Shakira. 

Bien que je fus au premier abord sidérée par la beauté de cet ange tombé du ciel, je repris vite mes esprits et fut choquée de constater que tous les regards se tournaient vers elle et non vers moi. 

L'opinion générale avait tranché : Amber Smith était détrônée.

Plusieurs options se présentaient à moi : l'ignorer en continuant de faire comme si elle n'était pas là, ou alors, aller la voir et remettre les choses en place. 

Cependant, mon ego m'empêchait d'aller la voir, en sachant que la comparaison serait inévitable si on se retrouvait l'une à côté de l'autre. Et malgré ma confiance en moi, je savais bien qui l'emporterait dans cette quête de pouvoir.

La latina se dirigea vers un groupe de filles et demanda haut et fort, avec un léger accent de cartel :

- Où puis-je trouver la salle d'anglais ? 

Je fus étonnée qu'elle soit dans la même classe que moi, mais me dis que ma supériorité était sans égale, surtout dans ma langue natale. D'autant plus face à une latina. 

Tout le monde sait que les hispanophones sont nuls en anglais. 

J'arrivais donc très sûre de moi pour le cours d'anglais qui allait suivre. Je m'asseyais à ma place habituelle, près de Scott, l'homme de ma vie. 

La professeure ne tarda pas à entrer, accompagnée de la beauté tombée du ciel et d'un jeune garçon que je n'avais pas remarqué jusqu'ici. Je devinai que ce dernier était son frère jumeau, au vu de la ressemblance plus que frappante. Je remarquai d'ailleurs que les regards que je pensais au premier abord essentiellement dirigés vers la fille, étaient en fait partagés avec son frangin.

Ma pensée se confirma lorsqu'il ouvrit la bouche et que toutes les filles se mirent à glousser telles des otaries. C'était donc bien lui qui attirait le regard des filles !

Ils se présentèrent donc devant la classe et j'appris que leur nom étaient Valentina et Ruis Fernandez. Ils étaient colombiens et venaient d'arriver en France. 

Je fus étonnée de voir qu'ils parlaient parfaitement français. Ils expliquèrent que leurs parents, d'une grande célébrité, étaient des passionnés de la langue de Molière, et que par conséquent ils tenaient à ce que leurs enfants apprennent cette si belle culture.

La professeure demanda à Ruis de se mettre près de l'intello de la classe, dont je ne connaissais pas le nom car inintéressant. Elle demanda ensuite à Valentina de se mettre à côté de moi, puisqu'elle avait sûrement besoin d'aide, et que j'étais incontestablement la meilleure en Anglais. C'était le cas dans tout ce que j'entreprenais d'ailleurs.

Le cours commençait à peine que cette peste réussissait déjà à m'énerver. 

En effet, elle répondait à chacunes des questions de la professeure avec une justesse et une implication telle la pétasse dans Ducobu

Au départ, j'avais contre-attaqué en répondant moi aussi aux questions de la prof. Mais, très vite, j'avais réalisé que cela était un aveu de faiblesse et décidais donc de ne pas parler de tout le cours, sauf pour faire des réflexions sur ses réponses à elle.

Quand le cours fut enfin fini, je me dirigeais vers Annaëlle, Soanne et le reste du groupe des filles populaires. Bien sûr, beaucoup moins que moi.

Je leur racontais le cours d'anglais, et l'enfer que j'avais vécu à cause de la nouvelle bomba latina. Je leur rapportais en détail les événements et les raisons de ma colère : la volonté de cette pétasse d'être supérieure à moi.

Elles se mirent à rire, et quand je leur demandais la raison, Annaëlle m'expliqua que c'était sûrement dû à ma soit disante jalousie qui me poussait à la haïr. Elle suggéra que la solution était que je me rapproche d'elle et appela donc au loin la nouvelle. J'allais la castagner, mais la nouvelle surgit et je me ravisai.

- Holaaa ! dit-elle, avec une voix à m'en hérisser le peu de poil que je n'épilais pas. 

Les filles s'approchèrent d'elle et entamèrent la conversation sous mes yeux horrifiés. Elle leur raconta sa vie en Colombie, et j'appris qu'elle avait été voisine de Pablo Escobar. Quand même !

J'entendis au loin le directeur l'appeler et elle s'en alla, à mon plus grand bonheur !

- Quelle pute ! m'écrais-je dès qu'elle disparut de mon champ de vision.

- Tu exagères, je la trouve cool, répondit Soanne.

- Tu rigoles j'espère, sifflais-je. Un thon n'a rien à lui envier !

- Bah non, renchérit alors Annaëlle.

- De plus, ses cheveux marron sont banals et de la couleur du caca, ses yeux sont d'ailleurs assortis à ses cheveux. D'une banalité affligeante ! me justifais-je.

- Tu as un problème avec notre couleur de cheveux, Amber ? aboya Annaëlle.

- Non, bien sûr que non ! Sur vous c'est beaucoup mieux !

- Mais oui, bien sûr. Et tu vas faire comment pour la soirée ? Tu ne comptes pas l'inviter ?

Ce que je ne vous ai pas dit, c'est que chaque année, j'organise une grosse teuf pour mon anniversaire, à laquelle toutes les personnes de l'établissement sont conviées. 

Sauf évidemment Charlie, mon ex de primaire, car il savait beaucoup trop de choses sur moi ; et Clara, car il y a 2 ans elle est tombée sur le capot de ma limousine et l'a un peu rayée. Et je commençais à penser que quelqu'un allait bientôt les rejoindre sur cette liste noire.

Je restais donc coï face à la réplique de mon amie, car je n'y avais pas pensé. Comment ne pas l'inviter, sans passer pour la méchante alors que c'est elle qui me cherchait ? 

Je demandai donc à Annaëlle et Soanne d'aller la voir pour lui dire qu'elle n'était pas conviée.

J'avais d'ailleurs tellement hâte de faire cette fête, car cela me permettrait de réaffirmer ma supériorité sur les autres. 

J'avais, de plus, acheté une sublime robe verte pomme, qui mettait tout mon corps en valeur.  La peur que Valentina me vole la vedette commençait à me submerger. 

Mais ça ne faisait que commencer.



A suivre...

Le Karma d'Amber SmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant