La vengeance est un plat qui se mange froid

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Paupières qui battent, lumière qui l'agresse par intermittence. Conscience qui s'éveille au fur et à mesure des secondes. Fatigue devenue familière qui reste présente, pesant sur son corps. Alice attend. Attend. Tu comptes te bouger un jour ? Soulagement qui la rend plus légère. La colère, quant à elle, la pousse à se redresser. Mots qui explosent dans le silence, les premiers depuis longtemps. Voix éraillée, rauque.

-Tu n'étais pas là ! Retour de son frère mais cela importe peu. Tu n'étais pas là ! Tu avais promis Paul ! Tu...

- Alice ?

Tête qui se tourne vivement vers l'intrus. T-Dog qui se tient dans un coin de la pièce. Pas de jugement dans ses prunelles. Après tous, il l'a déjà vu dans ce genre d'état où elle perd pied avec la réalité. Colère qui luit dans les yeux clairs. Énergie nouvelle. Demoiselle si différente de celle amorphe qui quittait que rarement son lit. Tous comme lui, elle porte encore les stigmates de son séjour Woodbury. Rappel de la folie dont est capable le Gouverneur. Pourquoi se trouve-t-il ici exactement ? Depuis leur retour, ici, ils s'étaient à peine croisés. Il avait entendu dire qu'elle allait mieux, alors le voilà. Mais...

- Qu'est-ce que tu veux ?

Question abrupte, sans chaleur. Cela ne l'étonne pas. Il avait entendu comme elle avait chassé Axel venu prendre de ses nouvelles avec sa maladresse habituelle. Jeune femme ayant perdu depuis longtemps toute habitude de la sociabilité.

- Je passais par là. J'ai entendu du bruit. Je me demandais si tu allais bien.

Haussement léger des épaules.

- Aussi bien que toi. Tu as encore une sale gueule.

Ricanement.

- Ouais. C'est grâce à toi que j'ai juste une sale tronche, et pas rejoins les crânes flottants.

Michonne a parlé de sa trouvaille quand elle est allée chercher son arme dans le bureau du Gouverneur. Cela ne l'avait pas étonné. Comme T-Dog, la blonde a vu la bête qui est tapie dans l'homme. Mais Alice ne dit rien le fixant toujours d'un air neutre.

- Tu as entendu de ce qu'il se passe ?

- Oui. La tête se secoue doucement. Ils sont fous. Il n'y a rien à gagner à négocier avec ce monstre.

- Pourquoi tu n'en parles pas ?

- Ce n'est pas moi le patron. Et Rick est suffisamment entouré pour prendre de bonnes décisions.

- Tu fais partie du groupe maintenant. Tu as le droit de contester.

Pendant un instant Alice pose sur lui un regard stupéfait, avant de rire doucement. Mais l'homme sent la tension qui s'est installée sur ses épaules.

- Non vous avez juste pas le cœur à me jeter dehors tant que je ne suis pas remise complètement.

Cette fois-ci c'est à T-Dog de rigoler, se calmant en voyant l'air perdude la jeune femme.

- Si nous avions vraiment voulu te mettre dehors , tous le monde n'aurait pas mis autant d'énergie à te surveiller, à te soigner.. Tu n'as rien dis au Gouverneur. Tu aurais pu le faire, mais tu n'en a rien fait. Alors oui, tu fais parti du groupe maintenant. Tu nous a protégé alors nous le ferons à notre tour.

Cela l'amuse presque de la voir ainsi figée avec cette peur brûlante au fond des yeux. Femme ayant perdu toute foi en l'humanité. Ayant sûrement tant perdu... Il lui faudra du temps pour comprendre, offrir de sa confiance. Tout le monde se chargera de lui montrer. Comme pour lui donner raison, Beth avec Judith dans les bras et Hersel apparaissent dans l'encadrement de la cellule. Souriant doucement le vieil homme demande :

- Tu es réveillée ? Comment te sens-tu ?

Manipulation délicate pour observer les blessures sans que la blonde se rebiffe. Comme si la conversation l'avait complètement déconcerté. Pendant ce temps Beth propose :

- Ça te dis d'aller marcher un peu ? Ça te feras du bien, et puis Papa pourra te montrer comment avance le jardin.

Petit groupe qui ne tarde pas de se mettre en mouvement. Alice semble être redevenue elle-même, refusant toute aide pour se déplacer ou pour porter sa hache. Corps maintenu dans une position digne malgré son boitement. Concède à ce que l'allure de la marche diminue pour suivre son rythme. Retrouver le soleil lui fait du bien. Petite pause pour apprécier la chaleur sur sa peau. Il faut en profiter avant que le mauvais temps n'arrive bien que la jeune femme perde le fil du temps depuis le début de la Fin. Ils se retrouvent alors penchés sur les différents plants, fruits des graines que la blonde a amassé au fil de sa route. Promesse de nourriture facilitant ainsi la vie dans la prison. Elle écoute avec attention, buvant le savoir de cet homme pour qui les champs étaient son royaume. Connaissances que beaucoup ont perdues avec la modernité et ses grands magasins offrant tous sur un plateau. Mais aujourd'hui savoir cultiver la terre pourrait faire toute la différence...

Alice au merveilleux pays apocalyptiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant