Alice au merveilleux pays apocalyptique

Reconnaissance

Sans un mot Carol s'enfonce dans le bâtiment. Les autres sont en train de finir de manger alors que Darryl est parti chercher des traces de T-Dog. Les jours passent et leur ami n'est toujours pas revenu. Cela commence à inquiéter tout le monde. Mais autant profiter de l'absence du chasseur pour faire ce qui la titille depuis l'arrivée de l'étrangère. Un silence de mort enveloppe les couloirs. Pas de cri, pas de plaintes. La jeune femme se serait-elle calmée ? Hier comme d'habitude, c'était Darryl qui avait amené la nourriture à la blessée. Il avait grogné qu'elle avait balancé la nourriture et l'avait menacé que s'il ne la laissait pas sortir, elle le buterait dans son sommeil. « Assez en forme pour qu'on la foute dehors si on veut mon avis. Pas besoin d'une bouche en plus à nourrir" qu'il avait fini tous en frottant les éclaboussures de nourriture sur sa chemise. Alors la voilà amenant à son tour à manger malgré la demande de Rick de se tenir éloignée de la jeune femme. La femme est inquiète. Son instinct maternelle se réveille, prenant à cœur le traitement réservé à la prisonnière. Depuis la première fois qu'elle l'avait vu la folie habitant ce corps malingre ne l'avait pas effrayée. Elle est humaine malgré tous. Et si brisée..

Devant la cellule, un triste spectacle se présente à ses yeux. Une assiette est renversée sur le sol, ayant été retournée, déversant la nourriture sur le sol. Le contenant est maintenant cabossé, elle a sûrement tapé les barreaux lors d'une crise. Le lit a été retourné, comme si on y avait cherché quelque chose. L'inconnue se trouve dans un coin de la pièce, le regard tourné vers la fenêtre, le corps tremblant.

-Hey..

Voix douce qui s'élève mais cela suffit. La jeune femme sursaute avec violence. Son regard de bête traquée se tourne vers Carol. Voir une femme semble la rassurer. Un tout petit peu.

-Je t'apporte à manger.

Le regard clair se pose sur l'assiette, puis semble chercher quelque chose dans le couloir. La femme d'âge mûre jette un coup d'œil par-dessus son épaule. Mais il n'y a rien. Quand elle se retourne vers la jeune femme celle-ci s'est avancée. Carol se force de ne pas sursauter, mais malgré tous elle a l'impression de se retrouver devant un de ces fauves sur les vidéos. Enfermés dans un enclos mais qui tentent d'attaquer dans le dos des visiteurs. Vieux réflexes ancrés. Instinct primaire latent. Mais il n'y a pas d'envie de sang dans le regard clair. Seulement une espèce d'inquiétude derrière la folie latente.

-On t'a fait du mal à toi ?

Le regard clair qui semble si vieux. Elle avait vu trop de choses. Cette folie, cette violence dans ce nouveau quotidien lui semble maintenant normal. Seul moyen de survit. Humanité déformée, salit. Est-ce une blessée qui en reconnaît une autre ? Carol réfléchit un instant, voulant choisir ses mots avec soin. Puis abdique.

-Avant mais c'est fini.

Les sourcils délicats se froncent. La jeune femme s'avance un peu plus.

-Vraiment ? Mais les autres ?

-Ceux de mon groupe? Ils ne te font rien. Ils sont respectueux et civilisé.. Ils ne te feront rien à toi non plus.

Un instant la jeune femme prend un air pensif, voit quelque chose à ses côtés. Murmures quelques mots. Nouveau dialogue étrange. Folie qui émerge. Carol le sait, parfois l'esprit fait des choses étranges pour protéger un esprit blessé. Celui de l'étrangère semble fracassé. La prisonnière reprend pied avec la réalité finalement, une lueur plus lucide dans le regard. Une moue s'installe sur son visage. Les dents viennent attaquer les lèvres déjà dans un mauvais état, peau déchirée, plaie ouverte.

-Alors pourquoi ils m'enferment? J'étais sage.. Visage un peu plus sérieux. Ils finissent tous par le faire..

-C'est juste par sécurité. Nous avons eu nous aussi de mauvaises surprises avec les gens. Alors nous prenons nos précautions.. Tu comprends ?