La prison

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Alice ? Paul ? C'est toi ? Son corps lui semble si lourd. Grognement qui émerge de sa poitrine, devient murmure à la sortie de ses lèvres. Corps faiblard. Répercussion des derniers jours. Les paupières papillonnent, la luminosité semble lui griller la rétine. Va y doucement. Prends ton temps soeurette. Qu'est-ce qui s'est passé ? Pas de réponse. Pourquoi ? Il s'est passé quelque chose de grave ? Petit à petit elle prend conscience de ce qui l'entoure. Du calme étrange, si différent de l'animation des bois quand elle dormait dans un arbre. Alice cligne une, deux fois des paupières. Cette fois-ci la lumière est moins violente. Des murs constituent pour l'instant son champ de vision. Une immensité grise. Son cœur rate un battement. Doucement. La jeune femme se force à garder les yeux ouverts, malgré la monstrueuse envie de dormir. Elle a trop dormi. Les murs ne sont pas totalement gris. Taches rougeâtres.Traînés paresseuses. Violence endormie, passée. Cette dernière et sa compagne la mort ont habité ici. Choses devenues omniprésentes maintenant. La tête se tourne lentement. Elle fouille, tente de déterrer des images, des souvenirs de son esprit. Esprit semblable à une pelote pleine de nœud. Comment a t-elle atterri ici ? Vous vous êtes mutuellement sauvé les fesses avec le gamin. Tu n'aurais eu aucune chance dehors dans l'état où tu étais. Mon état? Les sensations viennent par la suite. Celles qu'Alice enferme souvent à double tour dans un côté de son esprit. Sensations qui peuvent la ralentir et être la cause de sa mort prochaine. La douleur lancinante au niveau de ses côtes. Souvenir d'une rencontre qui a mal tourné comme souvent. Mais les grilles qu'elle découvre, clôturant la fenêtre la détourne brutalement de ses pensées. Vision qui lui semble trop familière. Vite. Il faut qu'elle vérifie. Peut-être qu'elle se trompe.. Mais non c'est bien d'autres barreaux qui closent la pièce. Froids. Une cellule. Elle est dans une putain de cellule! Le rythme cardiaque s'affole. Petit oiseau qui piaille, volète, se cogne dans sa cage thoracique. Le corps se tend, laissant toutes ses pensées, la douleur en arrière plan pour faire place à une seule chose. Une certitude. Il faut qu'elle sorte d'ici. Alice se redresse. Blocage soudain, force extérieur. Bracelet brillant qui entoure son poignet. Chaîne qui la relit au montant du lit. Une plainte craintive émerge de ses poumons. Alice. Calme toi. Ses yeux parcourt nerveusement la pièce. Les murs ils se resserrent. Non ils ne bougent pas. Si si. Elle en est sûre. Ils vont l'écraser Flashs de souvenir qui se déversent dans le crâne malade. Panique qui ne cesse d'augmenter. Il faut qu'elle respire, qu'elle sorte. Vite vite. Corps qui se tord, sort du lit. Bras qui se tend, corps qui arc-boute. Sœurette. Arrête tu vas.. Mais elle s'en fout. Sourde aux paroles de son frère, Alice tire, tire sur son bras, tentant de tirer le lit. Elle veut respirer. Partir. Elle ne sera pas une bête, ni un paillasson. Pas cette fois-ci. Sa respiration est erratique. Grognement qui émerge de ses poumons à chacun de ses efforts. Grincement de l'acier sur le béton. Peut-être hurle t-elle même. Cordes vocales qui se déchirent presque. Peur irrésistible. Alice glisse, glisse dans cette peur panique. Elle s'englue dans sa pensée, unique. Sortir d'ici. À n'importe quel prix.


Ce n'est qu'une après midi comme les autres. Habitudes qui prennent petit à petit leur place dans la prison. Sécurité qui rassure tout le petit groupe. Sécurité enfin méritée. C'est en cette après-midi chaude que les cris se répercutent dans le couloir. Ils se fracassent en échos contre la pierre. Dans le self, Rick redresse la tête, alors qu'autour de lui chacun cesse ses mouvements. Seul le gazouillis de Judith brise le calme illusoire. Puis un nouveau cri retentit. Rauque. Semblable à celui d'une bête. Venant des tréfonds des entrailles. Un coup d'oeil vers Hersel et Darryl qui s'apprêtait à sortir, et les trois hommes se mettent en marche. En chemin ils croisent Carol, une lueur d'inquiétude dans les yeux.

-Vous l'avez entendu aussi ?

-Oui. C'est la prisonnière ?

-Cela vient de là où elle est installée.

Alice au merveilleux pays apocalyptiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant