Alice au merveilleux pays apocalyptique

Le retour

Tranquillité illusoire dans la prison. Chacun vaque à ses occupations. Le nettoyage est fini alors on se repose comme on peut. Mais depuis plusieurs heures, c'est plutôt l'inquiétude qui berce les cœurs. Le groupe de ravitaillement est revenu mais il manque deux personnes à l'appel. T-Dog, et Glenn. Maggie ne cesse de se ronger les sangs, les yeux tournés vers la grille. Voilà pourquoi elle s'est portée volontaire pour surveiller depuis le mirador. A ses côtés, Darryl ne tente même pas de la réconforter. Il n'est pas son pote, et franchement il ne voit pas quoi lui dire de plus. Mais bon l'asiat' à l'air d'être un débrouillard, il devrait s'en sortir. Le patelin où ils étaient n'était pas si loin que ça et il a vu T-Dog partir avec lui.. Oui les deux hommes ont une chance de s'en sortir selon lui. Soudain un truc attire son regard. Deux silhouettes qui émergent du couvert des arbres, s'ajoutant aux quelques morts qui se baladent librement hors des grilles. Mais c'est étrange.. Qu'est-ce qu'ils.. Le cri de joie de Maggie le fait sursauter. Grognement en réponse mais elle n'y prête pas attention, les jumelles toujours devant les yeux. 

-C'est Glenn ! Vite faut aller l'aider !

Elle va pour partir en courant sonner l'alerte mais le chasseur le retient. Il s'en fout du regard incendiaire qu'elle lui jette. Il a connu pire que ça.

-C'est qui celui avec lui ?

-Je ne sais pas. Il a une sale gueule en tout cas. Mais il a dû l'aider, on devrait faire de même pour lui.

Geste violent pour se dégager et ses pas se répercutent sur les marches de bois. Elle les dévale la belle brune, pressée de retrouver celui qu'elle attendait. Attente si longue. Darryl, lui, attrape simplement les jumelles, les met devant son visage. Gueules de zombies qui défilent. Pas bien intéressant. Puis enfin le duo. Le gamin soutient quelqu'un, le traînant presque à sa suite. Déjà des morts-vivants viennent à leur rencontre. L'inconnu redresse la tête, comme la hache qu'il tient entre ses doigts. Le premier zombie s'écroule. Un juron fleurit émerge des lèvres de l'homme. C'est elle. La cinglée.

Vont-ils mourir ici ? Si près du but ? Le soulagement qui avait envahi le jeune asiatique quelques instants plutôt a disparu à l'approche des zombies. Cadavre vacillant, avide de chair fraîche. Ils sont l'opportunité rêvée. Sa prise se raffermit sur le bras de la blessée, qui est restée éveillée tout le long du trajet. En vu de son état c'est assez impressionnant. Un premier mort qui s'approche, la hache se lève et l'abat. Glenn sait qu'elle va pouvoir surveiller leur arrière encore un peu, mais pas éternellement. Et s'il la lâche, elle s'écroulera. La mâchoire se serre, les pas se font plus pressés. La blessée a du mal à suivre mais ce n'est pas bien grave. Elle tiendra encore un peu, il le sait. Il faut qu'ils retrouvent la sécurité de la prison. Les morts se pressent vers eux, ils les repoussent comme ils peuvent. Grognements qui se font plus nombreux. Les corps se traînent, pantins désarticulés. Et enfin un coup de feu résonne, éclatant une tête. Crâne qui explose, pastèque trop mure, gouttelettes de sang purifiés qui viennent parsemés le visage.. Malgré tout l'asiatique sourit, soulagé de voir la cavalerie arrivée. La blessée laisse la hache retombée contre sa cuisse, ce n'est plus son combat. Le jeune homme se presse un peu plus vers l'entrée de ce qui est maintenant leur prison. La grille coulisse, claque dans son dos. La blessée se dégage de Glenn, qui laisse pousser un soupire de soulagement. Un pas. Deux. Le corps qui bascule en avant. Lorsque Rick arrive vers l'étrangère elle ne réagit pas, évanouit, la hache encore serrée entre ses doigts.

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

-J'ai été séparé de T-Dog.. En fuyant les zombies je suis tombé sur elle. L'asiatique désigne la jeune femme du doigt. Elle était déjà en mauvais état mais elle a dézingué les morts qui l'entouraient. Et au final on s'est enfui ensemble. J'ai pas pu la laisser là-bas et puis elle m'a bien aidé..

Le shérif observe la femme au sol, la reconnaît sans trop de difficulté. Carl tente de s'approcher mais Carol le retient. Dans un soupire l'homme se décide.

-Bien, on l'emmène à l'intérieur dans une des cellules. Hersel tu devrais y jeter un coup d'oeil

C'est Rick qui se charge de la porter. Pas de réaction pendant tout le trajet, ni quand il la dépose dans le lit. Les lèvres du vieux vétérinaire sont pincées quand il s'avance vers sa nouvelle patiente. Avec délicatesse il la manipule de façon à lui retirer la chemise humide de sang et d'autres fluides humain. Elle porte un débardeur autrefois blanc dessous, tachée de rouge vif à cause de la plaie ouverte. Flottant autour du corps, il ne cache rien de la maigreur de la jeune femme ainsi que les nombreuses cicatrices qui parsème la peau pâle. Maggie qui est revenue avec des affaires de soin pâlit avant de murmurer.

-Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ?

-La folie des hommes

Le débardeur est relevé, dévoilant une plaie rougissant la peau pâle. Mais il y a surtout l'odeur. Aigre, piquant le nez. Annonceuse de pourriture. Hersel grogne quelque chose dans sa barbe, réclame quelques affaires à sa fille avant de s'affairer. Le corps inconscient sursaute de temps en temps mais rien de plus

-Elle va survivre ? Demande Rick.

-Cette jeune femme a l'air d'avoir la peau dure. Elle ne se laissera pas faire aussi facilement.. On verra bien demain. Il lui faut du repos et des soins..

Des cliquetis déconcentrent un instant l'attention du vétérinaire. Des menottes sont passées à un des poignets délicats, puis le second accroché au montant du lit. Face au regard d'Hersel, Rick explique.

-Je n'ai pas confiance. Tant que l'on en sait pas plus elle restera ici. Je ne veux pas qu'elle puisse sortir..