Chapitre 1

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Un « bip » aigu résonnait de manière lente et régulière dans la petite chambre aux murs couleur crème. Sur le lit, la silhouette frêle et légèrement amaigrie reposait, le drap remonté jusqu'aux pectoraux. Le bras droit était là, inerte, ainsi qu'on l'avait positionné quelques secondes plus tôt. La peau pâle ressortait par rapport à la couverture vert d'eau. Elle était si claire qu'elle concurrençait la blancheur du bandage d'où sortait le petit tuyau translucide menant à une poche à perfusion accrochée à la perche du lit. Poche qui venait d'être changée. L'infirmier qui venait de s'occuper du jeune homme inconscient se tourna vers le shérif de Beacon Hills. Noah avait cet air choqué, sidéré, déconnecté de la réalité. Des heures qu'il était là, à son chevet, des heures qu'il restait assis à ne rien faire, des heures qu'il retournait la même question dans sa tête.

Pourquoi ?

Oui, pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi diable avait-il... Noah n'osait poser les mots sur son acte et pourtant, ils étaient les seuls à pouvoir le caractériser. Mais ils représentaient, à eux seuls, quelque chose qu'il n'aurait jamais cru possible.

« Stiles » et « suicide » avaient beau commencer par la même lettre, ils représentaient deux mondes totalement différents. La lumière et l'ombre. L'étincelle et les ténèbres. La vie et la mort. Le bonheur et la perdition.

Stiles était le symbole même de la joie. Il ne pouvait pas avoir désiré mourir. Encore moins y penser.

Noah mit une main devant sa bouche alors que les larmes montaient à nouveau. Il fallait croire qu'il avait manqué quelque chose. Il en vint même à se dire qu'il n'avait pas assez regardé son fils, qu'il ne lui avait pas apporté assez d'attention, qu'il n'avait pas été assez présent.

Jamais assez.

Stiles avait toujours eu un petit côté secret. C'était un fouineur qui, souvent, gardait ses découvertes pour lui. Ses sentiments, aussi. Parfois, il finissait par lui avouer. Mais Noah savait qu'il ne lui disait pas tout. Qu'il ne lui avait jamais tout dit. Et il aurait dû... Bordel, il aurait dû... Dû faire quoi, au final ? Le surveiller ? Le harceler pour tout connaître de ses pensées ? L'espionner ? Des idées moins radicales lui vinrent à l'esprit. Lui parler, l'écouter, le conseiller, passer du temps avec lui.

Privilégier son fils et non son putain de boulot, ce qu'il faisait plus ou moins depuis des années.

Mais il pensait que ça allait, que Stiles gérait, qu'il allait bien, qu'il... Était heureux comme ça. Le corps inhabituellement inanimé de son fils dans ce lit d'hôpital lui prouvait le contraire. La vérité éclatante était là, face à lui. Elle ne cessait de torturer son cœur meurtri. Des heures qu'il était là, oui, mais... Cela faisait déjà deux jours que Stiles avait été admis à l'hôpital dans un état critique après avoir, semblait-il, avalé un grand nombre de médicaments, un trop grand nombre pour que cela soit accidentel. Et puis, il s'agissait de sédatifs. Le traitement de Stiles était uniquement composé d'Adderall et d'antidouleurs, qu'il n'utilisait que de temps en temps, lorsqu'il pensait tellement qu'il se mettait à avoir mal à la tête.

L'infirmier était parti. Noah mit son visage dans ses mains et de maigres bruits de sanglots se firent entendre, même si les « bips » du cœur de son fils en couvraient la majorité. La vie était cruelle avec lui. Stiles, c'était son enfant. Son seul enfant. Le dernier souvenir que lui avait laissé Claudia, la femme de sa vie. Il ne pouvait pas le perdre, pas lui aussi ! Alors forcément, rester là était une torture. Mais au moins... Cette fois, il était là. Il s'était déjà promis de changer, de réduire ses heures de travail, de passer plus de temps avec lui. Il allait y arriver, il n'allait pas le choix. Stiles avait été pris à temps, il avait survécu. N'était-ce pas là un signe que la vie lui accordait une deuxième chance ? La chance ultime de se rattraper et d'être un bon père ? Si, forcément. Cela ne pouvait être que ça. Et il allait falloir qu'il se rattrape.

Not meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant