Chapitre 13

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Stiles avala une gorgée du chocolat chaud qu'il s'était préparé. Du sucré, il avait besoin de sucré. De quelque chose pour se motiver et puisqu'il n'avait pas droit au café, à cette boisson utile pour se donner une énergie des plus éphémères... Autant se rabattre sur quelque chose qui lui faisait plaisir. Bien sûr, il préfèrerait des curly fries mais il ne lui en restait plus le moindre paquet. Le chocolat chaud était donc parfait. Le jeune homme baissa les yeux sur la feuille quasi vierge qui trônait sur la table basse. Derek avait dit qu'il y inscrirait tout ce qu'ils savaient et... Cela se résumait tout simplement à pas grand-chose.

- On a la date, la tranche horaire globale, la façon de faire... Et c'est tout, résuma l'humain avant de pousser un profond soupir.

Sans ses souvenirs, l'enquête risquait de ne pas avancer beaucoup. Parce que Derek, en plus d'avoir tout fait pour lui montrer qu'il était de son côté, lui avait fait part de ses obligations. Manque de chance pour Stiles, Derek n'avait pas l'intention de partir avant un moment. Cependant, il lui avait donné un argument qui pouvait lui faire accepter un peu plus facilement sa présence.

« Je ne suis pas là pour te surveiller, mais pour te protéger. »

Et cette phrase, aussi simple et clichée soit-elle, lui avait fait un certain effet... Car Derek n'avait pas pris de ton particulier, lorsqu'il l'avait dite. Il l'avait regardé dans les yeux en parlant de façon posée, comme si ces mots-là n'avaient, pour lui, pas plus d'importance que les précédents qu'il avait prononcés. Et c'était cette normalité qui avait décidé Stiles à lui laisser sa chance. Il n'avait toujours pas envie de se battre, tout comme il n'avait pas l'énergie de continuer de débattre. Alors c'était pour cette raison qu'il acceptait sa compagnie, à côté de lui, sur le canapé. Parce qu'il lui montrait qu'il essayait de l'aider et ça... Stiles pouvait l'accepter.

Par contre, au moindre doute sur sa sincérité, il l'enverrait balader. La confiance de Stiles, lorsqu'il se décidait à l'accorder et ce, même partiellement, était un cadeau qu'il pouvait reprendre en un quart de seconde. Cette décision était d'ailleurs extrêmement fragile en sa base même. Stiles restait méfiant malgré lui tant il avait l'habitude qu'on se fiche de sa parole... Mais en attendant, il le tolérait.

- Tu n'as vraiment aucune idée de qui pourrait t'en vouloir ? Lui demanda Derek, même s'il connaissait déjà la réponse.

- Techniquement, non, répondit Stiles, même si... J'agace du monde.

Ce constat ne lui faisait pas mal en soi, il avait eu le temps de s'y habituer. Il savait que sa façon d'être et plus particulièrement son hyperactivité pouvaient déranger, parfois donner envie aux gens de le faire taire... Mais pas au sens propre du terme. Enfin ça, c'était son avis. Maintenant que l'on avait attenté à sa vie... Il ne savait plus quoi penser. Qui aurait-il pu agacer à ce point-là ?

- Peut-être que tu sais quelque chose... Que tu n'aurais pas dû savoir, avança Derek.

Il s'agissait, en soi, du motif le plus logique qu'il pourrait y avoir... Mais Stiles secoua la tête.

- Je ne vois pas quoi, soupira-t-il. Je... Je ne fouille plus dans les affaires que mon père ramène à la maison, excepté lorsque l'une d'elles lui paraît étrange et qu'il pense que ça peut avoir un lien avec le monde surnaturel. Puis... Avant, j'avais tendance à traîner n'importe où la nuit, y compris dans la forêt. Maintenant, je ne le fais plus que lorsque j'enquête pour la meute, et... Non, je n'ai pas le souvenir d'avoir su ou vu quelque chose de... Enfin tu vois.

Derek hocha la tête d'un air un peu moins fermé que d'ordinaire. La confusion de Stiles, il la voyait et il devenait pour lui réellement impossible d'en douter. Il faudrait d'ailleurs qu'il en touche deux mots au shérif et ce, rapidement. Il était important que lui aussi se rende compte que son fils... N'était aucunement acteur dans cette histoire, mais bien victime. A partir de là, Stiles prendrait davantage confiance en lui, et retrouverait celle de son paternel. Quant à ses souvenirs... Ils existaient, forcément, mais Derek savait qu'une amnésie ne se réglait pas de la même façon chez tout le monde.

- Tu te souviendras, lui dit-il pour le rassurer.

Il existait toujours un risque, à savoir celui du néant. Stiles pouvait ne jamais se rappeler de ce qui lui était arrivé. C'était rare, mais cela restait possible malgré tout.

- Et si ça n'arrive pas ? Lui demanda l'hyperactif d'un ton qui laissait aisément entrevoir ses craintes.

Il avait vraisemblablement pensé à la même chose que lui. Derek voulut néanmoins se montrer positif car pour lui, ça fonctionnerait – il en était certain.

- Tu te souviendras, répéta-t-il. Et si tu mets un peu de temps, on essaiera de te stimuler, de trouver quelque chose qui pourra réveiller tes souvenirs. Pour l'instant, mieux vaut voir si ça vient naturellement. Le plus important, c'est que tu ne te presses pas, que tu ne te mettes pas la pression, ou tu risqueras de te bloquer tout seul.

Stiles hocha la tête et détourna rapidement le regard, sans doute dérangé par la situation. Il était vrai qu'elle n'avait pas grand-chose de confortable... Surtout en sachant qu'il avait malgré lui un gros trou de mémoire. Ainsi, Derek ne s'étonna pas de son manque de répartie, de son absence de plaisanterie. Stiles était beaucoup trop perturbé pour agir comme il avait l'habitude de le faire et ça, l'ancien alpha le comprenait. Pour être honnête, d'un côté, ça l'arrangeait : il n'aurait pas à s'efforcer de garder son sang-froid face à ses blagues habituelles, celles qui l'agaçaient à chaque fois.

Quoiqu'au final, il n'était pas certain de préférer ce sérieux inhabituel – là à cause d'une confusion certaine.

Dans tous les cas, Derek l'avait affirmé et n'était pas près de changer d'avis : son départ n'aurait pas lieu tant que la situation ne serait pas réglée. Dans la mesure où l'on avait attenté à la vie de Stiles en faisant passer sa mort pour un suicide, il n'était pas dit que son meurtrier ne tenterait pas de finir le travail. De son côté, Derek avait bien évidemment des choses à faire, mais il ne s'autoriserait à s'en occuper qu'au retour de shérif. En somme, il restait avec Stiles en son absence pour s'assurer de sa sécurité. Lorsque Noah ne travaillait pas, il pouvait assurer ce rôle seul – et Derek espérait que ces moments en tête à tête leur permettraient de se comprendre. Que Noah croirait son fils au plus vite et que de son côté, Stiles accepterait qu'il ait pu se tromper sur son compte... Et qu'au premier abord, l'inquiétude que son père lui portait était légitime. Stiles ne pouvait pas lui reprocher la peur qu'il avait eue, la douleur qu'il avait ressentie. Nier les ressentis de Noah pour valider les siens n'était pas une solution, bien au contraire. Ils devaient s'écouter mutuellement, pas chercher à gagner du terrain par rapport à l'autre.

- Je vais essayer, soupira Stiles.

Et avouer qu'il n'était pas certain d'y arriver semblait lui coûter – ce que Derek pouvait comprendre. L'hyperactif avait l'habitude d'avancer en ayant toutes les armes en main pour affronter n'importe quelle situation.

Celle-ci était totalement inédite et, pour couronner le tout, il manquait à Stiles un pan de sa mémoire. Autant dire qu'il était loin d'être à l'aise et peu sûr de ses appuis. Même s'il venait d'accepter la présence de Derek pour assurer sa sécurité pour l'instant, il n'était pas complètement certain de pouvoir compter sur lui. Pas complètement, en tout cas. A part son insistance pour lui montrer patte blanche, il n'avait rien pu prouver à Stiles... Et ces preuves-là, elles viendraient avec le temps.

Stiles ne put s'empêcher de frissonner à l'idée... Que l'on pourrait revenir. Alors oui, il pensa soudainement à son agresseur. Savait-il qu'il avait manqué son coup et que Stiles était par conséquent en vie ? L'hyperactif, sentant l'angoisse monter à une vitesse folle, décida instantanément de contrecarrer ses plans, de l'empêcher de prendre possession de lui. Ainsi, il se leva un peu brusquement et annonça à Derek, sans le regarder :

- Je vais manger, j'ai faim... Et j'ai besoin de prendre un peu l'air, aussi.

Pressé comme il l'était, Stiles n'attendit pas que le loup-garou réagisse outre mesure et détala aussi rapidement que le lui permit son corps fatigué.

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