Chapitre 9

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Lorsque Noah monta à l'étage le soir venu pour annoncer à son fils que le repas était prêt, il trouva celui-ci allongé par-dessus les draps et profondément endormi. Stiles avait le sommeil léger : en temps normal, il se serait tout de suite réveillé en entendant le bruit caractéristique et à moitié discret que faisait sa porte chaque fois qu'on l'ouvrait ou qu'on la fermait. En tout cas, c'était quelque chose qu'il entendait toujours.

Mais pas cette fois.

Il dormait à poings fermés, épuisé. Pas complètement remis de ce qui l'avait conduit à l'hôpital. La mort qui l'avait frôlé ne l'avait finalement pas laissé indemne. Une tristesse immense traversa Noah, qui hésita à le réveiller. Juste pour avoir une réaction de sa part, quelque chose... Et lui faire reprendre ces forces qu'il lui manquait. A l'hôpital, Stiles n'avait pas beaucoup mangé et il fallait avouer que la nourriture n'y avait pas été très ragoutante – elle l'était rarement. Alors, Noah s'imagina le fait qu'il comprenait. Que Stiles n'avait pas bien mangé parce que... Ce n'était pas bon. En tout cas, il préférait cette version à l'autre, tout aussi tenace, dans laquelle Stiles n'avait juste... Plus envie de manger. Plus envie de reprendre quelque force que ce soit. Plus envie de faire fonctionner son corps. Plus envie de vivre.


Oui, Noah continuait à avoir du mal à digérer cette histoire et peinait à accepter pleinement la version de Derek qui était pourtant beaucoup plus rassurante que celles qu'il s'imaginait. Disons que le shérif ne voulait pas non plus se faire de faux espoirs trop vite. Il avait besoin d'attendre, d'avoir des preuves de cela. Il était de ceux qui ne croyaient qu'à ce qu'ils voyaient – ou presque.

Figé sur le seuil de la chambre, le shérif se demanda si le réveiller était une bonne idée. Après tout, manger pouvait attendre. Stiles se reposait et... Pour qu'il n'ait pas entendu le bruit qu'avait fait sa porte, c'est qu'il devait être réellement épuisé – et non, il ne faisait pas semblant de dormir. Au fur et à mesure des années, Noah avait appris à voir le mensonge... De ce côté-là, du moins. Là, son visage était extrêmement détendu, trop pour que cela soit feint. L'adolescent avait tout de même vécu une rude épreuve qui l'avait obligé à rester à l'hôpital quelques jours... Ce n'était pas anodin et même si Stiles avait passé une bonne partie de son temps à dormir, il avait passé le reste à penser – Noah ne le savait que trop bien. C'était fatigant et ça ajoutait à l'épuisement de son corps. Alors, le shérif soupira en refermant doucement la porte. Stiles pouvait se reposer, il mangerait plus tard.

xxx

Le problème avec la situation présente, c'est qu'elle comportait bon nombre de trous. Le lendemain, Stiles gardait le silence dans chacune de ses actions. Trois jours plus tard, rien n'avait changé non plus. Qu'importe s'il croisait Noah ou Derek dans la maison, il maintenait sa bouche close et son regard se posait partout, sauf sur leurs silhouettes. Il n'était même pas surpris de constater que Derek était toujours là. Le fait que celui-ci ait dormi ici devrait l'étonner, lui faire avoir une réaction.

Mais non.

Pourtant, Derek avait choisi de ne pas s'alarmer et donc de tranquilliser Noah à ce sujet. La saine colère qu'il avait déjà sentie dans son odeur était toujours là... Sous couvert toutefois d'une forme de résignation qui, elle, ne lui plaisait pas. L'on avait essayé de le faire parler, de lui faire sortir au minimum quelques mots, en vain. Stiles se bornait à rester silencieux et à les ignorer tout en montrant qu'il les voyait. Il devait sans doute leur en vouloir, mais... Pour quelle raison ? Derek lui-même ne saurait le dire avec précision. Une chose était certaine, il était d'avis qu'il fallait lui laisser du temps et ne pas le brusquer. Même s'il n'avait hypothétiquement pas été l'auteur de ce qui avait été identifié comme une tentative de suicide, se réveiller à l'hôpital et apprendre cela avait été un choc. Parce que, qu'il soit l'auteur de cet acte ou non, Stiles n'avait aucun souvenir de cet évènement. Rien. Il en connaissait juste les conséquences. Son coma, l'attitude de Noah... Et c'était tout. Au final, Stiles était peut-être le plus perdu dans cette histoire qui, aux yeux de Derek, n'avait pas de sens. De son avis à lui, on avait attenté à la vie de l'hyperactif en faisant passer cela pour un suicide. Jusque-là, c'était à peu près cohérent. Le problème là-dedans, c'était le motif. Qu'est-ce qui pourrait, chez Stiles, susciter suffisamment de haine pour pousser quelqu'un à essayer de lui ôter la vie ? Cela obligeait notamment à se questionner sur l'identité du tueur, ce qui ramenait indubitablement Derek à cette fameuse motivation.

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