Chapitre 6

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Noah n'était pas étonné que Derek veuille s'entretenir avec lui à l'écart de Stiles. Ce qui le surprenait en revanche, c'était surtout le fait qu'il veuille s'isoler avec lui dans une pièce réservée au personnel d'entretien, un endroit qui ne se fermait pas à clé. Noah se serait facilement contenté du couloir, mais Derek semblait vouloir qu'ils s'entretiennent à l'abri d'oreilles indiscrètes. Les deux hommes s'accordèrent au moins sur un élément : ne pas prendre beaucoup de temps. Le shérif avait eu si peur de perdre son fils qu'il ne voulait qu'une chose... Retourner le voir. Être à ses côtés. Tout faire pour réparer les erreurs commises par son absence. Si le loup ne voulait pas non plus laisser Stiles seul trop longtemps, c'était pour une toute autre raison.

- Je sais que ce que je vais vous dire ne va pas forcément vous plaire, mais il faut qu'on le sorte d'ici, fit Derek.

Noah soupira. Stiles lui avait toujours dit que le loup n'avait aucun tact et qu'en plus de cela, il était d'une franchise à toute épreuve. Quand il pensait quelque chose, il le disait. Mais le shérif secoua la tête et lâcha d'un ton morne :

- Il a besoin de soins.

Et pas seulement de soins physiques. Une tentative de suicide n'était pas un acte à prendre à la légère et même si cela allait lui coûter un rein, Noah savait qu'il paierait la thérapie que devrait suivre Stiles. Les jours à venir lui paraissaient aussi sombres que compliqués, mais il serait là. Cette fois, oui, il serait là. Il imaginait déjà les tours de force qu'il allait devoir réaliser pour réorganiser son emploi du temps : le commissariat étant en sous-effectifs constant, le shérif se débrouillait toujours pour être là le plus souvent possible, quitte à parfois soulager ses collègues de leurs obligations. Oui, il arrivait régulièrement à Noah de rendre service et de remplacer certains policiers qui devaient s'absenter pour certaines raisons, le plus souvent personnelles. Il y voyait là un avantage : à la fin du moins, il se retrouvait payé davantage.

Ce mois-ci, les choses seraient diamétralement différentes, mais peu lui importait. Il n'avait qu'un fils, un fils qu'il aimait d'un amour pur et il refusait de le perdre.

- Il les aura, lui assura Derek, mais pas ici.

Noah fronça les sourcils parce qu'il ne voyait pas où le loup voulait en venir. Néanmoins, il se devait de l'écouter un minimum. Après tout, c'était lui qui lui avait demandé de venir, de l'accompagner voir Stiles, pour la simple et bonne raison qu'il était un loup-garou. En fait, il avait espéré en apprendre davantage sur ce qui avait conduit son fils à mettre fin à ses jours. Il y avait forcément une raison et si Stiles pouvait être capable de lui mentir, Derek pourrait voir la vérité.

- Ecoutez, shérif. Stiles... Il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire de suicide.

Noah soupira de lassitude après avoir grimacé au mot qui caractérisait plus que gravement l'acte de son fils. L'ancien alpha qui lui faisait face était gentil de vouloir le rassurer et lui faire miroiter l'espoir de penser que tout cela était faux mais lui, il avait vu les médecins et longuement discuté avec eux. Le diagnostic était clair et sans aucune ambiguïté.

- Je sais que c'est surprenant, concéda le shérif, mais il faut se rendre à l'évidence. Stiles n'est pas aussi heureux que je le pensais...

Et rien que pour ça, il s'en voulait. Il s'en voulait parce que c'était son rôle de veiller sur lui, son rôle de père. Néanmoins, le plus souvent, c'était Stiles qui l'endossait... Noah s'en rendit brutalement compte, tant et si bien qu'il eut besoin d'un temps mort. Derek lui accorda exactement dix secondes. Dix secondes d'un silence de plomb, qu'il rompit rapidement :

- Pour moi, il n'a pas tenté de se suicider.

Ce mot était dur à entendre pour le shérif, mais Derek se devait de le prononcer. Encore et encore. S'il avait effectivement eu du mal à le croire lorsqu'on lui avait appris pour Stiles, il était désormais certain que l'hyperactif n'avait rien fait. Il ne prenait pas seulement son tempérament énergique et solaire en considération : il prenait aussi les résultats des analyses faites grâce à ses sens lupins. Alors, Derek continua :

Not meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant