Chapitre 14

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Stiles poussa un soupir profondément agacé. Le temps passait et il perdait patience. Ce n'était pas Derek le problème, ni même le fait qu'il n'arrivait pas à se souvenir de quoi que ce soit – quoique ce dernier point avait malgré tout le potentiel adéquat pour le mettre de mauvaise humeur facilement. Non, ce qu'il détestait par-dessus tout et qui lui donnait des pulsions de violence difficiles à réfréner résidait dans cette cage que représentait sa maison. Ses murs. L'espace qu'il délimitait et que Stiles trouvait ridiculement petit.

Bien sûr, il comprenait la peur qui menait l'esprit de son père à la baguette. Le pauvre, depuis que Derek lui avait exposé sa théorie et qu'il avait compris que Stiles avait très probablement été la victime d'une sombre machination meurtrière, refusait de le laisser sortir. Il avait peur. Peur. Oui, Noah était véritablement terrorisé. Il avait manqué de le perdre une fois et ne voulait risquer d'avoir à affronter une seconde situation de ce genre. En soi, Stiles le comprenait.

Mais il n'empêche que le garder enfermé ici ne ferait pas avancer les choses. Alors il voulait bien coopérer, là n'était pas le souci. Néanmoins... Le temps lui paraissait long, si long ! Et il n'était pas bon pour un hyperactif tel que lui de rester à tourner en rond dans son bocal sans autres activités possibles que l'étude de ses cours et... Internet. Stiles mentirait s'il disait qu'il avait la tête à étudier. Actuellement, le lycée et tout ce qui s'en approchait était le cadet de ses soucis. Aucune matière n'arrivait à attirer son attention tant son cerveau cogitait. L'humain, qui retrouvait peu à peu son énergie, commençait sérieusement à ressentir le besoin de... Sortir, de faire quelque chose, de se dépenser. Bordel, il envisageait même de se mettre au sport lorsqu'il serait en forme. Pourtant, il détestait ça et son corps le lui rendait bien tant il ressentait chaque courbature au centuple – avec aucun résultat à l'arrivée. Il avait déjà essayé par le passé et même s'il faisait au mieux pour s'entretenir avec la crosse, rien ne bougeait : il restait toujours aussi fin.

Mais là, là... Il recommençait à y songer. Parce qu'il n'en pouvait plus, de ces quatre murs, de tourner en rond dans cette maison qu'il connaissait par cœur et dans laquelle il pourrait se balader les yeux fermés. Après avoir fait trois tours sur lui-même dans le noir le plus complet. Il l'avait fait plusieurs fois d'ailleurs, en se bandant les yeux, mais Derek l'avait arrêté à plusieurs reprises sous prétexte qu'il allait se prendre tel ou tel meuble, tel ou tel mur. Stiles n'y croyait pas, jugeant son sens de l'orientation incroyable, parfait. Mais Derek n'en démordait pas, alors... Stiles ne le faisait plus – mais ce n'était pas l'envie qui lui manquait. De toute façon, on l'empêchait de faire mille et une choses tant on le considérait fragile à cause de son état : il avait beau dire qu'il allait bien et qu'il était juste encore un peu fatigué, on donnait à ses mots une importance capitale – mais pas dans le sens qui lui convenait. Or pour Stiles, « fatigué » ne voulait pas dire « impotent ». Ni en sucre, d'ailleurs.

- Et cette putain de mémoire qui ne revient pas ! S'exclama-t-il, plus qu'agacé, en se retournant sur son lit.

Stiles ne savait pas quoi faire, il ne trouvait de solution pour aucun de ses problèmes. Occupations, souvenirs... Son cerveau se retrouvait lui-même à cours d'idées pour le sortir de cette impasse. Sauf que s'il se rappelait de ce jour funeste qui conditionnait actuellement son existence, la vie serait tellement plus simple ! On cesserait de le materner et de lui interdire mille et unes libertés dites « normales ». Ne pas pouvoir mettre le pied hors de sa maison le rendait fou. Alors peu lui importait qu'il hausse le ton ou qu'on l'entende... Et même : tant mieux ! A trop vouloir le protéger de son agresseur, on muselait ses droits et besoins. Stiles étouffait. On ne passait pas tout son temps avec lui – Noah travaillait de temps à autres et Derek restait en bas, s'occupant parfois de la maison – mais on l'empêchait de sortir, de prendre l'air. On avait même peur de le laisser ouvrir la fenêtre et aérer en le laissant seul dans une pièce ! Alors Stiles souffla, se retourna encore et encore, pestant contre tout et tout le monde, en particulier lui-même. Il suffisait d'une étincelle... D'un fucking souvenir !

Not meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant