Chapitre 10

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En quelques secondes, il s'était déjà éloigné de la côte et survolait l'Océan Atlantique. La vue était époustouflante. Une fois suffisamment loin des terres, il était descendu en altitude pour s'approcher de l'eau et avait diminué sa vitesse pour pouvoir observer les dauphins et autres mammifères marins qui nageaient parfois près de la surface.

L'environnement n'était pas très varié mais Harry se sentait bien sur son balai, il ne voyait pas le temps passer. Sous son sortilège de désillusion, il avait l'impression d'être un oiseau marin, volant au gré du vent. Après deux heures de vol, il s'infiltra discrètement sur un paquebot en croisière pour grignoter son sandwich et se réhydrater avant de reprendre son vol.

Peu avant 20 heures, alors qu'il avait les Bermudes en vue, il sentit tout d'un coup une sensation étrange, qui le mit mal à l'aise et lui donna la chair de poule malgré la température douce et ses vêtements épais. Il n'eut cependant pas le temps de réfléchir à ce que cela impliquait, car quelques secondes après, il eut l'impression que son front s'ouvrait en deux. Cela faisait presque un an qu'il n'avait pas ressenti pareille douleur mais il sut instinctivement à quoi elle correspondait : Voldemort venait de découvrir son évasion et il était furieux.

Il serra les dents, accélérant son vol pour atterrir sur la plage au plus vite. Il savait qu'il ne tiendrait pas bien longtemps avant de se laisser posséder par la colère de Voldemort. Il ferma son esprit comme il put et gémit sous la migraine grandissante. Il fallait au moins qu'il se pose... avant de perdre connaissance.

Les yeux fermés, la conscience au bord du gouffre, il s'écrasa sur une plage heureusement déserte à cette heure et s'abandonna à la vision. Voldemort était dans sa chambre, sa lettre entre les mains. Ses doigts étaient crispés autour du parchemin qui s'enflamma d'un seul coup, sans que cela ne fasse réagir le mage noir pour autant.

- Potter ! Je vais te retrouver. Crois-moi, où que tu sois sur cette Terre, je vais te traquer et te faire passer l'envie de t'enfuir ! Tu ne perds rien pour attendre.

Son mentor le libéra rapidement et Harry ne put s'empêcher de sourire malgré la douleur résiduelle. Il était sans doute un peu fou, mais il était rassuré malgré tout : Voldemort allait venir le chercher. Il ne l'avait pas oublié...

Il ouvrit les yeux et se redressa pour découvrir son environnement immédiat. Il avait atterri sur une plage de sable fin et apparemment il n'avait rien de cassé. La nuit devait être tombée depuis peu et les lieux étaient déserts. Devant lui, une eau turquoise venait mollement s'échouer sur ses pieds et dans son dos, une forêt tropicale étendait son ombre sur le paysage. Il n'y avait aucun vent et l'air était doux malgré la nuit.

Il s'étira et commença à enlever ses chaussures et chaussettes pour enfoncer ses doigts de pieds dans le sable. Entre l'irruption des Aurors américains, sa longue traversée en balai et l'attaque mentale de Voldemort, l'après-midi avait été harassante. Il releva son pantalon et s'aperçut avec soulagement que le sortilège apposé par l'Auror Sperando avait disparu. Il se leva et alla tremper un pied. L'eau avait emmagasiné de la chaleur toute la journée et la température était agréable, juste ce qu'il fallait pour se rafraîchir.

Après quelques instants d'hésitation, il décida de retirer ses vêtements pour prendre un bain de mer. Il jeta un sortilège de Repousse-Moldu au cas où, déposa ses affaires en tas sur la plage et s'enfonça dans l'eau, entièrement nu, avec un soupir de bonheur. C'était la première fois de sa vie qu'il avait une telle étendue pour nager. Les Dursley ne l'avaient jamais emmené lors de leurs loisirs, que ce soit à la piscine ou à la mer. Heureusement qu'il avait appris à nager avec les cours de sport dispensés à l'école primaire. Il fit quelques brasses pour délasser ses bras et ses épaules avant de se laisser flotter, apaisé par le clapotis sur sa peau.

Dans la gueule du serpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant