Dans la gueule du serpent

Chapitre 27

Arrivé à Loutry Ste Chaspoule, Harry marcha tranquillement à travers le village. À cette heure, la plupart des gens étaient chez eux, en famille, digérant leur dîner devant la télévision ou en lisant un livre. Les rues étaient désertes, mais on pouvait entendre les bruits venant des maisons et du pub du coin. Il y avait quelques voitures garées par-ci par-là, mais la bourgade semi-magique était plutôt paisible, loin de l'agitation des grandes villes.

Il connaissait par cœur le chemin vers le Terrier, au point qu'il aurait été capable de la retrouver même si la maison aurait été équipée d'un Fidelitas, même si ce n'était pas le cas. Aux yeux du Ministère, Monsieur et Madame Weasley étaient désormais une famille pacifiée, bien que défavorables au nouveau gouvernement. Percy travaillait toujours au ministère, tout comme Arthur. Bill était au service de Gringotts, Fred et George tenaient leur boutique. Ginny était probablement restée aux États-Unis, quant à Ron, il restait la grande inconnue de cette équation.

Arrivé en vue de la maison biscornue, le jeune Mangemort se concentra un instant pour adopter sa forme Animagus. Ainsi, il était assuré de pouvoir progresser sans se faire repérer.

Ça avait été l'un de ses arguments lorsqu'il avait négocié l'autorisation de son maître. La plupart des barrières magiques laissaient passer les Animagi comme n'importe quel animal. Pour la même raison que Sirius avait pu s'échapper d'Azkaban et que même Dumbledore n'avait pu l'empêcher d'infiltrer Poudlard, tout comme Rita Skeeter et Peter Pettigrow.

Il se glissa aisément sous la barrière du jardin puis ondula silencieusement jusqu'au soupirail. Au rez-de-chaussée, la lumière était allumée, et une fois dans la cave, il escalada la poutre du sous-sol pour pouvoir espionner à travers le plancher de la maison. Les ouvertures lui permettaient de voir ses occupants confortablement installés sur les canapés et fauteuils du salon. Molly avait allumé la radio et tricotait dans un coin, manifestement concentrée sur sa tâche.

Arthur lisait le journal et Ron jouait avec un Souafle, perdu dans ses pensées. La famille semblait paisible et Harry passa plusieurs heures à les observer, légèrement nostalgique. Lorsqu'ils allèrent se coucher, il resta encore deux bonnes heures pour s'assurer qu'aucun d'eux ne se relevait pour une quelconque activité illicite, avant de quitter les lieux, tout aussi silencieusement qu'il était arrivé. Il regagna le Square Grimmaurd peu après 3 heures du matin où il sombra quasi instantanément dans le sommeil, épuisé par son interminable journée.

Plusieurs jours se déroulèrent ainsi. Chaque matin, il se rendait à son poste pour 9h30 et y restait en compagnie de Sergueï jusqu'à 21h30 où ils étaient relevés. Il transplanait alors directement à Loutry Ste Chaspoule où il infiltrait la maison des Weasley, écoutait leurs conversations et tâchait de trouver des informations sur l'Ordre du Phénix. Le lendemain de sa première nuit, il était même resté en planque jusqu'au lever du jour, sans davantage de résultat.

Le mercredi soir, cela faisait la quatrième fois qu'il se rendait sur place et il commençait à s'impatienter. La veille, il avait encore passé la nuit sous sa forme Animagus, et même roulé en boule, dormir dans la cave des Weasley n'avait rien de très confortable. Ce soir-là cependant, cela ne faisait que quelques minutes qu'il était là lorsqu'une dispute éclata :

- Je sais que nous avons déjà eu mille fois cette conversation, Ronald, mais est-ce que ça va durer encore longtemps ? Cette situation... Tu ne peux pas rester éternellement sans travailler.

C'était Molly Weasley qui avait pris la parole, et Ron leva la tête de son livre, sourcils froncés.

- Ça durera aussi longtemps que ça durera ! Il est hors de question que je trouve un travail qui ne servira qu'à financer ce gouvernement pourri jusqu'à la moëlle ! De toute façon, personne ne veut embaucher un traître à son sang et je préférerais crever que bosser au ministère.