Chapitre 9

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La première semaine fut la plus éprouvante pour Kara entre les obsèques de son père et la tristesse mêlée à la colère quant à la fusion de l'Aure avec Forgil.

La deuxième semaine, Kara recevait, sans aucune joie, les couturières afin de concevoir sa robe de mariée tout comme elle devait sélectionner les affaires qu'elle emporterait avec elle à Gielmic.

Malgré son emploi du temps chargé, Kara n'arrivait pas se défaire de la tristesse qui la rongeait, ne s'alimentant que très peu. Tout son entourage s'en inquiétait. Jules prit alors la décision de se séparer de sa fille afin que cette dernière accompagne la jeune reine vers son avenir incertain.

Kara, en apprenant cela, retrouva un semblant de sourire de savoir « sa sœur » avec elle lorsqu'elle se livrera à son ennemi. Car c'est ainsi qu'elle le ressentait tout comme elle appréhendait l'accueil qu'elle recevrait. Elle commanda un trousseau de robes pour Lyla et son appétit lui revint peu à peu. C'est à ce moment là qu'elle prit la décision de demander à Lyla d'être sa demoiselle d'honneur. L'escorte royale forgilienne arriva à la fin de cette deuxième semaine.

La troisième semaine, le conseil de l'Aure nomma Jules Cassiens, gardien du royaume, le temps de la passation de pouvoir de la reine à son époux.

Le deuxième jour de la quatrième semaine, tout était prêt. Le cortège royal de Forgil quitta l'Aure tôt dans la matinée accompagné d'un groupe de chevaliers auréen dirigé par Bertran. Kara réalisa douloureusement que la prochaine fois qu'elle foulerait ses terres, elle serait accompagnée de son époux.

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Kara regardait son pays, si cher à son cœur, elle le quittait pour la première fois, une pointe douloureuse à la poitrine.

Le cortège longea les Nabriguis, si imposantes, avant de s'éloigner vers les plaines. Les vastes étendues verdoyantes se dressaient devant eux, vierges de toutes habitations.

Kara observa les rapaces volant au dessus de leurs têtes, cherchant des proies faciles. Elle se reconnut à travers le petit rongeur qui venait de se faire capturer par un aigle royal.

Après deux heures de route, des maisons se dressaient enfin sur les collines. Le paysage à l'état sauvage terrorisait la jeune reine. La chaleur fleurie de son pays lui manquait déjà.

Depuis qu'elle avait quitté l'Aure, Kara réalisa les conséquences de la trahison de son ancêtre : les villageois avaient déserté leurs maisons, de peur d'être au centre d'une guerre entre Forgil et l'Aure. La nature avait repris le dessus sur les anciens villages, donnant l'impression de faire un bond en arrière dans le temps. Une de ses premières actions en tant que reine de Forgil, serait de redonner vie à ces terres désertées.

La civilisation forgilienne imposa enfin sa marque à travers les ponts en pierre enjambant les rivières. De ravissants villages se dessinaient au loin. Ils arrivèrent à Jerauran et en profitèrent pour faire une halte. De ravissantes chaumières réchauffaient le cœur triste des deux amies. Les enfants couraient partout dans la ruelle, manquant de se faire renverser par les chevaux. Des hommes revenaient de la chasse, tirant sur une charrette, cerfs et sangliers inanimés. Les villageois, curieux, regardaient passer ces carrosses aux armoiries royales des de Turmod et de l'Aure.

Ils arrivèrent enfin à la taverne pour la halte du midi. Une grosse fumée s'échappait de la cheminée avec une agréable odeur réveillant les papilles gustatives.

Ruppert, le chef de cette escorte, installa les deux jeunes femmes dans un endroit à l'abri des regards. Kara et Lyla prirent plaisir à ce repas avant de reprendre la route. Ruppert renseigna Kara sur le restant du trajet à effectuer.

Saga la Nabriguie. La sincérité d'un vœu.Where stories live. Discover now