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Nous faisons coucou à Miranda et Kelly, tous les 4, pendant qu'elles montent dans leur voiture.
Nous ne sommes pas à l'étroit sur le péron, loin de là même, mais j'ai l'impression d'étouffer. Le ciel est couverts de nuages gris presque noir et un vent froid s'est levé, pourtant j'étouffe vraiment.
Nous avons appris trop de nouvelles importantes et inattendues au cours de ce dîner pour que mes épaules ne soient pas lourdes et ma tête embuée.
Elles ont tout juste démarré que je tourne les talons et m'en vais à l'intérieur. Premièrement parce que la fraicheur est tombée avec la nuit et deuxièmement parce que j'ai passé trop de temps avec maman, Matt et sa pouffe pour pouvoir encore les supporter.
Dans la cuisine, je remplis la bouilloire et la met en marche, puis je choisis un sachet de thé à la framboise parmi les trop nombreuses saveurs que nous possédons.
Quand je met le petit sachet en tissus dans ma tasse, ils rentrent tous et finissent par me rejoindre dans la cuisine.

_ j'adore avoir une tonne de projets qui me maintiennent éveillés. Et ce sont de loin les plus beaux projets que j'ai eu.
_ ce n'est ni ton bébé, ni ton mariage, ni ton futur appartement, ni ta liste de naissance, ni rien du tout. Je chuchote.
_ qu'est ce que tu dis, Erza ?
_ rien.
_ tu as déjà passé tout le repas à bouder au lieu de te réjouir de tous les beaux événements qui vont se produire dans ta propre famille.

Je lève les yeux au ciel, sans qu'elle ne puisse le voir, et verse l'eau bouillante dans ma tasse pour que mon thé infuse.

_ je peux remettre le même costume que pour nos fiançailles ?
_ non ! Elles s'écrient en choeur.
_ bah.. pourquoi ?
_ parce que c'est comme ça. Il te faut un autre costume.
_ j'ai déjà une idée pour les robes de demoiselle d'honneur. Il faudra qu'elles aient toute la même robe et je vois bien quelque chose de rose pale, long et léger, avec de fines bretelles. Erza, qu'est ce que tu en penses ? Après tout, tu en porteras une.
_ est ce que papa sait tout cela ? J'interroge en me retournant, ma tasse à la main.

Maman tique. Matt, adossé au réfrigérateur, les bras croisés, attend visiblement lui aussi une réponse. La sorcière en cloque caresse son ventre encore plat avec ses deux mains, espérant peut-être que ça le fera grossir et qu'elle ai une nouvelle raison d'attirer l'attention sur elle.

_ nous parlons des robes de demoiselle d'honneur.
_ et moi, je demande simplement si papa est au courant qu'il va officiellement être grand-père, que sa chambre va devenir une pouponnière et que son fils se marie avant la fin du mois ?
_ il est à Seattle.
_ et ?
_ et tout vient de se décider. Qu'est ce que tu crois ? Que je vis avec mon téléphone collé à l'oreille au cas où monsieur daignera m'appeler ou me répondre ?
_ c'est chez ses parents que tu prévois un somptueux mariage. Son argent qui va servir à financer une réception et une panoplie complète de parfait petit bébé. C'est..
_ ferme la, Erza. Grogne Matt.
_ non, toi ferme la et va te chercher un appart. Ce n'est pas en te cachant derrière papa et maman que tu vas devenir un grand garçon.

Je passe entre ma mère et mon frère, veillant tout de même à ne pas les ébouillanter avec mon thé, et m'en vais à l'étage, dans ma chambre.
Je ne veux pas que maman pense que je suis du côté de papa, je veux seulement qu'elle réalise que je ne vais pas la soutenir dans tous ces projets fous. Je ne peux plus dire bidons car ils ne le sont plus, ils sont bien réels, mais je peux tout de même dire fou. Voire même complètement con.
Dans ma chambre, il n'y a que la lumière des lampadaires de la rue qui éclairent un petit peu. Il est 22h mais les nuages sont tellement épais et bas qu'il fait nuit noir comme s'il était 3h du matin. Et bien entendu, il pleut. Alors je m'emmitoufle sous mes draps, bien calée contre mes coussins, et attrape Virgin Suicide, que j'ai déjà lu mais qui était encore posé sur ma table de chevet.
Je ne tiens pas une page complète avant de lâcher mon livre et triturer mes doigts.
J'ai trop besoin de lui quand je me sens mal. Je n'y peux rien. C'est comme ça.
Machinalement, mes doigts cliquent sur son contact une fois mon téléphone déverrouillé et le colle à mon oreille. Au rythme des sonneries inlassables, je touille mon thé pour qu'il puisse refroidir et au moment où je me convainc qu'Isaac ne répondra pas, il le fait enfin.
Je soupire de soulagement.

Waves Où les histoires vivent. Découvrez maintenant