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Debout devant la porte d'entrée d'Isaac, je repasse mon pantalon fluide. Il est à petites fleurs blanches sur fond noir et il s'accorde parfaitement avant mon crop top blanc, simple. Je me recoiffe aussi un peu, en faisant voler mes cheveux par dessus mes épaules et remettant en place les petites mèches frivoles de mon front et mes tempes. Je redresse correctement la lanière de mon sac à main vert amande sur mon épaule et contre mes côtes. Puis enfin, je sonne.
Je ne sais pas pourquoi je me sens stressée mais je le suis. Je le suis vraiment sans raison apparente. Je connais Isaac par coeur, il n'y a rien de nouveau dans tout ça. Je ne comprends pas... peut-être que je ne suis pas stressée mais anxieuse. Anxieuse que ça recommence et que nous nous retrouvions encore dans le pétrin.
Isaac vient m'ouvrir la porte, appuyé sur un seul pied et adossé au mur de son entrée.

_ salut. Il sourit.
_ je croyais que tu devais resté allongé et te reposer ?
_ content de te voir aussi.

Je passe sous son bras, qui est tendu et tiens encore la porte, pour m'en aller dans le salon. J'ai le temps de déposer mon sac sur la table du séjour puis de contourner un fauteuil et m'asseoir sur le canapé avant qu'Isaac me rejoigne, non sans peine. Il boite plus qu'avant, effectivement, et grimace encore plus à chaque fois que sa jambe la plus blessée touche le sol. Il tente de garder son genou plié un maximum mais ce n'est pas une mince affaire. Il se jète presque sur le même canapé que moi, à l'autre bout de celui-ci.
Nous ne disons rien et restons dans le silence à regarder discrètement le match de soccer où je ne sais quelles équipes jouent, à la télé.

_ c'est cool que tu sois venu en avance pour qu'on regarde un bon match entre couilles.

Je lève les yeux au ciel.

_ je suis venue avant les autres. J'hausse les épaules. C'est ce que tu voulais, non ?
_ et tu as fait exprès de mettre ce pantalon-la ?
_ pardon ?
_ il te fait un cul incroyable. Peut-être pas autant que ton jean Levi's, avec la petite déchirure sur le bas de la cuisse. Mais ce pantalon-la te fais vraiment un cul magnifique. Tes fesses bougent juste comme il faut quand tu marches. Elles ne sont même pas écrasées, elles sont rebondies et bien rondes comme si t'étais juste en string. Ça me donne envie de les mor...
_ c'est bon, arrête, j'ai compris. On va parler de mon cul pendant longtemps ?
_ je l'adore moi, ton cul.
_ je sais, ouais.

Il me sourit, de façon lubrique et en coin mais je ne cède pas et ne sourit pas, moi. Bien que j'en ai envie.
Je m'éclaircis la voix.

_ donc tu pars à l'autre bout du monde pour vivre avec ton père que tu connais à peine et que tu détestes mais tu penses que je ne serais pas capable de comprendre ? Je demande de façon ironique.

Il souffle, la tête penchée vers l'arrière, un bras étendu sur l'accoudoir du canapé. Et moi, je le fixe, les bras croisés sur ma poitrine et une jambe pliée sur le canapé.
En vérité, je ne comprend franchement pas. Il nous répète depuis des années qu'il déteste son père, qu'il ne le reverra plus jamais mais qu'il ne s'en porte pas plus mal, qu'ils se sont débrouillés tout seul sans lui et que pour cela, il ne mérite pas de revoir son fils... et là, il s'en va le rejoindre en Europe, sur un coup de tête.

_ je ne te demande pas de comprendre, en fait.

Je ris jaune.

_ je ne te demande rien du tout. Ni ton avis, ni de comprendre, ni des conseils. Je pars en septembre à Londres et... voilà.
_ alors tu pars vraiment rejoindre ton père ?

Il tape sur ses cuisses avec ses mains et se redresse un peu.

_ tu veux boire un truc ? Avant que les autres arrivent et se jettent sur le Coca Zero et les cookies ?
_ tu ne pourrais même pas te lever et ramener deux verres, Isaac.
_ ouais, mais toi, si. Et je pourrais te matter comme ça.

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