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Il y a un brouhaha perpétuel dans l'aéroport et beaucoup trop de monde dans un si petit espace, à mon goût. Il y a des enfants qui crient de tous les côtés parce qu'ils sont fatigués de leur vol, des couples qui s'hurlent dessus parce qu'un d'eux était censé avoir mis un chargeur dans son bagage à main mais ne l'a finalement pas fait, des vieux en plein décalage horaire qui parlent fort sans même s'en rendre compte... et il y a nous 5, avec nos fichus bobs à la con, statiques devant le tapis à bagages, où les nôtres n'apparaissent pas encore. Certaines valises tournent, encore et encore depuis des dizaines de minutes mais personne ne les récupère. Il ne manquerait plus que ces putains de valises soient à des passagers qui attendent à Washington D.C et que nos valises à nous soient à San Francisco. J'ai un sac avec moi mais toutes mes affaires sont dans mon bagages en soutes. S'ils ne sont pas là, je brûle cet aéroport. J'ai mal à la tête, envie de vomir.. c'est certainement les effets de la gueule de bois.. mal aux jambes à cause du vol, une oreille bouchée, la bouche sèche et trop chaud. Je n'ai qu'une envie : dormir dans mon lit. Nous sommes à Boston mais j'ai l'impression que ma maison est à des milliers de kilomètres.
Tous les 5, côtes à côtes, nous attendons patiemment mais je sens que je ne vais pas être patiente encore longtemps.
Parce que des connards n'ont pas récupéré leur putain de valise, des douaniers la récupèrent et l'isolent.

_ elles sont où ces putains de valises de merde ? Jure Max. Il fallait que les 5 seules valises qui ne sont pas encore arrivées soient les nôtres.
_ il y a des dizaines d'autres gens qui attendent.
_ ouais et ben il fallait que ça tombe sur nous quand même.
_ je vais fumer une clope.
_ non !

Emmy s'écrit donc Isaac s'arrête net et se fige, les sourcils froncés, alors qu'il avait déjà la main dans sa poche pour en sortir son paquet de cigarette.

_ ne croit pas que nous tirerons ta valise avec les nôtres si tu te casses.
_ quelles valises ? On ne les récupéreras jamais. Bougonne Max, à quelques minutes de se foutre en l'air, apparemment.
_ pourquoi tu as décidé de me faire chier depuis hier ? Grogne Isaac.
_ parce que tu vas devoir payer le fait que tu as défoncé notre dernière soirée de vacances. Rétorque Emmy.
_ tournes la page, putain.
_ attends-toi à me voir en colère encore une bonne semaine.

Je ne suis pas certaine qu'Emmy devrait en vouloir comme cela à Isaac. Je ne suis personne pour dire ce que doivent ressentir les autres mais déclarer une haine d'une semaine pour une simple soirée foutue en l'air, ça me paraît gros. Pour ce qui est de ma rancoeur à moi, elle est bien différente. Je ne lui en veux pas d'avoir inventé un faux soucis pour tous nous faire sortir. Bien que cela était très petit si on prend en compte ce qu'il s'est passé avec Emmy lors de notre première soirée à Miami, j'ai juste trouvé ça pitoyable. Par contre, je reste profondément énervé et écœurée de tout ce qu'il m'a dit avant que nous partions dîner. J'ai rarement était si peinée dans ma vie, si je suis honnête. J'ai l'impression d'être tombée de 10 étages et de m'être écrasée par terre, tête la première. J'ai l'impression d'avoir pensé connaître quelqu'un et de m'être finalement rendu compte que j'étais face à un inconnu.
Mais maintenant, nous sommes de retour à Boston. Je vais retourner travailler, passer mon temps libre à dormir et lire, et tour ira mieux. Je me contenterai d'un minimum d'interaction avec Isaac pour que les autres ne remarquent rien et le tour sera joué.
Ces vacances auraient put si bien se passer..
Tom tressaille, à côté de moi.

_ c'est nos valises !

Tom accoure, pour récupérer sa valise, suivie de la mienne, de celle d'Emmy et ainsi de suite... Je suis presque étonnée, finalement, que toutes nos valises soient là et aucun d'entre nous n'ai à rentrer chez lui sans rien.
Avec tous nos bagages, nous tentons de nous repérer à nouveau dans l'aéroport, pour regagner la sortie et les parkings le plus vite possible. Nous sommes tous exténués, c'était des vacances géniales, mais tout sauf reposantes et surtout, nos lits nous appellent désespérément.
Il a bien entendu aussi fallu que Tom achète une énorme barre de Toblerone ainsi qu'un paquet de Snickers ridiculement gros. Max et Isaac ont acheté autant de cartouches de cigarettes qu'ils le pouvaient en duty free... Alors ils râlent tous, se sentant trop chargés. Sans blague.
Dans la voiture, aucun de nous 5 ne parle. Ce n'est pas la fatigue, finalement, mais le blues du chemin de retour des vacances. Ça le fait à tout le monde, c'est un sentiment universel. Cette nostalgie des bons moments qui viennent tout juste de prendre fin, ce retour à la réalité un peu trop brutal, ce dégoût de reprendre son train-train quotidien... Je suis contente de retrouver Hope et Ethan, n'en déplaise à ce débile d'Isaac, et heureuse de retrouver mon lit et ma chambre. Mais revoir mes parents, mon frère, cette salope de Khloé, devoir à nouveau travailler pour ce con de Marc, la rentrée à la fac qui approche... Je crois que même avec toutes les merdes qui nous sont tombés sur le coin du nez à Miami, j'aurai préféré y rester, en fait.
Chacun est déposé chez lui dans l'ordre décroissant de notre départ si bien que je me retrouve seule avec Max et Isaac sur le chemin de chez moi. Quand nous rentrons dans ma rue, j'ai une fichu boule dans le ventre qui apparaît et j'ai presque les larmes aux yeux. Max se gare devant ma maison mais c'est bien sur Isaac qui descend pour m'aider à récupérer ma valise.
Dans le silence, il la sort du coffre, le referme et la transporte jusqu'à ma porte d'entrée pour que je n'ai pas à la traîner le long des quelques marches.

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