Chapitre 14

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Je respirais beaucoup mieux et reprenais mes esprits. Le silence s'installa. C'était comme si nous avions honte ou peur de se regarder dans les yeux.

Je remarquai une boîte de mouchoir près de moi, sans demander la permission, je m'en servis de bon cœur. Enzo n'y prêta aucune attention.

En m'apercevant qu'il n'avait pas envie d'entamer la conversation, je m'y collai :

- Et...hum...Ce qu'a fait Stella tout à l'heure...

Enzo tourna enfin la tête dans ma direction mais en fixant le sol.

- Elle a toujours adoré les mygales, drôle de passion, non ?

- J'adore bien passer tout mon temps toute seule, alors les passions étranges, je connais !

Je voyais parfaitement que quelque chose perturbait Enzo, c'est peut-être pour cela que j'essayais l'humour pour détendre l'atmosphère. Mais manifestement sans résultat.

Comme à mon habitude, je finis par perdre patience.

- Bon, qu'est-ce que t'as ?!

Il leva les yeux au ciel ; le garçon que je connaissais il y a une heure semblait avoir totalement changé de personnalité.

- Hum...rien ! je réfléchissais simplement à quelques petits trucs.

Mais bien sûr !

Il fallait évidemment qu'un évènement interrompe notre conversation. Une alarme assourdissante retentis dans la pièce.

Les yeux d'Enzo se sont écarquillés, il a fait un bond de sa chaise pour sortir de la pièce en à peine 4 secondes.

J'étais toute seule, me demandant ce que je devais faire et une unique idée me vint à l'esprit : le suivre.

Je ne connaissais pas cet endroit, ni la magie qu'ils utilisaient en permanence.

En repassant par le couloir, quelque chose avait changé, comme un air glacial qui parcourait chaque recoin. Me méfiant de tout et imaginant des éventualités improbables, j'avançais.

Alors que rien ne m'y obligeais, je voulais savoir.

Que cela me concerne ou non, j'étais entrée ici, ce qu'il s'y passe m'intrigue terriblement.

Après un énième tournant, j'aperçus enfin la lumière de l'immense salle scintiller au bout de ce couloir gelé.

Un silence de mort régnait, tout le monde était regroupé autour de quelque chose.

Je réussi à me faufiler entre les gens, immobiles, sous le choc.

Un corps.

Retourné. Allongé. Figé. Pétrifié.

Un groupe de personnes arriva, je reconnu parmi eux Enzo et Carla, leur visages graves me fit me mordre les lèvres d'inquiétude.

On arriva avec du matériel pour emmener _le défint_.

Le corps beignait dans une immense flaque de liquide noir, très probablement le même que celui qu'il y avait sur la plaque d'égout.

Une odeur forte s'était répandue dans la pièce, peut-être de l'essence mais c'était tout de même vraiment inhabituel.

Remarque, faire sortir des centaines d'araignées de ses propres mains, n'est pas ce qu'il y a de plus commun non plus !

Quand l'individu inconnu fut emmené, tout le monde s'autorisa à prononcer quelques mots du bout des lèvres, presque inaudible. Je ne pu donc suivre aucune conversation, ni apprendre quoi que se soit sur le contexte de la situation.

J'attendis qu'Enzo fut enfin accessible d'accès pour me diriger à grand pas dans sa direction.

- Qui était-ce ? Et que s'est-il passé ? demandais-je à toute vitesse, je ne sais même pas s'il a compris intégralement ma question.

Enzo se racla la gorge.

- Un des nôtres, Maxime. Il a été attaqué par les Amateurs pendant qu'il partait en reconnaissance.

Le temps pour moi de réaliser ce qu'il venait de me faire part, Enzo releva une bonne fois pour toute ses yeux vers moi. Je fis mine de ne pas y faire attention – même si ce n'était pas du tout le cas – continua :

- Il est...

- Non, me coupa-t-il brusquement, on l'emmène en réanimation.

Je voulu d'abord répondre ''ok, ça va, calme-toi'' mais je compris que ça n'aggravera plus la situation qu'autre chose.

- Il a l'air de beaucoup compter pour toi. Dis-je d'une voix posée.

Enzo prit le temps de respirer lentement avant de m'expliquer.

- C'est...mon frère.

Ses lèvres tremblaient, ses yeux roulait tout autour de nous et sa voix était enrouée.

Je pris une longue inspiration en comprenant que le sujet était manifestement sensible. Je relevai ma tête vers lui et capta son regard.

- Ecoute, je suis sûre qu'il va bien et qu...

- Qu'est-ce que t'en sais ? il m'avait coupé si calmement que j'en fus surprise.

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