Chapitre 15

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Après un périple très difficiles aux yeux d'Izuku pour grimper sur ce navire via une échelle, il se retenait maintenant de ne pas vomir des cerises après avoir posé un pied sur le plancher. Il avait l'impression que rien n'était stable. Pourtant, il voyait le capitaine bouger avec une aisance naturelle qu'il enviait secrètement. Il se tint à la rembarde tout en prenant de grandes inspirations, cela promettait d'être très désagréable.

Shouto lui tendit la main, pour l'accompagner jusqu'à sa cabine mais le paysan la refusa et s'y dirigea avec difficulté. Il maudissait sa fierté. Une fois installé sur une chaise, il pensait que cela serait mieux, en vain. Tout le mobilier semblait prendre un malin plaisir à danser devant ses yeux.

"- Je suis impressionné de voir que tu n'ais rien vomi sur le trajet." Ce ton moqueur lui donna la migraine et il lui arracha des mains l'enveloppe qu'il lui tendait. Il l'entendit s'installer sur une autre chaise pendant qu'il commençait sa lecture dans un silence reposant. Et cela lui faisait du bien, car il avait un mal fou à se concentrer sur les quelques lignes. La lettre était si bien écrite, tout l'amour d'une mère inquiète des périples que son fils avait vécu mais tellement rassurée qu'il soit tombé entre les mains d'une bonne personne. Mille remerciements étaient inscrits et des prières pour lui et sa mère. Izuku souffla doucement, touché par les mots délicats. Il osa un regard sur le capitaine et ce dernier n'exprimait rien. Etonnant de sa part.

"- Votre mère est une bonne personne, j'ai même du mal à croire que c'est la vôtre." Cela ne fit pas réagir Shouto qui continuait à le fixer intensément. "Je... Je suis content de savoir que j'ai rassuré une mère inquiète." Il rougissait en voyant le sourire du pirate et en détourna le regard. Il n'était pas question de se laisser attendrir maintenant.

"- Personne ne résiste aux mots d'une mère aimante et aimée. Et je m'avancerai en disant que la tienne arriverait à nous tirer les larmes des yeux sans efforts." Izuku s'autorisa un sourire.

"- Elle vous aime déjà, tous. Et c'est ce qui m'inquiète..."

"- Tu penses qu'elle souffrira encore plus lorsque nous repartirons ?"

"- Bien sûr..."

"- Nous ne faisons rien de mal pourtant, j'ai même l'impression qu'on lui apporte un nouveau souffle dans sa vie quotidienne. Non loin de douter que vivre avec toi est désagréable, mais..."

"- C'est justement ça le problème." Il lui fit face, les larmes aux yeux et le capitaine garda le silence. "A quoi bon revenir ? Pour passer quelques jours agréables ? Pour voir des personnes qu'on apprécie ? A quoi bon vivre tout ça si c'set pour recevoir en pleine face la réalité le lendemain de votre départ ? Et puis après, il faudra qu'elle se remémore ces bons souvenirs pour les pleurer en suivant parce qu'ils ne se répéteront plus jamais ?" Il pleurait, ses larmes coulaient sans s'interrompre et il ne cherchait même pas à les en empêcher. Ses mains se crispèrent sur la lettre, à la limite de la déchirer. "Pourquoi vivre ces moments si c'est pour les regretter le jour d'après ?"

"- Je ne pense pas que cela soit du regret que vous éprouverez, mais de la nostalgie." Les émeraudes du paysan s'ouvrirent en grand. "On ne regrette pas un souvenir. On décide de le maintenir précieusement dans notre mémoire ou de l'oublier, quel qu'en soit la raison." Il laissa un silence s'installer avant de reprendre. "C'est comme dire que tu regrettes la disparition de ton père, alors que je suis persuadé que tu gardes de très beaux souvenirs à son sujet."

Malgré le fait qu'il puisse énoncer son père décédé sans aucune pudeur, Izuku se rendait compte que le capitaine avait raison. Il regarda de nouveau la lettre, cette mère qui attendait son fils après chacun de ses voyages avait un courage énorme. Sa mère en aura-t-elle autant ? Elle qui s'inquiétait pour la moindre petite chose à son sujet, comment vivrait-elle en s'inquiétant d'une bande de pirates qui risquaient de mourir d'un jour à l'autre ? Et même, comment le sauront-ils le jour où cela arrivera ?

Capitaine...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant