Dans un arrondissement fortuné de Paris, une association universitaire, dans cette association, une salle dédiée à la danse et, dans cette même salle, deux adolescents sur la fin. L'un est un homme grand, caucasien, au sourire éteint et assurément parisien. L'autre est une femme mince, antillaise, à l'air absent et devant venir en train.
Le premier s'appelle Eugène, il vit comme on lui a demandé et y est résigné. Il étudie parce que c'est la bonne chose à faire à son âge ; il danse parce qu'arrêter après autant d'années serait dommage ; il rentre chez ses parents le soir parce que c'est ce qu'il faut pour être sage.
La deuxième s'appelle Aimée et elle n'a pas le temps de penser à tout ça.
Tous les deux sont venus dans cette salle à ce moment précis portés par un espoir insensé de se rencontrer. Si absurde et immense qu'ils n'en ont parlé à personne, sous peine d'être pris pour des fous. Ils n'ont jamais parlé à l'autre, du moins pas dans cette réalité, et ne savent même pas s'il existe pour de bon. Ils veulent y croire de toute leur force, de toute leur âme, jusqu'à se refuser à envisager qu'ils sont dans l'erreur.
Et pour une raison que la raison ignore, le monde a accordé crédit à leur fable d'enfant. Il les a fait se rencontrer, comme il leur a fait penser à l'unisson :
-C'est comme je l'avais écrit...
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NouvellesAimée a toujours tenu un journal intime pas comme les autres : au lieu d'écrire sa propre vie, elle écrit celle d'un danseur de ballet nommé Eugène. Depuis ses 9 ans, c'est là son échappatoire et c'est là qu'elle se sent libre. Elle ignore cependant...
