Brebis égarée

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La grande porte s'ouvre sur un salon aux lumières tamisées. Les lourds rideaux rouges de velours viennent réchauffer la pièce aux plafonds moulurés presque invisibles de par leur hauteur. Les murs sont recouverts de dorures et quelques tableaux sensuels viennent agrémenter l'ambiance cosy. Au fond de la pièce, des fauteuils club sont regroupés formant un demi-cercle. Dans chacun d'eux des hommes en costumes élégants ont arrêté leurs conversations d'homme d'affaires pour poser les yeux sur moi. Sous la pression de ces prédateurs, mes yeux fixent le sol. Mon accompagnatrice s'efface en refermant la porte derrière elle. Me voilà seule, telle une brebis au milieu des loups. Un frisson me parcourt lorsqu'une voix grave et assurée me demande de me rapprocher du centre de la pièce. Je m'exécute sans pouvoir détacher mon regard du sol. Je distingue alors quelques chuchotements trop discrets pour en distinguer le contenu. Je me demande alors si chacun d'eux sait qui je suis. Quelqu'un leur a-t-il fourni communiqué les informations que j'ai pris soin de noter dans le questionnaire lors de mon inscription. Une sueur froide me parcourt lorsque l'idée de devoir me présenter me passe par la tête. Timide et introvertie, cet exercice ne fait pas du tout partie de mes compétences. Même si j'assume mes désirs, en parler devant un groupe d'inconnus me serait impossible. Tout a coup j'entends des pas se rapprocher de moi mais j'arrive toujours pas à lever les yeux...et je me dit que toute bonne soumise ne doit pas regarder son maître dans les yeux. Visiblement ce n'est pas du goût de cet homme qui se plante devant moi. Sa main se rapproche de mon visage pour le saisir délicatement me forçant à relever la tête afin de plonger ses yeux dans les miens. Mon stress est tel que je sursaute légèrement au contact de sa main sous mon menton. Son regard me déstabilise. Un mélange de désir et d'amusement font briller ses pupilles. "Laissez-nous apprécier votre doux visage mademoiselle". Il relâcha délicatement son étreinte, laissant son doigt effleurer ma peau au passage. Lorsqu'il frôla les chaînettes, le froid réveilla mes tétons de plus belle. Il pris le temps de m'observer en détail, me contournant lentement, puis retourna s'asseoir. Mon visage ne tarde pas à rougir face à tous ces regards braqués sur moi, certains observant mon corps, d'autres essayant de capter mon regard. Je prend alors le temps d'observer plus précisément chacun de ces hommes tous plus impressionnant les uns que les autres. Le groupe est très hétéroclite, le plus jeune doit avoir à peine plus d'une vingtaine d'années, tandis que l'homme qui s'est approché de moi a largement dépassé l'âge de la retraite. Tous ont une certaine classe. Certains ne cachent pas leur contentement. D'autres au contraire restent très mystérieux. Certains semblent échanger leurs avis pendant que d'autres gardent le silence. De longues minutes s'écoulent avant que le doyen ne reprenne la parole, accélérant mon rythme cardiaque au passage. " Bien, messieurs, vous connaissez le processus; Mais exceptionnellement pour cette grande timide les entretiens se dérouleront en privé, pour ceux qui sont intéressés bien sûr. Pour les autres, le bar est ouvert. Je vous laisse 1h pour apprendre à découvrir mademoiselle. Après quoi elle sera libre de faire son choix, ou partir". Mon stress m'empêche de soutenir leurs regards plus longtemps, et mes yeux retournent au sol. Je ne m'attendais pas à devoir rencontrer chacun d'eux en privé. Certains me font peur. Et qui dit privé dit loin de toute protection, si l'un d'eux a envie de me tester physiquement, qui pourra l'en empêcher? Je suis en sueur et mon cœur me crie de fuir. Mais mon corps n'obéit pas, restant figé. A croire qu'il est de mèche avec ma curiosité. L'homme qui semble être le maître des lieux revient vers moi. "Si vous le voulez bien, je vous propose de vous installer dans le petit salon à côté. Chacun des hommes intéressés pourra alors vous rendre une petite visite afin de vous poser quelques questions." Je relève alors les yeux, et il comprend très vite mon angoisse. "Ne soyez pas inquiète pour votre sécurité. Ils ont interdiction de vous toucher et chacun de ces membres sait se tenir. De plus, Amanda, qui vous a accompagnée jusqu'ici a les yeux braqués sur les écrans de surveillance et je serais prévenu dès le moindre débordement. Puis-je? Il me tend alors le bras afin de m'accompagner dans le dit salon. Son côté protecteur me rassure et je me laisse guider vers la suite de ce rendez-vous particulier.

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